La mise à l’écart par le roi du Maroc du chef du gouvernement islamiste Abdelilah Benkirane met fin à un long suspense. Depuis le 10 octobre 2016, date de la reconduction du premier ministre à son poste après sa large victoire lors des élections législatives, celui-ci n’arrive pas à former une majorité et un gouvernement.
« Front de blocage »
Depuis cinq mois, le blocage est total. Aziz Akhannouch, multimilliardaire proche de Mohammed VI, mène ce que la presse marocaine appelle « un front de blocage ». Il impose au chef du gouvernement plusieurs conditions dont l’éviction du parti de l’Istiqlal du prochain gouvernement. Mais, la goutte qui fait déborder le vase est sans conteste l’élection du très minoritaire socialiste Lahbib El Malki à la tête du perchoir. Un signal fort de la part du Palais sur sa volonté de faire rentrer le parti socialiste USFP au gouvernement. Ce que le patron des islamistes a fermement refusé et qui n’a fait que détériorer les rapports de Benkirane avec le roi.
D’ailleurs, juste après le retour du monarque d’un long périple africain, le chef du gouvernement a souhaité être reçu au Palais pour l’informer de son échec à former un gouvernement. Désir exaucé à moitié puisqu’un jour après avoir émis ce souhait, quatre conseillers du roi avec à leur tête Fouad Ali El Himma se sont entretenus mercredi 15 mars pour l’informer de la fin de sa mission. Tard dans la soirée, un communiqué officiel du cabinet royal ferme définitivement la parenthèse Benkirane. Le premier chef du gouvernement de l’histoire du royaume chérifien à avoir mené une campagne électorale et à remporter deux fois de suite les élections est mis sur la touche avec la consolation que son successeur sera désigné au sein de sa propre formation ; un aveu sur rôle désormais incontournable du PJD. Une demi-défaite avec des allures de demi-victoire. Le suspense continue…