L’opposition nigérienne a récemment annoncé qu’elle n’irait pas aux élections prévues dans un an si le régime continue sa politique de « concassage »
« Les leaders de l’ARDR ont rencontré la délégation de l’Union européenne, le PNUD [Programme des Nations Unies pour le développementNDLR], l’ambassade des Etats-Unis, l’ambassade d’Allemagne et, moins formellement, l’ambassade de France, pour leur dire les menaces très graves de troubles sociaux qui pèseraient sur le pays si le Président Mahamadou Issoufou continue à vouloir manipuler les élections », a déclaré un responsable de l’ARDR.
« Le concassage » des partis politiques
Le groupe d’opposition l’ARDR déplore la manipulation du gouvernement d’Issoufou. Le gouvernement actuel interviendrait au sein des partis politiques – ce que l’opposition appelle désormais systématiquement « concassage » des partis politiques – en suscitant des dissidences à leur tête et, du coup, une confusion juridique totale. Le gouvernement tenterait également de remplacer tous les représentants de l’opposition par des dissidents à la solde du régime au sein des différentes structures chargées de superviser les élections : le Conseil national du fichier électoral biométrique, le Conseil national de dialogue politique (CNDP), la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Une lettre de protestation a d’ailleurs été officiellement adressée au Premier ministre Brigi Raffini en ce sens.
En effet, les partis concernés par ces débordements sont le Mouvement National pour la Société du Développement (MNSD-Nassara) et la Convention démocratique et sociale (CDS-Rahama), où l’ancien secrétaire général Albadé Abouba, nommé ministre d’Etat sans portefeuille auprès du Président de la République, a prétendu, à l’issue d’un congrès convoqué le même jour que le congrès ordinaire du parti, le 30 novembre dernier, être le nouveau président de l’ancien parti Etat. A cette annonce, le ministre de l’Intérieur, Hassoumi Massaoudou, a réagi en remplacant les représentants du MNSD par ceux d’Albadé, actuellement poursuivi pour son ralliement au régime et une décision est attendue le 15 avril.
Pour le parti CDS, c’est l’ancien ministre de l’Agriculture d’Issoufou, Abdou Labo, rattrapé il y a quelques mois par l’affaire des bébés importés, qui a pris le contrôle du parti zindérois de Mahamane Ousmane, membre de l’ARDR.
Par ailleurs, pour le parti Lumana-Fa, le départ de l’alliance au pouvoir de Hama Amadou, en fuite à Paris suite à des poursuites dans le cadre du dossier « des bébés importés », n’a pas entraîné sa dissolution complète mais. Plusieurs de ses dissidents ont néanmoins été exclus.
Des préparatifs sous haute tension
Depuis quelques jours, l’Etat est en train d’installer les structures décentralisées qui seront chargées d’organiser le recensement en vue de la révision des listes électorales. « Nous craignons une volonté de triturer le collège électoral », a déclaré la même source.
Si la création d’un fichier biométrique semble désormais exclue, faute d’accord de financement de l’Union européenne, la liste électorale devra cependant être révisée. L’ARDR tente, par ces pressions explicites, de convaincre les autorités de la 7e République de revenir à un fonctionnement normal des institutions chargées de la supervision du vote.
Ces dernières semaines marquent un net durcissement du ton politique. Le premier round de l’actuelle bataille a sonné en janvier dernier, avec la parution d’un livre blanc sur les institutions de la République, dont le premier chapitre était consacré à la Cour Constitutionnelle. Dans cet ouvrage, qui a fait grand bruit au Niger, l’ARDR dénonçait très crument la partialité supposée de la présidente de la Cour, Mme Abdoulaye Diori. L’Alliance évoquait notamment la proximité, voire la connivence, de cette dernière avec le Président de la République, et les avantages dont jouiraient certains membres de sa famille. Elle concluait que « l’actuelle Cour Constitutionnelle est disqualifiée pour assurer avec objectivité, impartialité et sincérité ses missions de juge constitutionnel et électoral. »
Depuis le départ de Hama Amadou de la mouvance présidentielle il y a un an et demi, la défiance politique semble aller croissant. Les démarches de l’opposition mettent les bailleurs de fonds dans l’embarras, alors que Mahamadou Issoufou passe pour un chouchou de l’Occident, sur le plan de la démocratie comme sur les questions sécuritaires.
Risque de débordement
Les dernières élections, en 2011, ont été organisées au lendemain d’un coup d’Etat qui avait renversé, le 18 février 2010, le régime du président Mahamadou Tandja après la dissolution de la Cour Constitutionnelle et de l’Assemblée nationale, dans sa tentative de s’arroger un nouveau mandat. La démocratie nigérienne reste très fragile et beaucoup craignent des débordements à l’occasion des prochains scrutins, élections locales en fin d’année 2015 et législatives et présidentielles début 2016.
Les partis concernés sont le Mouvement National pour la Société du Développement (MNSD-Nassara) et la Convention démocratique et sociale (CDS-Rahama). L’ancien secrétaire général du MNSD Albadé Abouba, nommé ministre d’Etat sans portefeuille auprès du Président de la République, prétend être le nouveau président de l’ancien parti Etat, à l’issue d’un congrès convoqué le même jour que le congrès ordinaire du parti, le 30 novembre dernier. Le ministre de l’Intérieur, Hassoumi Massaoudou, a dit par la suite avoir pris acte de ce congrès et, du coup, remplacé les représentants du MNSD par ceux d’Albadé.
A la CDS, c’est l’ancien ministre de l’Agriculture d’Issoufou, Abdou Labo, rattrapé il a quelques mois par l’affaire des bébés importés, qui a pris le contrôle du parti zindérois de Mahamane Ousmane, membre de l’ARDR. A Lumana, le départ de l’alliance au pouvoir de Hama Amadou, en fuite à Paris suite à des poursuites dans le cadre du dossier des bébés importés, n’a pas entraîné l’explosion du parti. Ses dissidents ont été exclus. Actuellement, une poursuite du MNSD contre Albadé, les autres membres du bureau politique ayant rallié le régime et le congrès contesté est pendante devant la justice. Une décision est attendue le 15 avril.