Alors que la menace terroriste continue de déstabiliser l’Etat malien, le banditisme et la délinquance gagnent du terrain jusque dans la capitale Bamako
Le nouveau far west. C’est le mot seul qui vient à l’esprit quand il s’agit de parler du Mali où l’on n’est pas loin d’assister à un passage par Hobbes, c’est-à-dire un état de nature où la loi du plus fort est la règle. A Bamako, dans les centres urbains et banlieues, les gens se font agresser dans leurs concessions, ou bien braquer, tuer pour leur moto. Cela fait presqu’une année que la presse tire la sonnette d’alarme sur le phénomène de l’insécurité qui, jusqu’ici, avait le visage des djihadistes au Nord, principalement. Mais depuis bientôt six mois, les bandits sont entrés dans la danse pour faire comprendre que le spectre de l’insécurité plane dans le ciel malien.
Ainsi, le mardi 25 août, à Bamako, en plein jour, des bandits armés ont attaqué un bureau du service de transfert d’argent Western Union, le gardien de l’agence a été grièvement blessé. Auparavant, il y eut cet épisode du mardi 12 août où, dans un quartier de Bamako, encore une fois, des terroristes ont attaqué le poste de police de la gare routière, créant la panique dans tout le quartier et ses environs.
Insécurité crescendo
Mais commençons par faire quelques constats. Le premier est que tout cela démontre qu’en dépit du contexte extrêmement tendu, aucune mesure n’a été prise pour prévenir des attentats terroristes et pour lutter contre le banditisme. Comme si le Mali n’était pas une nation enlisée jusqu’au menton dans le terrorisme. Comme si le Mali n’avait pas besoin urgemment d’équiper ses services de renseignements, les recadrer pour faire face à un ennemi intérieur qui s’enracine davantage. Comme s’il lui suffit d’attendre des puissances étrangères qu’elles lui fournissent des renseignements sur ses ennemis. Ensuite, on comprend sans mal que c’est la capacité de l’Etat malien à mettre en œuvre une politique de sécurisation des biens et des personnes qui est malmenée. Et enfin, cela démontre aussi que l’ennemi le plus dangereux, le terrorisme, reste invaincu malgré l’intervention française de 2013 qui a, au moins, eu le mérite d’empêcher le Mali de passer sous le contrôle des barbares d’Ansar Eddine, d’AQMI et du MUJAO. Autrement dit, deux ans après l’Opération Serval, l’opposition armée des djihadistes est toujours là.
Le Mali est donc un pays qui est à l’orange. Un sentiment d’inquiétude qui va crescendo, l’étalage insolent de l’insécurité et du terrorisme, armée toujours faible. Sauf que, heureusement, il y a, dans l’opposition, des voix qui demandent la mise à l’étude d’un plan global pour endiguer l’insécurité mais qui semblent être écoutées par des oreilles presque absente de ceux qui détiennent les leviers du pouvoir. Et le drame, c’est qu’aucune partie du pays n’est épargnée. Malgré tout cela, le ministre de l’intérieur, le Général Sada Samaké, reste en poste alors qu’il a battu le record des interpellations à l’Assemblée nationale à propos des questions dont l’insécurité. La vie continue, « tout va mal dans le pire des Mali possibles ».