Sans son mentor Fidèle Gouandjika, le président centrafricain Faustin-Archange Touadera serait resté un universitaire reconnu pour ses travaux de mathématicien.
Fidèle Gouandjika est de la même ethnie Gbaka-Mandja que son cadet, le président centrafricain Touadera. Il a toujours eu un ascendant sur l’intellectuel, affectueusement surnommé « le petit », au brillant parcours académique. En sa qualité de ministre et porte-parole du président Bozizé, Fidèle Gouandjika avait chaudement recommandé son « frère » au général-président, pour qui le monde universitaire était évidemment totalement inconnu.
Faustin-Archange Touadera fut ainsi bombardé dans le marigot politique centrafricain qui était aussi, pour lui, étranger. Bozize en fera son premier ministre durant cinq ans.
Une jolie fortune
Le clan familial de Bozizé avait trouvé en Touadera la personnalité qui pouvait rassurer les partenaires financiers et permettre les pratiques mortifères pour le pays. Le premier ministre avala sans broncher les assassinats politiques comme celui de Charles Massi, le » hold up » électoral de 2011, la privatisation des finances publiques, la mise à l’écart des personnalités et fonctionnaires de nord- est du pays en qui Bozizé voyait « des terroristes ». Fidèle Gouandjka resta évidemment ministre du gouvernement Touadera jusqu’à sa chute en 2013. Les postes juteux des télécoms puis de l’agriculture et de l’élevage permirent à l’ingénieur d’arrondir sa fortune et de développer ses réseaux d’obligés.
Fidèle Gouandjika est de la lignée des Bokassa et autre Patassé, des personnages que l’on rencontre rarement à des postes aussi importants pour leur pays. A la fois saltimbanque, guitariste , entrepreneur, politicien, fêtard, le fidèle Gouandjika, baptisé « Chègué » (« enfant de la rue » en lingala), possède le charisme d’un gourou. Lorsque le climat devient difficile pour lui à Bangui, il rentre dans son pays d’adoption, la Roumanie, sa seconde patrie, où il a assuré ses arrières. Il y retrouve une partie de sa famille, sa femme étant originaire de ce pays. Bien qu’ayant étudié aussi en France, il n’a aucune sympathie pour « la mère patrie ».
La France mère de tous les maux
La France est, pour lui, à l’origine de tous les maux de la Centrafrique. Il voit également le danger chez les citoyens centrafricains de confession musulmane. A ce titre, il est un soutien indéfectible aux anti balaka et aux groupes d’auto défense. Avant de reprendre le chemin de Bucarest, en 2013, il avait été un ministre de l’élevage particulièrement dur avec les éleveurs peuls. N’avait-Il pas déplacé le marché aux bestiaux à 45 km de Bangui afin d’en mieux contrôler les mouvements et de percevoir de substantielles taxes.
Gouandjika a toujours confondu l’intérêt national et son enrichissement personnel. Les Centrafricains ont tous en mémoire sa gestion de la société Socatel qui n’en s’est pas relevée.
Une farce tragique
Ayant été très impliqué dans l’élection de Faustin-Archange Touadera, le fidèle Gouandjika est naturellement devenu son principal conseiller, avec rang de ministre, seul centre de décision pour ce qui reste de l’État, c’est-à-dire essentiellement Bangui et quelques rares préfectures. Ubu renaît, une nouvelle fois, dans ce pays où la population est chaque jour martyrisée mais, aussi, où on peut gagner beaucoup d »argent en peu de temps.
Cette farce tragique, que n’aurait pas désavouée Alfred Jarry, devrait avoir son épilogue, le plus rapidement possible.