Pierre Claver Manganga Moussavou, ancien Vice-Président du Gabon a accordé lors de son récent passage à Paris un entretien à Mondafrique dans lequel une série de sujets ont été abordés notamment : l’élection présidentielle à venir, Ali Bongo, Jean Ping, Omar Bongo, la torture au Gabon…
Par Jocksy Andrew Ondo-Louemba
Candidat déclaré à la prochaine élection présidentielle au Gabon qui devrait se tenir en Août prochain selon les délais constitutionnels, Pierre Claver Manganga Moussavou, 71 ans, économiste, ancien haut fonctionnaire international, ancien vice-président du Gabon de 2017 à 2019 (mais aussi ancien ministre, député et maire de Mouila) a accordé une interview à Mondafrique. Dans cet entretien à bâtons rompus, Pierre Claver Maganga Moussavou a partagé sa vision pour le Gabon qui peut être résumée dans son concept de « provincialisation » (une politique de déconcentration et de décentralisation) mais aussi donné son avis sur certains événements, certains sujets qui concernent son pays mais aussi sur certains acteurs politiques notamment Ali Bongo et Jean Ping.
L’AVC d’Ali Bongo
Pierre Claver Maganga Moussavou est revenu sur l’accident vasculaire cérébral d’Ali Bongo qui a eu lieu en octobre 2018 en Arabie Saoudite. Il raconte qu’il a été pris à partie par Noureddine Bongo lorsqu’il a été question de l’endroit où Ali Bongo allait passer sa convalescence lui appuyant le Maroc le fils d’Ali Bongo voulant que son père passe sa convalescence à Londres. Pierre Claver Maganga Moussavou a assumé avoir dit qu’Ali Bongo avait bel et bien été victime d’un AVC alors que jusque-là il était question d’une « fatigue sévère » selon la communication officielle.
« Le Vice-président de la République aurait dû prêter serment »
Toujours sur cette période, Pierre Claver Maganga Moussavou a évoqué la « gestion de l’intérim par la présidente de la cour Constitutionnelle du Gabon Marie Madeleine Mborantsuo. « Elle n’est pas allée jusqu’au bout de ce qu’elle aurait dû faire c’est-à-dire fixer la période d’indisponibilité temporaire au-delà de laquelle cela devrait déboucher sur l’indisponibilité totale, c’est-à-dire sur la vacance de pouvoir ». Évoquant la panique de la Présidente de la Cour Constitutionnelle du Gabon, l’ancien vice-président du Gabon poursuit : « Si elle avait eu toute la maîtrise du dossier, elle aurait fixé les dates, les limites, que se soit un mois, deux mois, trois mois voire six mois pourquoi pas un an. Le Vice-président de la République aurait dû prêter serment ».
Le coup d’Etat du 17 janvier 2019
A propos de la tentative du coup d’Etat du 17 janvier 2019 menée par le Lieutenant Kelly Ondo Obiang et ses compagnons dont deux membres – le gendarme Simon Pierre Ekong et le garde républicain Etienne Nzé Cerkige – ont été tués, Pierre Claver Maganga Moussavou a déploré une aventure de jeunes soldats perdus. « L’ordre n’a pas été perturbé, on m’a déconseillé d’aller à la Vice-Présidence, de sortir (…) je ne vois pas pourquoi je serais resté chez moi alors que le coup d’Etat se déroule sur un plateau de télévision alors que tout le monde vaquait à ses occupations (…) personnellement je n’étais pas dans le trouble ».
L’affaire du Kevazingo
Revenant sur « l’affaire du Kevazingo » qui lui a valu d’être débarqué de la Vice-Présidence du Gabon. Il a expliqué qu’il n’a jamais été mêlé à une vente de bois précieux de type « Kevazingo » mais qu’il a été victime d’un complot dans lequel ont pris part Brice Laccruche Alihanga ancien directeur de Cabinet d’Ali Bongo (aujourd’hui incarcéré) et un certain Lee White, ministre gabonais des eaux et forêts qu’il présente comme étant « au cœur du complot » : « Je suis surpris de voir encore Lee white au gouvernement parce qu’il a joué un mauvais rôle ».
La visite en Israël
Reçu par Benjamin Netanyahu en Israël le 27 décembre 2018, Pierre Claver Maganga Moussavou est revenu sur cette visite dans l’État hébreu : « A un moment, on a présenté à Ali Bongo ma visite en Israël comme étant une décision que j’avais prise personnellement ». Il s’est dit porteur d’un message de l’actuel premier Ministre israélien qu’il n’a jamais pu transmettre à Ali Bongo…
« Le peuple derrière Jean Ping »
A propos de Jean Ping, Pierre Claver Maganga Moussavou a déploré que l’ancien président de la Commission de l’Union Africaine qui se réclame toujours vainqueur de l’élection présidentielle de 2016 ait boycotté les élections législatives. « J’ai déclaré que Jean Ping avait gagné les élections (…) il aurait dû en homme politique avisé, sachant que tout le peuple gabonais était derrière lui pour contester la victoire d’Ali Bongo, il aurait dû se dire qu’il va prendre sa revanche aux élections législatives ».
« La torture doit être bannie »
A propos de la répression constante ayant fait des morts et des disparus notamment dans les répressions post électorales depuis 30 ans, Pierre Claver Maganga Moussavou s’est prononcé sur l’existence d’une commission devant faire la lumière sur ces faits perpétrés « contre des gabonais qui n’aspiraient qu’à plus de démocratie ».
« Il n’y pas de raison qu’on puisse continuer avec des pratiques éculées, la torture doit être bannie (…) brutaliser des gabonais parce qu’ils ont exprimé leur opinion doit être banni » a-t-il poursuivi.