Le patron de l’armée algérienne, Said Chengriha, confirme sa prééminence au sein de l’État

Traditionnellement en Algérie, le chef de l’État bénéficie également du titre de ministre de la Défense, une façon d’affirmer l’unicité du pouvoir algérien civil et militaire. Nommé « ministre délégué de la Défense » voici quelques semaines, le patron de l’armée algérienne, Saïd Chengriha, consolide pourtant sa position au sein du couple qu’il forme à la tète de l’État avec le Président de la République. Le 18 décembre dernier, le journal officiel publie des décrets par lesquels de nombreuses prérogatives qui étaient celles d’Abdelmadjid Tebboune sont désormais partagés avec son ministre délégué » et chef d’état-major, le général Chengriha. 
 
 
  

En deux décrets et en moins d’un mois, l’équilibre des pouvoirs en Algérie a été bouleversé. Le 18 novembre, un premier décret porte sur la nomination des membres du gouvernement attribuant les fonctions de « ministre délégué à la Défense » au général Chengriha. Le 18 décembre, un deuxième décret  fixe le renforcement « des attributions du nouveau ministre délégué auprès du ministère de la défense ».
 
Dans son second article, ce décret fixe le rôle d’assistance du ministre de la défense en la personne du président Tebboun, où il exerce par « délégation et sous le contrôle de l’autorité avec l’obligation de rendre des comptes des résultats de ses activités ». IL a, en outre, « la délégation de signature pour l’ensemble des actes et des décisions, y compris les arrêtés » précise d’article 2.
 
Dans son article 3, le texte précise les contours des compétences du chef d’état-makor. « Il centralise et traite l’ensemble des correspondances adressées au MDN ayant pour objet les questions organiques et administratives et fait connaitre sous son timbre, les suites qui leur sont réservées par le ministre de la défense. ». La concentration des pouvoir touche plusieurs secteurs du ministère, en plus de l’opérationnel. « Il centralise et traite, pour le compte du ministre de la défense nationale, les questions économiques, financières et budgétaires et coordonne les travaux de préparation du plan de développement et du budget du ministère de la défense nationale dont il est ordonnateur principal (1).

 
 

Le role clé du général Chengriha 

 
Depuis sa nomination à la tête de l’Etat major de l’ANP, le 23 décembre 2019 après la disparition subite de son prédécesseur, le Général Gaid Salah, le généal Chengriha n’a cessé de consolider son pouvoir. Nommé six mois à titre intérimaire, il est finalement confirmé dans ses fonctions par décret présidentiel signé par le président Tebboune.

Si le premier mandat du président Tebboun lui a permis d’éliminer ses adversaires issus du clan fidèle à Gaid Salah, le second mandat confirme sa prééminence au sein de la cohabitation qu’il a institué au sommet de l’État avec le président Tebboune.
 
Le patron de l’armée s’est employé au départ à remodeler l’institution militaire et à éliminet les chefs des services de sécurité les généraux « Ouasini Bouazza à la DGSI (contre espionnage) , Mohamed Benazouz, alias « Nabil », à la DCSA (renseignement militaire), et le Colonel Mohamed REMILI à la DGDSE (services extérieurs) début 2020. Il place ses amis aux postes clés au sein des services et des régions militaires et tente de rallier à sa cause des fidèle su général Toufik, ex chef tout puissant des services secrets.
 
(1) Voici les attributions du général Chengriha listées par les derniers décrets du 8 décembre
— assure, pour le compte du ministre de la défense nationale, la présidence de la commission sectorielle des marchés ;
— assure, pour le compte du ministre de la défense nationale, la présidence du conseil national de la sécurité des systèmes d’information ;
— assure la réglementation et la gestion des réserves ministérielles ;
— conduit la définition des axes de la politique de recherche scientifique et technique en matière de technologie, d’industrie militaire et d’armement, l’anime et veille à sa mise en œuvre, après approbation du ministre de la défense nationale ;
— conduit et coordonne, pour ce qui concerne le ministère de la défense nationale, le suivi des accords, traités et conventions internationaux multilatéraux sur les armes nucléaires, biologiques, chimiques, armements conventionnels, mines, sur le spatial, les télécommunications, les systèmes d’aéronefs sans pilote à bord, les équipements sensibles et les études les intéressant, et pourvoit à la représentation du ministère dans ce cadre ;
— conduit la définition des axes de la politique de coopération militaire et de relations extérieures, l’anime et veille à sa mise en œuvre, après approbation du ministre de la défense nationale ;
— élabore et met en œuvre, sur orientation du ministre de la défense nationale, la politique générale des ressources humaines, conduit l’élaboration de la politique de gestion et d’avancement des personnels, centralise et traite les propositions de plans de mutation et de mouvement des personnels officiers et cadres assimilés ;
— centralise et traite les propositions de désignation aux fonctions et emplois supérieurs, formulées par l’ensemble des organes et structures du ministère de la défense nationale et les soumet à l’approbation du ministre de la défense nationale ; — officialise, après approbation du ministre de la défense nationale, les plans de recrutement, d’incorporation et de formation.