L’absence du ministre algérien des Affaires Etrangères, Ramtane Lamamra, lors de plusieurs cérémonies officielles, témoigne du malaise grandissant au sommet de l’État algérien. Tout comme les vidéos qui ont circulé sur les réseaux sociaux de l’ancien secrétaire particulier de feu Gaïd Salah, Guermit Bounouira, qui se trouve pourtant en détention
En raison d’un parcours exemplaire de grand serviteur de l’Etat, de ses relations internationales et des réseaux qu’il a toujours cultivés y compris au sein des services algériens, l’actuel ministre algérien des Affaires Etrangères, Ramtane Lamamra, est sans doute la personnalité la plus marquante du gouvernement actuel. Or le tout Alger politique bruisse, ces derniers temps, de ses absences répétées. Qu’il s’agisse de l’accueil à l’aéroport du président mauritanien, ou plus récemment de la présentation du budget. On parle d’un remaniement ministériel imminent qui pourrait désigner le vainqueur de la guerre de tranchées qui a gagné désormais, au delà de l’institution militaire, les sphères gouvernementales.
Guerres de sérail
Voici un an, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, avait installé Mohamed Chafik Mesbah, comme directeur général de l’Agence algérienne de coopération internationale pour la solidarité et le développement, une pierre dans le jardin de monsieur Lamamra. Ce colonel, qui se fait passer pour un politologue, est connu dans le monde de la presse algérienne pour ses multiples écrits dans les quotidiens El-Watan et surtout « le Soir d’Algérie », connu pour ses liens avec les barbouzes. Mais ce colonel avait surtout fait ses classes au DRS sous le règne du général Toufik dont il est resté très proche.
Tout récemment, Chafik Mesbah a été nommé à des fonctions éminentes taillées sur mesure à la Présidence. Ce nouveau rôle de conseiller « des affaires préservées » du Président Tebboune qui cherche ainsi à renforce une influence déclinante ne se limite pas à la chasse aux opposants, y compris en négociant avec les partenaires étrangers de l’Algérie.. Dans la tradition de l’ex DRS (services algériens), le colonel Mesbah développe ses réseaux au sein de la société civile et de la classe politique.Il semble que le ministre des Affaires Etrangères vive fort mal l’influence grandissante de ce conseiller de l’ombre.
(Ir) résistible ascension du général Chengriha
Lors du remaniement ministériel attendu, l’actuel chef d’état major et homme fort du régime, le général Chengriha, qui semble prendre gout au pouvoir, aimerait que son rôle premier soit reconnu sur le plan protocolaire. À savoir qu’il puisse cumuler ses fonctions actuelles de patron de l’armée et celles de ministre de Défense, qui restent dévolues aujourd’hui au président Tebboune.
Mais cette volonté de toute puissance semble contrarier les pairs du général Chengriha au sein de l’institution militaire.Pour preuve, les vidéos qui ont circulé sur les réseaux sociaux de Guermit Bounouira, l’ex secrétaire particulier du général Gaïd Salah, l’ex chef d’état major brutalement décédé fin 2019. Les accusations contre Chengriha contenues dans ces fuites sont violentes et ciblées, y compris en termes d’enrichissement personnel. Or ce jeune officier qui avait fui en Turquie après le décès de Gaïd Salah en avait été extradé, après de laborieuses négociations entre Ankara et Alger, puis placé en détention à son arrivée en Algérie. La surprise, la voici: de puissantes complicités au sein de l’État sécuritaire lui ont permis de filmer des déclarations particulièrement sensibles et de les faire connaitre surles réseaux sociaux.
C’est dire les violentes oppositions que connair le général Chengriha au sein de l’institution militaire et des services secrets. Ce qui laisse prévoir de sérieuses et nouvelles turbulences au sein du sérail militaire et politique algérien, dans un contexte régional qui reste menaçant pour la sécurité du pays depuis l’allaince entre le Maroc et Israel.
L’ex secrétaire de Gaïd Salah, Guermit Bounuira, fait reparler de lui !