Algérie, Abdelaziz Bouteflika candidat aux Présidentielles tente de sauver son clan

Fin du suspens. Abdelaziz Bouteflika est officiellement candidat pour un quatrième mandat. Une annonce faite hier, non pas par le candidat lui-même mais par son Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Le feuilleton des élections présidentielles algériennes ne fait que débuter.

Boutef«A la demande insistante des représentants de la société civile des 46 wilayas visitées lors de mes tournées,  je vous annonce aujourd’hui officiellement la candidature du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, à l’élection présidentielle du 17 avril prochain», a déclaré samedi à Oran le Premier ministre M. Sellal, en marge de la cérémonie d’ouverture de la Conférence africaine sur l’économie verte. Dans la foulée, la présidence de la République a confirmé via un communiqué que Bouteflika, a fait procéder au dépôt de sa lettre d’intention et au retrait, auprès du ministère de l’Intérieur et des collectivités locales, des formulaires de souscription de signature individuelle pour les candidats à l’élection présidentielle. Cette annonce met, en fait, fin au suspense qui a marqué la vie politique algérienne depuis la maladie du Président et son évacuation en France en avril dernier. Un suspense était nourri par les luttes feutrées et calfeutrées entre ce que l’on a appelé le «clan présidentiel», et un autre, opposé à ce qu’il considère comme une lourde mainmise de la «clientèle» du président sortant sur les principales commandes du pays.

Une génération « usée »
Cette candidature était peu plausible il y a quelques mois encore en raison de sa lourde maladie et de son incapacité à tenir la moindre activité officielle. A l’exception de deux conseils de ministres où l’on voyait l’image d’un homme malade et incapable de se tenir droit sur sa chaise, loin d’un chef d’Etat aux véritables commandes du pays.  Bouteflika avait beau avoir déclaré, en mai 2012 à Sétif dans l’est algérien, qu’il se retirerait de la course politique: «ma génération est usée»,  Changemetn de cap, trois ans plus tard, alors que Bouteflika , a pris des années en plus. Atteignant de 78 ans le 2 mars, celuis qui annonce sa candidature à la magistrature suprême est à peine l’ombre de lui même..

Cette candidature aux Présidentielles de 2014 a commencé à se profiler depuis quelques mois. Elle a d’abord soutenue par le Front de libération nationale (FLN) et l’appel de son secrétaire général Amar Saadani. Puis l’autre parti-Etat, le Rassemblement national démocratique (RND), a rejoint le camp dde l’actuel président, via son secrétaire général et président du conseil de la nation (Sénat algérien), Abdelakder Bensalah. Les deux partis officiels ont été confortée dans leur élan par l’appel du patron de la centrale syndicale, l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), Abdelmadjid Sidi Said.

Une simple formalité?
La tenue de la réunion tripartite demain, ( gouvernement, patronat et syndicat) s’inscrira sous le sigle de l’achat de la paix sociale. Le régime, qui dispose de près de 200 milliards en réserves de change, ne se privera nullement de «corrompre» patrons et travailleurs dans le perspective de la réélection de Bouteflika. Cette  réélection n’est, vraisemblablement, aujourd’hui qu’une simple formalité.
Les Algériens seront, ce 17 avril, conviés à un très mauvais film où Bouteflika, le premie role, est porté par les deux grands partis du pays, la centrale syndicale et les organisations satellitaires du pouvoir. Avec Ali Benflis et Louisa Hanoune fdans les rôles secondaires comme en 2004. Dix ans après rien n’aura changé. Pourtant, ce nouveau mandat brigué par Abdelaziz Bouteflika est loin de refléter une unanimité «populaire». Il reflète surtout cet indispensable «statu quo» aux différentes composantes du régime en désaccord aujourd’hui.
L’absence de consensus sur une alternative politique, la fuite en avant du régime et son refus d’organiser un scrutin présidentiel ouvert et transparent ne feront que rétrécir les chances d’un pays dont les difficultés ne font que commencer.  Une nouvelle fois, ce sont les Algériens qui payeront la lourde facture de la confiscation de leur citoyenneté et du tutorat qu’il leur est imposé depuis des décennies.

PAR NIDHAL DAÏM