Constant Nemale : « Le continent africain est pillé par tous les développeurs »

Lors de la journée nationale des diasporas africaines (JNDA) qui s’est tenue à Bordeaux le 24 et 25 avril dernier, le président et fondateur de la chaîne internationale Africa 24 a interpellé la salle de la mairie pour plaider en faveur d’une Afrique maitresse de ses richesses.

21049« Voyez dans cette salle, argue-t-il, 12 acteurs représentant l’innovation numérique en Afrique et 0 rencontre ». Et ce vide relationnel porte un coup fatal à l’édifice : aucune coopération, aucune réunion entre ces personnalités qui peuvent « tout changer » selon lui. En effet, plusieurs d’entre eux détiennent des projets novateurs tels que le « CardioPad » d’Arthur Zang, 1ère tablette tactile capable d’identifier les rythmes cardiaques à distance et qui est déjà en fonction dans deux hôpitaux au Cameroun. Ou encore, notons Mme « Wafat » de Kodjo Afate Gnikou, 1ère imprimante 3D africaine fabriquée à base de déchets électroniques recyclés.

« Venez chercher le si peu de financements qu’il y a en Afrique »

Constant Nemale brise la glace, en fin de première partie de la JNDA, en accusant Orange, Google, Facebook de venir grignoter les richesses du continent sans une moindre contrepartie. Prenez Orange Money (banque de transfert internationale en ligne) : 7 milliards de dollars en Afrique, et une miette de pain pour l’innovation régionale. Et encore, soupire M. Nemale, ce sont les plus généreux… Pis, rajoute-t-il, les banques africaines se nourrissent de l’argent qui vient d’Europe. Argent, qui, placé en Afrique, rapporte bien plus.

Alors il demande aux différences forces en présence de refuser toute prise étrangère sur leurs projets. Prônant le financement africain avant tout, il affirme que « l’innovation est devenue un esclavagisme moderne et qu’il est temps désormais de la transformer en richesse économique […] car nous sommes possesseurs de matières premières et nous devons donc être à la hauteur de mannes créatrices ». Il incite alors chacun à laisser aux placards ses costumes pour acheter ces fameux CardioPad. Pour lui, fini le lyrisme, il faut trouver des moyens concrets de s’unir.

Et si le complexe sportif des Jeux Africains 2015 à Brazzaville devenait un lieu d’innovation ?

S’interrogeant sur l’après 21 septembre, date officielle de la fin des jeux, C. Nemale a constaté qu’aucun projet n’était en prévision. Cet immense espace doit servir : il propose que des innovateurs puissent s’y installer et profiter enfin de nouveaux locaux pour se structurer et créer une richesse économique. Déjà en recherche d’action sur le terrain, il a rencontré les responsables sur place pour leur faire partager cette idée. Et si ce dessein devient réalisable, il sera sans doute la marque d’une évolution vers un « made in africa » numérique, aujourd’hui plus connue sous le nom d’ « africa tech ».