Une semaine après la tragédie de Seytenga au Burkina Faso où plus de 100 personnes ont été tuées par un groupe armé, c’est au tour du Mali d’être durement frappé. Au cours du week-end des 18 et 19 juin, selon les autorités maliennes, 132 civils ont été exécutés par la Katiba Macina dans plusieurs villages situés en pays dogon dans le cercle de Bankass.
Ce massacre est le plus important qu’ait connu le Mali après celui d’Ogossagou en 2019. Il est étonnant que ce groupe armé, dirigé par Amadou Kouffa, affilié au JNIM d’Iyad Ghali ait agi ainsi. D’ordinaire, il essaye de gagner les cœurs des populations et évite de s’en prendre aux civils. Pour Ousmane Diallo, chercheur à Amnesty International : « Ce carnage vise à dissuader les populations de collaborer avec l’Etat malien. » Il s’agit donc de représailles contre les habitants de ces villages qui aurait servi de guide à l’armée malienne lors de ses opérations militaires dans la zone.
Il faut se rappeler qu’au cours des années 2020 et 2021, il y a eu dans ce cercle de nombreux accords locaux entre la population et la Katiba Macina. Les premiers s’engageant à ne pas collaborer avec l’Etat, les seconds à laisser les villageois vaquer à leurs occupations s’en être inquiétés. Ces exécutions apparaissent donc comme une punition collective pour avoir rompu lesdits accords. Dès lors se pose une question cruciale pour le gouvernement malien : comment utiliser ses compatriotes dans la lutte contre le terrorisme en leur garantissant leur sécurité, dès lors que l’armée malienne n’est pas présente pour les protéger ?
Vers la guerre ethnique
Après cette nouvelle tragédie, Bamako a décrété un deuil national de trois jours. Si les hommages sont nécessaires, ils ne suffisent pas à rassurer des populations qui s’endorment chaque soir en se demandant si elles seront encore vivantes au lever du soleil.
Malgré la montée en puissance des forces armées maliennes, la situation sécuritaire s’aggrave et les civils sont les premiers touchés. Selon le Gatia, un groupe armé signataire des accords d’Alger, au cours des trois derniers mois, plus de 1000 civils ont été tués dans la zone des Trois frontières et 90 000 personnes ont fui cette zone.
Plus alarmant encore dans cette dernière tragédie, les agresseurs de la Katiba Macima sont peuls pour la plupart et les victimes appartiennent aux ethnies dogon ou barbara, qui entretiennent de bonnes relations avec l’armée malienne (qui compte en tout et pour tout un seul général peul). Assiste-t-on à une ethnicisation du conflit qui opposait traditionnellement une majortié de maliens aux groupes armés djihadistes? Ce scénario, hélas, n’est plus à exclure