A la montée inédite de la menace terroriste illustrée par plus de 100 morts en une semaine (15-22 mars) dans la zone dite des trois frontières, s’ajoute désormais une crise post-électorale au Niger dont nul ne peut prévoir l’issue.
Le miracle tant espéré par Mahamane Ousmane challenger de Mohamed Bazoum lors du second tour de la présidentielle organisé le 21 février dernier au Niger ne s’est finalement pas produit. La cour constitutionnelle a confirmé avec 55,66 des voix contre 44,34% dimanche la victoire déjà accordée à Bazoum lors de la proclamation des résultats globaux provisoires de la présidentielle par la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
La décision de la Cour qui a tenu le pays en haleine pendant plusieurs jours n’a pas fait droit aux revendications du candidat Mahamane Ousmane soutenu par l’opposition pour obtenir l’annulation des résultats de plusieurs bureaux de la région de Tahoua. Dans ce fief du président sortant Mahamadou Issoufou, qui a choisi Bazoum comme dauphin envers et contre tout, le taux de participation de certains bureaux dépasse les 100% alors que le candidat du pouvoir y a obtenu en moyenne 80% des suffrages exprimés. Statuant en dernier ressort, la Cour constitutionnelle a clos le processus électoral seulement sur le terrain de la légalité. L’opposition nigérienne qui considère que la victoire de son candidat a été « volée » n’entend pas s’en tenir à la décision de la Cour.
Confrontation à hauts risques
Nul doute que le troisième tour de la présidentielle nigérienne se jouera dans la rue. Après avoir reportée une manifestation prévue samedi dernier pour se conformer à une décision de juste, la coalition de l’opposition entend engager l’épreuve de force avec le pouvoir pour non seulement contester la victoire de Bazoum mais exiger aussi la libération de plusieurs de ses dirigeants parmi lesquels l’ancien Premier ministre Hama Amadou et l’ancien patron de l’armée nigérienne Moumouni Boureima dit Tchanga. L’ancien Premier ministre est détenu à la prison civile de Filingué (environ 150 kilomètres au nord-ouest de Niamey) alors que l’ancien chef d’état-major des armées sous le président Mamadou Tandja (2000-2010) a été incarcéré à la prison de Tera, sur la frontière nigéro-burkinabé. Une forte détermination à refuser « le hold-up » électoral traverse les rangs de l’opposition qui compte mobiliser ses partisans dans à Niamey et dans les grandes villes du pays où son candidat a nettement devancé celui du pouvoir.
En réponse à cette mobilisation, le pouvoir sortant semble déterminé à étouffer la contestation de la victoire de son candidat et à tout mettre en œuvre pour assurer son investiture le 2 avril prochain à Niamey. Police nationale, garde nationale, gendarmerie nationale : l’ensemble des forces de sécurité intérieure sont mobilisées pour maintenir l’ordre public et traquer les opposants. L’appareil judiciaire est également mis à contribution dans cette répression tous azimuts. Plusieurs usagers des réseaux sociaux ont été interpellés par la police judiciaire pour un post ou un propos jugé excessif.
Le bras de fer entre le pouvoir et l’opposition intervient dans un contexte de poussée inédite de la menace terroriste particulièrement dans le nord-ouest du pays frontalier du Burkina Faso et du Mali, dite région des trois frontières. Près de 65 personnes ont été tuées par les groupes terroristes armés. Au moins 58 habitants des villages de la région de Tillabéri, sur la frontière avec le Mali, ont été massacrés le lundi 15 mars par des terroristes venus en voitures et à motos. Moins d’une semaine après, près de 65 Nigériens ont été tués dans la nuit de dimanche à lundi dans la même zone par des groupes terroristes. Ensemble, la crise post-électorale et la menace terroriste font peser de graves incertitudes sur la stabilité et la paix au Niger.
