Côte d’Ivoire, l’investiture light de Alassane Ouattara

Conformément à l’article 58 de la Constitution de 2016, l’investiture du président élu a lieu » le deuxième lundi de décembre de la cinquième année du mandat du Président de la République en fonction ».  C’ est donc ce lundi 14 décembre 2020 qu’a lieu cette cérémonie d’investiture d’Alassane Dramane Ouattara (ADO).

La cérémonie d’investiture d’Alassane Ouattara sera sobre, même si 300 invités, triés sur le volet, sont attendus.

Une élection contestée 

Élu le 31 octobre 2020, au premier tour avec 94% des voix, en l’absence de l’opposition, Alassane Dramane Ouattara (ADO), prêtera serment sur la Constitution devant le Conseil Constitutionnel, en cette fin de matinée du 14 décembre. Ce serment permettra à ADO de s’acquitter de l’obligation du respect du nombre de mandat consécutif. En s’autorisant de faire volte-face par rapport à sa promesse de mars 2020 de ne pas se présenter à l’élection du 31 octobre 2020, en utilisant l’argument peu convaincant du changement de constitution en 2016, ADO avait heurté nombre de responsables politiques de la communauté internationale et entraîné le boycott de l’opposition.

La Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples d’Arusha avait aussi sanctionné la manœuvre d’ADO au niveau du fichier électoral. On peut comprendre qu’avec ce contexte électoral et les dangers de la pandémie du covid-19, l’investiture pour ce troisième mandat soit loin d’être un événement qui fera date.

CEDEAO, le service minimum

Neuf chefs d’État sur quatorze de la Communauté économique des États de l’ Afrique de l’ Ouest (CEDEAO) ont répondu favorablement à l’invitation. On devrait donc voir au Palais présidentiel, PatriceTalon (Bénin), Roch Marc Christian  Kaboré (Burkina Faso), Umaro Sissoco Embalo ( Guinée Bissau), Mahamadou Issoufou ( NIger), Macky Sall ( Sénégal),  Bah N’daw (Mali), Faure Gnassingbe (Togo), George Weah ( Liberia) et Nana Akufo- Addo (Ghana), président en exercice de la CEDEAO. On revanche, les chefs d’ État de la Gambie, du Cabo Verde, de la Sierra Leone et surtout Alpha Condé ( Guinée) et Muhammadu Buhari ( Nigeria) n’ ont pas prévu de s’ y rendre. On connait les divergences de vues entre ADO (78 ans) et Alpha Condé (82 ans), qui se sont accrues avec leur volonté d’accomplir un troisième mandat consécutif, avec des motifs différents mais peu acceptables juridiquement. Quant au chef d’ État nigérian, son opposition à ADO ne date pas d’hier et le rôle joué par ADO dans le remplacement du FCFA par l’ECO a accentué leurs divergences de vues.

Ouattara reconnaîtra les siens

Le président mauritanien Mohamed ould Ahmed el Ghazouani sera présent à l’investiture. Il rend la politesse à Alassane Ouattara qui avait assisté à son investiture le 1er août 2019.

La présence de la présidente d’Éthiopie, Sahle-Work Zewde est un témoignage de l’amitié entre les deux chefs d’État qui ont pu s’apprécier lors de leur longue carrière internationale.

Parmi les invités personnels d’ADO,  Nicolas Sarkozy, sera probablement le plus entouré. Le représentant d’ Emmanuel Macron, le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, pâtira probablement de cette présence. ADO n’ a pas oublié que Laurent Gbagbo avait été soutenu par le parti socialiste français.

Si les présences de Denis Sassou Nguesso, président en exercice de la CEEAC, et de Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine sont normales, en revanche, l’absence du Sud-africain Cyril Ramaphosa, président en exercice de l’Union africaine, montre que les deux leaders sont toujours en froid. En se faisant représenter par son ministre des ressources minières et de l’énergie, Cyril Ramaphosa a été explicite. Mohamed Ibn Chambas, représentant spécial su Secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel sera présent.

En revanche, le grand ami d’ ADO, le Roi Mohamed VI n’ est pas attendu, probablement pour des raisons d’agenda, après le coup de théâtre de Donald Trump.

Après cette investiture, la tâche d’Alassane Ouattara reste immense avec la réconciliation nationale, la nationalisation de l’Armée nationale et la cicatrisation des tragiques événements de 2010. La nomination d’ un Vice-président et la constitution du gouvernement donneront les premières indications sur la volonté du nouveau président de la République.