Huit syndicalistes- dont deux femmes – de la Société d’Energie et d’Eau du Gabon (SEEG) ont passés trois jours dans les locaux de la Direction Générale des Contres Ingérences et de la Sécurité Militaire (DGCISM – Placée sous l’autorité directe de Brice Oligui Nguema ) à Libreville où ils ont été humiliés et maltraités.
Tout est parti d’un mouvement d’humeur des agents de la Société d’Energie et d’Eau du Gabon (SEEG) le 8 décembre 2023 né du refus de la direction de cette entreprise stratégique de verser à ses agents leur 13eme mois tel que prévu pourtant dans leurs contrats de travail. Les syndicalistes menacent de déposer un préavis de grève et demandent au nouvel homme fort du Gabon le Général Brice Oligui Nguema d’intervenir.
« Vous allez me les chercher maison par maison »
Le nouvel homme fort du Gabon en meeting à Ndendé dans le sud du Gabon répond : « J’ai ici les services de renseignement, je vais sortir les fiches sur chacun d’eux, ce syndicat se croit plus fort que l’Etat. Je veux les fiches de là où ils habitent et ils comprendront. Vous allez me les chercher maison par maison (…) ce n’est pas 2500 agents qui vont nous emmerder ! » (sic)
Les syndicalistes répondent à Brice Oligui Nguema le dimanche 10 décembre 2023 par la voix de leur porte-parole: « c’est nous les responsables syndicaux qui avons dilapidés l’argent de la SEEG ? (…) Qu’en est-il des directeurs généraux, des directeurs généraux adjoints qui se sont succédé de 2018 à maintenant et qui ont causé la situation difficile dans laquelle nous sommes ? Pourquoi n’allez-vous pas d’abord les chercher avant de nous chercher nous ? Donc c’est nous qui allons subir la mal gouvernance ? (…) Est-ce cela la restauration des institutions ?». Avant d’ajouter « Nos vies sont en danger ».
« Crime de lèse Oligui Nguema »
Le lendemain, 8 syndicalistes de la SEEG (dont deux femmes) sont convoqués à la Direction Générale des Contres Ingérences et de la Sécurité Militaire (DCSIM- communément appelé B2 et placé sous l’autorité directe de la Présidence de la République Gabonaise) pour « affaire les concernant ». Sur place, on leur reproche d’avoir « outragé le Président », le Général Brice Oligui Nguema, dans leur réaction au discours tenu par le nouveau maitre du Gabon. Certaines questions des agents de renseignements laissaient même entrevoir une volonté de déstabilisation du nouveau régime…
Brutalisés et humiliés
Les 8 syndicalistes qui ont été « libérés » le 14 décembre 2023 au matin ont passé trois jours dans les locaux des renseignements militaires du Gabon. Jetés en cellule, les 8 syndicalistes ont subi « des exercices militaires » c’est-à-dire des actes de violences à la limite de la torture. Les militaires ont humilié les syndicalistes en leur rasant les cheveux. Le tout malgré des excuses présentés par d’autres syndicalistes à Brice Oligui Nguema qui ne pouvait pas ignorer que les 8 syndicalistes se trouvaient dans ce service de renseignement de très sinistre réputation sur lequel il a toute autorité.
«Je pense que ces agents n’ont pas encore compris qu’ils doivent passer par le service militaire»
Lors de son meeting de Ndendé Brice Oligui Nguema a déclaré à propos des syndicalistes de la SEEG «Je pense que ces agents n’ont pas encore compris qu’ils doivent passer par le service militaire». A la Direction Générale des Contres Ingérences et de la Sécurité Militaire, ces propos du chef suprême des armées Brice Oligui Nguema ont été entendus et appliqués.
Pour information, la Charte de la Transition (qui remplace la constitution du Gabon dissoute) dit dans son Article 11 : « Nul ne peut faire l’objet de tortures, de peines ou de traitements cruels, dégradants ou inhumains »…