La Centrafrique à nouveau au bord de la partition

Sera-t-on en présence du premier faux pas du nouveau président centrafricain qui avait fait pour l’instant profil bas? En effet Faustine Archange Toudera vient de nommer les généraux Guillaume Lapo et Jean Pierre Dolle Waya aux postes clef des Forces Armées du pays. Elles viennent après celles du général Gambi comme chef d’État major de la Présidence. Or ces militaires ont fort mauvaise réputation. Ils ont servi …et se sont servis sous l’ancien président Bozize et pour deux d’entre eux, sous le règne de Michel Djotodia, le chef contesté de la Séléka qui dut quitter le pouvoir en janvier 2014.

Le général Lapo notamment, directeur général du Trésor Public sous le président Bozizé, avait attribué bon nombre d’appels d’offre à sa propre société Polygone avant d’être écarté. Le bilan des deux autres généraux n’est pas plus brillant.

Protestations populaires

Ces nominations ont provoqué des ripostes en rafales sur les réseaux sociaux. De nombreux centrafricains s’inquiètent des risques de pillage de l’Etat. Ces gradés n’inspirent apparemment aucune confiance au peuple centrafricain, qui s’inquiètent du mauvais usage des dizaines de millions d’euros déversés par les bailleurs internationaux. Comme sous la présidence de Catherine Samba-Panza, ces prédateurs pourront détourner les marchés publics et les subventions sans que la Minusca et les militaires français, soucieux du seul ordre public apparent, ne s’y opposent.

Attention à la partition!

Il existe peu de cas d’une république bannière comme la Centrafrique dont les dirigeants, quels qu’ils soient sont aussi protégés par l’Onu et la France. Du coup, le pays est moins uni que jamais et le risque de partition est extrèmement  fort. Le nord-est du pays est en effet occupé par les ex-Séléka. Christophe Gazam Betty, l’ancien ambassadeur en Chine durant sept ans et ancien ministre et cousin de Djotodia, renoue avec les Chinois. Ces derniers sont trop heureux de revenir exploiter le pétrole du nord est.
Par ce grand bond en arrière, on revient aux temps troubles de septembre 2012. Les acteurs sont les mêmes: des milliers de morts, un million de Centrafricains chassés de leur domicile. Les milliards d’euros dépensés dont plusieurs centaines de millions par la France n »auront servi à rien.

Le candidat du peuple et des pauvres peut dormir tranquille, mais seulement dans « Bangui la douce », la capitale de la Centrafrique de plus en plus isolée du reste du pays.