Le Maroc, grand vainqueur à Abidjan

La photo de famille d’un Sommet de chefs de l’Etat est souvent révélatrice. Celle du Sommet UA/UA d’Abidjan l’est assurément. On y remarque d’abord les absents, comme évidemment le président d’Algérie, mais aussi ceux, plus politiques, de RDC et du Zimbabwe. La présence du desposte nonagénaire Robert Mugabe dans un tel Sommet consacré à la jeunesse, aurait été pour le moins déplacée.
Une photo officielle révélatrice
Sur la photo officielle, on  peut apercevoir le président de la RASD, coincé au troisième rang, consacrant ainsi un anonymat qui ne l’aura pas quitté durant tout ce Sommet. En revanche, au centre du premier rang, aux côtés du président en exercice de l’Union africaine, le Guinéeen Alpha Condé, et du président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, on y voit le Roi du Maroc, Mohamed VI, avec le président français, Emmanuel Macron, à sa droite. Dans le domaine diplomatique, la préséance et le protocole en disent parfois plus que les discours et montrent l’importance accordée aux États. Le retour du Maroc au sein de l’Union africaine a été éclatant à Abidjan.
L’accueil chaleureux des Ivoiriens à Mohamed VI
Le match de football ayant récemment opposé la Côte-d’ivoire au Maroc, perdu par les Éléphants ivoiriens a été vite oublié. Lié d »amitié au président Alassane Dramane Ouattara, le Roi du Maroc avait judicieusement devancé le Sommet Union africaine/Union européenne par une visite d’Etat de deux journées et demie. Ponctuée de plusieurs inaugurations d’infrastructures financées par le royaume chérifien, et par de multiples rencontres avec l’imposante délégation marocaine, cette visite officielle a permis à tous de constater la grande popularité du Roi du Maroc et l’importance de cette coopération sud-sud, quasiment occultée du Sommet.
La banalisation de la RASD
Le renoncement du Maroc à une chaise vide ou à un strapontin a été salué de toutes parts. Il va de soi que le Maroc en a tiré le plus grand bénéfice. Voir le président sud-africain, Jacob Zuma s’entretenir avec Mohamed VI et se féliciter de cette rencontre a été un événement qui ne sera sans doute pas sans conséquence. La première sera l’échange d’ambassadeurs entre les deux pays.  Le soutien de l’Afrique du sud au Polisario sera, de ce fait, probablement beaucoup plus nuancé. Le président du Polisario, Brahim Ghali, a erré comme une âme en peine dans les couloirs de ce Sommet. Même les conditions de son hébergement et de sa petite délégation ne semblent pas avoir été à la hauteur des espérances de cet habitué de la khaïma. Quasiment ignoré par les autorités ivoiriennes, le sahraoui est, il est vrai, encore peu connu des délégations africaines qui reconnaissent la RASD. Quant aux Européens, ils l’ignorent, étant donné que l’Union européenne ne reconnaît pas la RASD. Contrairement aux prévisions de nombreux observateurs, le Sommet UA/UE d’Abidjan aura été un grand succès pour le Maroc et une grande déception pour le Polisario et ses soutiens.
Le leadership de Mohamed VI 
Le discours du Roi du Maroc, le 29 novembre 2017, aura été le point d’orgue de ce Sommet. Il répondait, au nom de l’Afrique et pas seulement au nom de l’Union africaine, au discours de la veille d’Emmanuel Macron à Ouagadougou. Chargé de proposer les axes d’un partenariat Afrique/Europe en matière de politique migratoire, le Roi Mohamed VI  est allé beaucoup plus loin dans la problématique du développement de l’Afrique. Nul doute que, comme le président français, le Roi du Maroc entend rebâtir de nouvelles relations entre l’Afrique et l’Europe. La proximité entre les deux chefs de l’Etat est de plus en plus grande… comme elle apparaît sur la photo officielle du Sommet d’Abidjan.