Le nom de Saïd Bouteflika, le nom du frère du Président de la République, est devenu un « fonds de commerce ». Et cela ne plait guère au principal intéressé.
Saïd Bouteflika est un nom qui rapporte en Algérie. Et de plus en plus de lobbyistes, d’homme d’affaires et d’homme de médias l’utilisent comme un « fonds de commerce » pour obtenir des marchés, réaliser des projets ou résoudre des blocages. Et le frère ainsi que conseiller influent d’Abdelaziz Bouteflika commence à trouver ces « usages indélicats » très révoltants. Selon des sources très proches de l’entourage du frère du président Algérien, Saïd Bouteflika a poussé récemment à Alger depuis la résidence présidentielle de Zéralda un véritable coup de gueule contre ceux et celles qui utilisent son nom pour « faire des affaires ».
Les services de sécurité mobilisés
Saïd Bouteflika a même donné une consigne stricte au commandement de la police algérienne et au général Boura Rezigue alias Abdelkader, le directeur de la Direction de la sécurité intérieure au sein du nouveau « DRS » dont la « coordination » est assurée par Bachir Tartag. « Toute personne qui utilise mon nom pour en faire un usage politique ou affairiste doit faire l’objet d’une enquête et d’un rappel à l’ordre », tel est grosso modo le message transmis par Saïd Bouteflika aux hauts responsables des services de sécurité à Alger.
En cette période de troubles où l’Algérie se prépare pour tenir une stratégique élection présidentielle en 2019 avec tous les scénarios probables et possibles concernant la succession d’Abdelaziz Bouteflika, Saïd Bouteflika ne veut surtout pas que son nom serve de tremplin à des chapelles politiques aux intentions douteuses.
Ennahar TV dans le viseur
Le frère du Président a d’ores et déjà quelques hauts responsables dans le collimateur. Il s’agit notamment de certains patrons de presse comme le sulfureux Anis Rahmani, le patron de la télévision Ennahar TV, qui continue de faire croire aux hauts cadres de l’Etat algérien qu’il est le « porte-plume » et le « porte-voix » du frère puissant du Président Abdelaziz Bouteflika. En dépit de sa disgrâce prononcée le Ramadhan dernier lorsque Saïd Bouteflika a participé publiquement à un sit-in dénonçant les pratiques malhonnêtes d’Ennahar TV, le sieur Anis Rahmani continue de propager des rumeurs dans les salons fréquentés par les membres du sérail algérien.
La sanction fut rapidement prononcée : plusieurs groupes économiques dont les patrons entretiennent de bons rapports avec le frère du chef de l’Etat ont rompu leurs contrats publicitaires avec Ennahar TV. Et cette chaîne de télévision privée ne bénéficie presque plus d’un accès privilégié aux événements protocolaires de l’Etat algérien. L
e rappel à l’ordre est sévère et un véritable vent de panique s’est emparé du patron d’Ennahar TV qui essaie de se rattraper en finançant de nouveaux médias sur Internet. Histoire de peser sur l’élection présidentielle de 2019.
Faux amis
Mais il n’y a pas que le patron Anis Rahmani qui fait l’objet de la colère de Saïd Bouteflika. Plusieurs activistes et zélateurs déclarés sont partis fonder des collectifs ou des associations portant le nom du frère du Président à l’image d’Abdelkader Zergui, un notable de la ville de Sidi Bel-Abbès et un activiste dynamique du FLN qui est parti lancer le « cercle des amis du docteur Saïd Bouteflika », une initiative qui avait suscité un malaise au plus haut sommet du régime.
Recadré et averti, l’auteur de cette initiative a été éjecté à la vitesse grand V de la scène médiatique et politique. Une véritable leçon donnée aux autres aventuriers qui veulent instrumentaliser le nom de Saïd Bouteflika pour en faire un fonds de commerce