Lundi 24 mai, le Président de la transition, Bah Ndaw, le Premier ministre Moctar Ouane, le tout nouveau ministre de la Défense, Souleymane Doucouré ont été arrêtés par le groupe de colonels qui avait réalisé le coup d’Etat d’août 2020. Un cauchemar pour l’UA, la Cedeao et la France
Dans la capitale malienne, la tension était palpable depuis le 14 mai date à laquelle le Premier ministre a démissionné puis a été immédiatement reconduit. Cette manœuvre du chef de l’Etat consistait à reconduire un nouveau gouvernement en éliminant les ministres proches des colonels. Après 15 jours de palabres, pendant lequel le Mali en crise politique, sociale et sécuritaire est resté sans gouvernement, le nouveau gouvernement a enfin été annoncé le lundi de Pentecôte en fin d’après-midi. Deux des colonels auteurs du putsch d’aout 2020, Sadio Camara et Modibo Koné, respectivement ministre de la Défense et ministre de la Sécurité n’ont pas été reconduits.
Juste après la publication du décret, Bah Ndaw, Moctar Ouane et le tout nouveau ministre de la Défense se sont fait cueillir chez eux par des hommes en armes et ont été amenés au camp militaire de Kati pour, selon certaines sources, revoir la copie de leur gouvernement… Mais à quoi pensait le président malien en trahissant ceux qui l’avaient fait roi, croyait-il que ce « coup » dans le « coup » allait passer en douceur ?
Les maçons au pied du mur
L’annonce de ce nouveau putsch, pourtant prévisible, a sonné les dirigeants de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui avaient été les principaux négociateurs lors du coup d’Etat d’août 2020 et qui avaient imposé à la junte un président civil. C’est cette institution qui avait fini par adouber l’architecture institutionnelle de la transition proposée par la junte qui n’était pourtant ni légitime, ni légale. Dès la nouvelle connue, le médiateur l’ancien président nigérian, Goodluck Jonathan, a immédiatement décidé de se rendre à Bamako.
Ce nouveau coup de force a aussi stupéfait toute la « communauté internationale », Cedeao, Union africaine, Minusma, France, Etats-Unis, Union européenne, qui s’est manifestée promptement le jour même. Dans un communiqué « elle condamne fermement le coup de force » et « exige la libération immédiate et inconditionnelle des autorités » tout en réaffirmant leur soutien à celles-ci. Elle demande par ailleurs, « la reprise immédiate du cours normal du cours de la transition. » Mais que pourra-t-elle faire hormis suspendre ses aides, après que l’Union africaine et la France aient adoubé la prise de pouvoir anticonstitutionnelle au Tchad par Mahamat Déby, le fils d’Idriss Déby ? Le boomerang de cette décision décriée tant par les citoyens tchadiens que par les observateurs leur revient à la figure beaucoup plus rapidement que ce d’aucun avait imaginé.