Six partis étaient en lice pour les élections générales de mercredi dernier, dont le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA), le parti-Etat créé par l’inamovible José Eduardo dos Santos jamais vaincu dans les urnes depuis plus de quarante ans. La tête de liste du parti arrivé en tête des votes sera automatiquement désignée président pour cinq ans. Les derniers résultats partiels, publiés vendredi 25 août par la Commission électorale, portent sur 98% des suffrages. Ils affirment que le MPLA, avec à sa tête le remplaçant programmé de Dos Santos, Joao Lourenço dit « JL’o », ex-ministre de la défense, aurait rassemblé près de 65% des électeurs. Quelques instants plus tard, un autre chiffre circule, qui n’est plus que de 60%… Le flou est loin d’être levé.
Comptabilisation frauduleuse
L’Union Européenne n’a pas pu envoyer d’observateurs internationaux puisque le gouvernement angolais a refusé ses conditions, à savoir la possibilité pour les observateurs d’avoir accès à tous les bureaux de vote. Officiellement, c’est parce que « la sécurité de ces observateurs n’auraient pas pu être garantie ». A Bruxelles, on estime que ce refus traduit la volonté du MPLA, le parti au pouvoir, de masquer des fraudes électorales. Les deux principaux partis d’opposition – Unita et Casa-Ce – sont formels : leurs chiffres qu’ils détiennent sont différents de ceux publiés par la Commission nationale électorale (CNE). L’organe officiel est accusé d’avoir procédé à la comptabilisation des voix en l’absence des représentants des partis. Surtout, il n’y aurait simplement pas eu de compilation des votes au niveau municipal, ni régional, ni national.
L’opposition tétanisée
La situation est si tendue que Paulo Lukamba Gato, député de l’ ‘Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (Unita) et ex-candidat à la primaire dans son parti, a lancé un appel très clair sur sa page Facebook : « Je vois ici et là sur les réseaux sociaux (…) parler de guerre. On ne parle pas de guerre avec autant de légèreté (…). Le peuple angolais de Cabinda à Cunene a rempli son devoir (…). Il appartient à la classe politique d’assumer son rôle de calme et de sérénité en ayant comme pierre de touche uniquement la vérité électorale selon les dispositions de la loi et de l’intérêt national. »
La CNE, organe officiel de décompte des voix, recule l’échéance de la publication définitive des résultats. Les chefs d’états voisins les moins démocratiquement élus ont cependant déjà ratifié les résultats et félicité le remplaçant de Dos Santos pour « sa victoire » …