L’ex président Mohamed Ould Abdel Aziz qui vient d’être placé en prison par la justice mauritanienne, oppose une fin de non recevoir aux accusations qui sont portées contre lui et tente, y compris dur France 24 peu avant son incarcération, une pathétique campagne médiatique.
Face aux enquêtes qui ont recensé les multiples malversations de l’ex président Aziz, ce dernier refuse de répondre aux questions ou de signer les procès verbaux. Ses avocats n’ont de cesse de revendiquer l’immunité des actes commis en tant que président et de dénoncer « l’intrusion manifeste du pouvoir exécutif dans l’action judiciaire ».
Cette dernière attaque est particulièrement mal venue. C’est en effet une commission parlementaire, constituée de beaucoup d’anciens obligés d’Aziz, qui a mené l’enquête sur les frasques commises par le clan Aziz durant les dix années au pouvoir. Le gouvernement n’était pas à l’origine de ces mises en cause.
La défense de l’ex chef d’état tourne à la débandade. Un de ses avocats mauritaniens, Takioullah Eida, vient d’ailleurs d’annoncer qu’il quittait le collectif de défense de l’ex Chef de l’Etat parce que « ses droits constitutionnels sont outrageusement violés ». Ce qui ne fait pas avancer le dossier sur le fond !
Une soixantaine d’avocats
En face, le gouvernement s’est attaché les service d’un collectif d’une soixantaine d’avocats dirigé par le bâtonnier de l’ordre, pour défendre l’État mauritanien en vue de récupérer les biens publics détournés ou spoliés durant la décennie au pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz entre 2008 et 2019.
Dans son bras de fer avec les autorités mauritaniennes, l’ancien président a contre-attaqué par une campagne médiatique multiforme pour laquelle des moyens importants ont été mis en œuvre. Du temps de sa splendeur, Mohamed Ould Abdel Aziz contraignait les medias locaux à reprendre la version officielle. Hélas, ce temps là est révolu. À l’étranger, les relais qu’il possédait à Alger ou à Paris sont étrangement silencieux.
L’ex chef d’état tente d’entrainer d’autres que lui dans sa chute annoncée. Sur les réseaux sociaux, la famille du président actuel ainsi que sa tribu, n’ont pas été épargnés par cette campagne féroce qui ne s’encombre pas des précautions déontologiques les plus élémentaires. Pour ce faire des « facebookeurs » très suivis en Mauritanie ont été mis à contribution pour publier des vidéos. Le but est d’éclabousser le maximum monde pour retourner le rapport de force.
Attention aux balles perdues
Dernier acte en date dans cette stratégie, la divulgation de conversations privées entre des acteurs politiques ou des opérateurs économiques. Obtenues grâce à des éléments infiltrés dans la police, ces audio ont pour but de jeter le discrédit sur le travail de la Commission d’enquête parlementaire mais aussi de servir d’avertissement pour dire : « Attention nous pouvons encore sévir ».
Mais face aux centaines de véhicules et aux innombrables comptes bancaires saisis, la fuite en avant de l’ancien président risque de ne pas faire long feu.