Le président mauritanien Mohamed Cheikh El Ghazouani a signé vendredi 15 juillet, un décret accordant la grâce présidentielle à huit prisonniers jihadistes dont un de nationalité syrienne, condamnés dans des affaires liées au terrorisme.
Un article de Moussa Ould Samba Sy
Le communiqué publié en cette circonstance par la présidence mauritanienne souligne que les concernés « ont déclaré leur repentir, revu leurs idées et abandonné l’adoption d’idées extrémistes et violentes, et cela a été documenté par un comité d’oulémas érudits ».
« Cette porte restera ouverte à quiconque abandonne sincèrement les idées de violence et d’extrémisme », a conclu le communiqué de la présidence qui rappelle que cette grâce s’inscrit dans le cadre de l’approche jusqu’ici adopté par les autorités mauritaniennes dans le cadre de leur lutte contre le terrorisme et l’extrémisme, qui repose sur plusieurs axes dont celui d’un dialogue permanent avec les jihadistes afin de leur proposer une alternative à la violence par l’insertion dans la vie active.
Des liens équilibrés avec Paris
Cette politique de la main tendue vers les djihadistes repentis est aujourd’hui adoptée par plusieurs pays africains, dont notamment le Niger, malgré les réserves de la France. Cette stratégie fine permet de diviser le camp extrémiste, tenté par la violence, d’en réintégrer certains, avec doigté dans la communauté internationale, et de permettre de fissurer le front terroriste en douceur. L’incompréhension de Paris face à un tel positionnement explique en partie les échecs au Sahel de la France négociant avec les groupes djihadistes pour la libération des otages mais incapable de dessiner les contours d’une recomposition politique.
Ce que fait aujourd’hui la Mauritanie, sous la houlette de son président anciennement chef d’état major de qui est aujourd’hui, dans la crise que connait le Sahel, le bon élève de la résistance au terrorisme et d’une alliance équilibrée avec la France. Ce pays de quatre millions d’habitants n’apas connu d’attentats terroristes depuis une quinzaine d’années.
L’actuel président mauritanien a en revanche mis fin au pacte secret et en partie financier qui avait marqué la Présidence de son prédécesseur Mohamed Abdel Aziz sans aucun complexe pour négocier la paix civile avec des groupes terroristes (voir l’article ci dessous).
Des précédents depuis 2009
C’est à la fin 2009 sous le rêgne du prédécesseur du président Ghazouani, que les autorités mauritaniennes ont décidé d’entreprendre une démarche politique visant à prendre en compte les causes de la radicalisation religieuse en ouvrant un dialogue idéologique avec 70 détenus jihadistes.
Après deux semaines de discussions conduites par des dignitaires religieux, 47 de ces détenus s’étaient engagés à déposer les armes et à renoncer aux idées extrémistes. Après avoir bénéficié d’une grâce présidentielle ou d’allègements de peine, ils ont tous eu accès à des subventions pour faciliter leur réinsertion économique et sociale.
Au moins trois d’entre eux ont malgré tout repris les armes : deux sont morts lors d’opérations militaires et le troisième, Cheikh Brahim Ould Hamoud, a été arrêté en 2019 ay Mali, puis libéré en octobre 2020, lors de l’échange pour la libération des otages Sophie Petronin et l’ancien Premier ministre malien aujourd’hui décédé, Soumaïla Cissé.
Le pacte de l’ex président Aziz avec le diable djihadiste
Curieusement aucune 1ère dame d’origine russe ? ça ne saurait tarder !