Alors que John Kerry doit se rendre le 5 mai à Djibouti, base aérienne de l’armée américaine en Afrique, le régime en place s’est lancé dans une offensive féroce contre les opposants
S’il est une lutte dont le monde entier se moque c’est bien celle conduite depuis trente ans par le Front pour la Restauration et l’Unité et la Démocratie, le « FRUD » qui entend balayer le pouvoir en place à Djibouti pour lui substituer une démocratie. Pourtant ce « Front » bouge et continue de se battre après qu’en 1991 il se soit fait voler sa victoire militaire par l’armée française. Les troupes du FRUD avaient alors conquis les deux tiers du pays quand la France, jouant le rôle « d’arbitre » a sauvé les restes du pouvoir en place. Pouvoir qui continue depuis à s’accrocher aux branches avec l’aide de la France et de la « Communauté internationale », qui voient d’un mauvais œil la volonté d’un mouvement politique -indépendant de l’Occident- capable de gouverner sans tenir compte des ordres de Paris et Washington. Bien pire, en cette période d’instabilité encore plus grande où la guerre conduite par la « Coalition Arabe » contre le Yémen fait de Djibouti un point encore plus stratégique.
« La chasse aux nomades »
De temps en temps les militants exilés de la Ligue des Droits humains djiboutienne lance un message d’alerte, c’est encore le cas aujourd’hui. Les enquêtes conduites dans le Nord du pays démontrent que l’armée de Djibouti se livre à une véritable « chasse aux populations nomades », les militaires les accusant de soutenir le FRUD…. Dans le passé on a constaté que les soldats empoisonnaient des puits afin de contraindre ces malheureux bergers à fuir en Ethiopie voisine. Des élections présidentielles étant prévues pour 2016 à Djibouti, le « ménage » a déjà commencé pour écarter les opposants historiques.
Le 19 avril à 6 heures du matin l’armée, depuis les camps d’Obock, Waddi, Oborro, Gal Ela et Tadjourah, a lancé une offensive contre le FRUD réfugié dans les Mablas. Des tirs au canon ont été suivis par des bombardements d’hélicoptères à Maskae, Mele, Sismo et Suuno Amo. Dans la foulée, outre les hommes, dont de nombreux civils, les militaires s’en sont pris au bétail et des blindés ont été lancés dans les monts des Mablas.
Si le gouvernement à poigne de fer de Djibouti se lance ainsi dans la chasse à l’ethnie Afar, accusée de soutien au FRUD, c’est aussi en raison de la proche visite, le 5 mai, de John Kerry. C’est la première fois qu’un tel notable US met le pied à Djibouti qui est, à la fois, le porte avion de la France et des Etats-Unis qui ont ici leur seule base permanente en Afrique. Comme un bon propriétaire, le gouvernement fait le ménage, avant la visite du locataire. Tant pis si l’ordre apparent se fait au prix de l’injustice et de la mort.