Mahamadou Issoufou rate sa sortie
Après avoir choisi de ne pas s’engager dans la voie du troisième, le président nigérien, qui s’est vu décerné le prix Mo Ibrahim, pensait quitter le pouvoir par la grande porte et se poser en icône de la démocratie et de la bonne gouvernance en Afrique. Cet agenda est visiblement contrarié par l’organisation de la présidentielle la plus controversée de l’expérience démocratique nigérienne. Une bonne partie de l’opinion publique nigérienne tient le président sortant pour seul responsable de la crise post-électorale. Selon de nombreux Nigériens, Issoufou a imposé Bazoum comme dauphin, contre l’avis de nombreux cadres de son parti (le parti nigérien pour la démocratie et le socialisme) qui estimaient qu’il n’avait pas l’assise électorale nécessaire. Ils soutiennent que le président sortant savait bien que son dauphin désigné aurait du mal à remporter un scrutin présidentiel libre, transparent et démocratique. Prisonnier de sa propre logique, le président Issoufou n’a eu aucun autre choix que de vouloir imposer désormais aux Nigériens son dauphin comme successeur. Un pari risqué pour lui-même, le pays et son dauphin.
L’armée en position d’arbitre ultime
L’arbitrage de la Cour constitutionnelle ayant échoué à vider définitivement le contentieux électoral, la rue et l’armée pourraient devenir les deux derniers recours de ce bras de fer entre l’opposition et le pouvoir. En choisissant le recours systématique à la répression, le pouvoir de Niamey prend le risque d’une longue crise socio-politique sur fond d’aggravation de la situation économique du pays par la crise sanitaire qui a entraîné la baisse des recettes d’exportation et la chute de l’aide extérieure. Nul ne peut aujourd’hui parier que les militaires nigériens resteront l’armée au pied si la crise venait à s’aggraver et si elle devait menacer la cohésion sociale et l’unité nationale. Dans un pays où l’armée a déjà dénoué des imbroglios politiques (1974, 1996, 1999, 2010), l’hypothèse d’un coup de sifflet des militaires pour mettre tout le monde d’accord n’est pas une simple vue de l’esprit.
Si le compte à rebours des jours qui nous séparent du 2 avril date d’investiture du nouveau président a déjà commencé, personne ne peut désormais prévoir de quoi demain sera fait au Niger, pays à la croisée des chemins.
Il faudrait que le pouvoir nigérien cesse de faire appel à des boites de réputation sur le net aussi médiocres que vulgaires
C’est l’article le plus nul, subjectif et cynique. Rien d’étonnant de la part d’un sous-traitant à distance.
Tu finira par te calmer, le peuple Nigerien est faire de passer à la consolidation de la démocratie. N’en déplaise aux nostalgiques du génocide Rwandais. Ici c’est le Niger, le sahel n’est pas grand lac.
Vous voyez on progresse à tout age
I think , its time to take control , justice must be done for citizens , to handover victory to the one choosing by the nation, and to stop bads leaders those bringing comflicts in the country, and let be you, together we are one and never give up till¿¿¿thank you no retrait no surrender stay strong.
Merci Monsieur Beau. C’est l’article le plus objectif que j’aie lu de vous depuis que je connais ce site. C’est seulement le titre (dans lequel, contre toute évidence, vous ne nuancez pas la « victoire » de Bazoum) qui ne cadre pas tout a fait avec ce qui suit. Bazoum n’a pas gagné ces élections et il est impossible, au Niger, que Bazoum gagne des élections honnêtes et transparentes. Bazoum lui-même n’a jamais perdu cela de vue et il l’a dit a plusieurs reprises que le fait de se présenter aux élections n’était pas son choix a lui mais celui d’Issoufou. L’intention d’Issoufou, en présentant Bazoum est c;aire pour tout le monde: il s’agit de se choisir un dauphin dont la position sera instable et qui ne pourra ensuite gouverner qu’en se faisant épauler du même Issoufou. Issoufou voulait un dauphin sans assise sociale et électorale, dont l’illégitimité est avérée pour en faire un pantin, quelqu’un qui n’aura pas les coudées franches et qui ne pourra pas se retourner contre lui.