Robert Bourgi a payé les costumes

« Le Monde », en citant des sources judiciaires, a confirmé que l’homme d’affaires qui avait réglé les costumes à 6000 euros de François Fillon, était bien Robert Bourgi, le flamboyant intermédiaire de la Françafrique sous Jacques Chirac et Dominique de Villepin, puis sous Nicolas Sarkozy.

Bourgi, porteur de valises assumé

Depuis 2012-2013, cet infatigable homme de réseaux était devenu discrètement le conseiller Afrique de François Fillon. Pur hasard, c’est à partir de cette date que le candidat LR aux présidentielles se fait offrir en liquide des costumes par un mystérieux ami. Or le généreux Bourgi est connu pour ne pas être fâché avec les règlements en espèces. Il s’était vanté en 2011 dans un entretien avec Laurent Valdigué dans le même JDD, d’avoir porté des valises de billets d’Afrique pour le compte de Jacques Chirac.

A l’époque, Robert Bourgi avait confié à « Mondafrique » comment il tentait de réconcilier Fillon et Sarkozy, tous deux alors candidats aux primaires, en les invitant dans les bons restaurants du XVI eme arrondissement où ce bon vivant aime convier, à ses frais, ses nombreux amis africains, ses amis journalistes et ses réseaux politiques.

Petits cadeaux entre amis ?

C’est Robert Bourgi toujours qui a organisé, en novembre 2013, le voyage du candidat Fillon au Sénégal, puis en Cote d’ivoire. Les excellents rapports que Robert Bourgi entretient avec le chef de l’Etat sénégalais, Macky Sall, n’ont pas pu nuire à la préparation de l’escapade africaine de Fillon. Son influence auprès du candidat semble réelle. On a en effet entendu François Filllon contester, le 2 septembre 2016, les conditions de régularité de l’élection d’Ali Bongo comme président du Gabon. Or cette ligne relativement surprenante de la part de l’ex Premier ministre de Nicolas Sarkozy, est exactement celle de Robert Bourgi. Après avoir été fort proche de « Papa Bongo », le père de l’actuel président, l’ami Robert s’est éloigné progressivement du fils.

Dans l’entourage de Robert Bourgi, on réfute totalement l’idée qu’il soit l’auteur de « ce cadeau » à François Fillon. « Le candidat des Républicains est son ami, affirment ses proches, mais c’est tout… »

Les mémoires de Robert Bourgi n’épargneront pas Alain Juppé

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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)