Une Audrey Azoulay Première ministre ne ferait pas d’ombre à Macron

La directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, ancienne ministre de François Hollande et fille d’un conseiller de feu Hassan II, a été reconduite en 2021 dans ses fonctions haut la main. Cette technocrate sans grande aspérité est pressentie, d’après le Canard Enchainé, pour devenir la future Première ministre d’Emmanuel Macron, qui cherchait la perle rare, de préférence féminine, capable d’apporter du sang neuf à son entourage gouvernemental, mais sans lui faire de l’ombre.

Énarque forcément, et qui plus est appartenant au corps prestigieux des magistrats de la cour des comptes, Audrey Azoulay, tout comme son nouveau mentor, le Président français, n’a jamais eu de mandat local. Du grand classique dans le monde de « la noblesse d’Etat », ces très hauts fonctionnaires relativement jeunes et souvent brillants qui entourent Emmanuel Macron!

Directrice générale délégué du Centre national du cinéma où elle a passé huit ans après avoir occupé des fonctions de magistrate à la Cour des Comptes, Audrey Azoulay a été très appréciée dans le monde des arts et du cinéma lorsqu’elle fut la ministre de la culture de François Hollande après avoir été sa conseillère à l’Elysée.

Amie de Julie Gayet, la compagne de Hollande, sa nomination avait suscité une polémique, certains s’interrogeant sur le rôle joué par la compagne du chef de l’Etat dans cette décision. Audrey Azoulay s’était alors rapidement exprimée pour se défendre d’avoir été choisie grâce à son amitié avec Julie Gayet. « Je l’ai rencontrée professionnellement lorsque je travaillais dans le secteur du cinéma. Je la connais, c’est tout« , avait-elle indiqué lors d’une interview au Parisien.

On verra cette « techno » , à l’époque engagée, refuser les propositions ministérielles de Dominique de Villepin et de Nicolas Sarkozy en raison de leur appartenance à la droite. Apparemment, elle n’a plus de ces exigences qui appartiennent désormais à l’ancien monde, celui d’avant Emmanuel Macron.

Après cette entrée en fanfare en politique, Audrey Azoulay devait connaitre quelques déconvenues. Le premier mandat qu’elle a exercées comme directrice générale de l’Unesco, a été marqué par une absence notoire de résultats. Plus grave, l’ancienne ministre de la Culture de Manuel Valls et de François Hollande n’a pas su faire entendre la voix de l’UNESCO autant que ses prédécesseurs. L’organisation onusienne se devait d’être en première ligne dans la défense de la liberté de presse et d’expression, la protection des journalistes ainsi que celle du patrimoine universel menacé par les différentes guerres.

L’alliée des Séoudiens

L’ancienne ministre de la culture de François Hollande, Audrey Azoulay, est une femme qui sait ne pas se montrer ingrate, ni amnésique. On se souvent que cette énarque douée aura été élue une première fois à la direction générale de l’UNESCO au sixième tour de scrutin par trente voix contre vingt huit à son rival originaire du Qatar, qui malgré des soutiens moins prestigieux, réalisa une très bonne performance.

Or cette courte victoire doit beaucoup aux efforts de la diplomatie française, mais aussi au coup de pouce décisif des Séoudiens, animés, comme on le sait, d’une réelle vindicte conte leurs frères ennemis qataris.

Il n’aura pas fallu longtemps pour que le Royaume séoudien bénéficie d’un substantiel retour sur investissement. A l’époque et sous la haute autorité d’Audrey Azoulay, l’Unesco avait organisé un colloque  présidé par l’ambassadeur de Ryad en France et qui sera consacré « au rôle de la femme » dans cette Monarchie fondamentaliste qu’est l’Arabie Saoudite. Le sujet ne s’imposait pas pour un Royaume qui n’a autorisé les femmes à conduire que très récemment!

Malversations financières à l’UNESCO 

Fait rarissime derrière les vitres feutrées du siège de l’UNESCO à Paris, des sources internes anonymes ont fait fuir dans la presse durant son deuxième mandat, des documents accusant l’actuelle équipe dirigeante d’abus et de malversations financières.

Des enquêtes diligentées à la demande de Madame Azoulay pour identifier les auteurs de ces fuites parmi le personnel ont alourdi le climat social et assombri le premier mandat de l’ancienne ministre française de la Culture. Ce qui, de toute évidence, ne suffit pas à l’empêcher d’être reconduite triomphalement. Ainsi va la vie dans les organisations internationales qui ne suit pas aux parcours brillants dans l’hypothèse qui semble se confirmer où Madame Azoulay serait promue à la tète du gouvernement français.

Le Premier ministre français: une quantité négligeable

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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)