Chicayas dans la mouvance anti islamiste marocaine

Le Parti Authenticité et Modernité (PAM), fondé en 2009 par Fouad Ali El Himma, tient son congrès du 22 au 24 janvier. Son objectif est de barrer la route à l’islam politique, incarné par l’actuel Premier ministre marocain, Ali Benkirane. A moins que ses militants ne se soient entretués avant.

En effet, depuis plus d’un mois, des historiques du parti ont dégainé en s’agressant par voie de presse. Le premier à sortir du bois aura été Ali Belhaj, prospère homme d’affaire et grand propriétaire terrien qui a rué dans les brancards juste après les élections communales et régionales. Les interviews et déclarations se sont multipliés pour  dénoncer la mainmise du courant rifain, originaire des régions du massif du Rif dans le Nord du royaume, sur la gestion du PAM.

je t’aime, moi non plus

Un autre dirigeant du PAM enfonce le clou. Il s’agit du vice-président de la Chambre des représentants, Abdellatif Ouahbi, qui se demande pourquoi le PAM se cherche toujours une identité. Pourquoi se retrancher dans une rivalité haineuse avec le PJD, le mouvement islamiste en chafge du gouvernement ? La charge est tellement violente qu’un autre fondateur du parti Samer Aboulkacem, qualifié de « Pistolero » par les militants, réplique sèchement.

Succession périlleuse

Depuis, les réactions s’enchaînent les une plus fortes que les autres. Un climat de tension s’installe et le débat idéologique est oublié. A l’origine de ces sanglantes passes d’armes, la succession au secrétaire général sortant qui ne veut plus rempiler. Mustapha Bakkoury, en charge du MASEN-programme marocain des énergies renouvelables-, qui initialement n’en voulait pas a annoncé clairement qu’il ne comptait pas continuer à la tête du PAM. Ce qui pousse certains au sein du parti à avancer coup sur coup les noms du ministre de l’Agriculture Aziz Akhannouch et du patron de la région de Marrakech Ahmed Akhchichene, tous les deux réputés être très proches du sérail.

Les législatives en ligne de mire

C’est le branle-bas de combat dans le camp des « rifains ». Leur chef de file, Ilyas Omari, véritable dynamo du parti et faiseur de secrétaires généraux sent que les rênes du parti peuvent lui échapper. Il laisse planer un flou artistique sur ses intentions tout en laissant ses « amis » propager l’idée que c’est lui aujourd’hui l’homme de la situation. Sauf que c’est dans cette position que le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane, adversaire irréductible du PAM voudrait le voir. « La campagne électorale sera du gâteau pour le PJD, si  Ilyas Omari est désigné secrétaire général du PAM », affirme sans ambiguïté Hassan Benaddi, qui a dirigé le parti au lendemain de sa création.

Paradoxalement donc, l’homme fort du PAM, Ilyas Omari, est à la fois le problème et la solution. Il est l’homme qui connaît le mieux le parti, son organisation et ses hommes. Il jouit de bonnes relations aussi bien en haut lieu que parmi toute la calasse politique chérifienne. Mais, c’est également une ligne rouge pour certains leaders politiques dont principalement la grande majorité des dirigeants islamistes, mais également le patron de l’ancien parti communiste marocain, Nabil Benbadallah, qui n’en veulent pas entendre parler dans une éventuelle coalition post élections 2016. Une situation qui ne s’éclaircira qu’au lendemain du prochain scrutin législatif prévu en novembre prochain.