« L’Express » vient de révéler le placement en garde à vue du Corse Michel Tomi mercredi 18 juin pour « blanchiment aggravé » . Notre confrère Xavier Monnier raconte l’itinéraire de ce « bandit » corse, proche de Pasqua mais aussi du président malien Ibrahim Boubacar Keïta.
Fin mars a été dévoilée une enquête des juges d’instruction français sur une icône du continent. Ou presque. Michel Tomi. Président et fondateur du groupe Kabi, spécialisé dans les jeux, l’hotêllerie et le BTP, le richissime entrepreneur est soupçonné de blanchir en France une partie de l’argent récolté à travers la gestion, notamment, des PMU qu’il a disséminé en Afrique Centrale. Grandi à l’ombre des réseaux Pasqua, intime de Richard Casanova, feu le leader de la Brise de Mer et protecteur de sa veuve, Sandra, l’homme s’est vu dessiner une légende de Parrain des Parrains corse.
Croupiers d’Afrique
Proche de bien des présidents africains, du Cameroun au Mali en passant par les deux Congo, Tomi sait faire preuve de générosité avec ses amis. Trop? La justice examine les cadeaux adressés aux chefs d’Etat, à leurs familles, l’utilisation de ses compagnies d’aviation gabonaises. Surtout, les services de polices s’agacent depuis longtemps de recevoir des nouvelles de voyous en cavale, qui émanent souvent des terrains de jeu africains de Tomi. Même Manuel Valls l’a désigné à mots couverts dans un entretien accordé en mai 2013 à L’Express. «Je n’exclus pas l’existence de donneurs d’ordre supervisant ces systèmes criminels, soit depuis le continent, soit depuis l’étranger, en Amérique latine ou encore en Afrique.» L’alors ministre de l’Intérieur, qui suivait au plus près les investigations lancées contre Tomi par la direction du renseignement de la préfecture de police de Paris. La débacle électorale socialiste lors des municipales l’a poussé Premier ministre. Elle a réinstallé Jean Tomi, frère de Michel, à la tête du petit village de Tasso en Corse. Et Michel a lui été condamné par la cour d’appel de Monaco à 500 000 d’amende et 18 mois de prison dans l’affaire du casino d’Annemasse (1). Pour blanchiment. Une séquence houleuse qui en annonce d’autres tant l’enquête judiciaire promet de menues révélations. Et porte en elle une question. Pourquoi la France, malgré la connaissance au moins par Manuel Valls des liens unissant le candidat à la présidence malienne Ibrahim Boubacar Keïta à Michel Tomi, l’a-t-elle soutenu lors du scrution qui l’a consacré à l’été 2013? «Tomi fait aussi dans la diplomatie» s’amuse l’un de ceux qui l’ont bien connu.
Article paru initialement dans Bakchich.info