Le Mali en miettes, à l’agonie, en dépit des milliards européens qui n’arrivent que rarement dans les bonnes poches, a trouvé son salut : le Maroc va, dans un premier temps, former 500 de ses imams à l’enseignement Malikite, « en vue de promouvoir un islam de tolérance au Mali ».
Le malikisme est une des quatre madhhab, écoles classiques du droit musulman sunnite. Il est fondé sur l’enseignement de l’imam Mālik ibn Anas (711 – 795), théologien et législateur qui vécut à Médine. Cette école est majoritaire en Afrique du Nord et de l’Ouest. Suivie par environ 20 % des musulmans, c’est la troisième école en nombre de pratiquants. Outre le Coran le malikisme utilise également les pratiques des premiers habitants musulmans de Médine (Amal ahl al-medina) comme source de la jurisprudence (fiqh). Ce projet, d’externaliser l’enseignement de certains imams, avait été annoncé le 19 septembre par le roi chérifien alors en visite à Bamako. En trois mois, un accord signé entre Bamako et Rabat, a permis au ministre des Cultes malien de lancer un appel afin de sélectionner les candidats. Un demi millier de religieux est déjà à l’étude au Maroc et d’autres vont suivre.
Pour les sélectionneurs maliens le choix n’est pas facile. Ils doivent piocher les imams à perfectionner dans le lot de ceux qui se réclament d’une approche « Tidianiya » c’est-à-dire du soufisme. En aucun cas il s’agit d’envoyer au royaume marocain des « fous de Dieu » partisans du jihad. Le tri entre les « bons » et « mauvais » prêcheurs n’est donc pas aisé. Sur ce critère les wahhabites sont donc exclus de cet enseignement Malakite et ils enragent. Une colère qui peut provoquer des éclats de rire, certains de ces religieux qui prennent leurs ordres et doctrine à Ryad ou Doha n’hésitent pas à protester contre l’initiative marocaine reçue comme une « atteinte à la laïcité ». La « laïcité étant en l’occurrence le wahhabisme. Dans certaines mosquées on dit clairement que Bamako devrait refuser la proposition du roi du Maroc faite « pour diviser » la communauté malienne. Ceux-ci veulent bien accepter les fonds de Mohamed VI mais pour s’instruire à leur convenance. Et ils ajoutent que si un pays étranger propose, lui aussi, des formations religieuses, l’état va-t-il les interdire ? Allusions limpides aux propositions du Qatar ou de l’Arabie Saoudite qui ne risquent pas d’être entravées puisqu’aucune autorisation n’est soumise au gouvernement de Bamako… La réalité, douloureuse, est que les wahhabites ont peur de voir leurs ouailles quitter leurs mosquées pour en rejoindre d’autres, prêchant certes la tolérance, mais surtout plus généreuses dans leurs dons envers des fidèles le plus souvent d’une extrême pauvreté et qui ne vivent que de la Zakat, la charité islamique.