Un film événement sur l’usage d’armes chimiques durant la guerre d’Algérie

Ce film événement documente une pratique encore largement occultée de l’armée française en Algérie, objet de recherches et de batailles juridiques menées par l’historien Christophe Lafaye : l’usage massif dans toutes les zones montagneuses d’armes chimiques, dans ce qu’on a appelé la « guerre des grottes ». Une pratique meurtrière et illégale dont les traces archivistiques dans l’armée ne sont toujours pas entièrement communicables aux chercheurs.

Une projection en avant-première aura lieu le 13 mars 2025 au cinéma Ecoles cinéma club, 23, rue des écoles, 75005 Paris. Le film sera diffusé le 9 mars 2025 sur la RTS (Suisse) et le 16 mars sur France 5 dans l’émission « La case de l’histoire » à 23h. Co-produit par France Télévision, sa diffusion a d’abord été annoncée sur France 3, avant d’être déplacée sur France 5 à 23h.

 

Présentation par la réalisatrice, Claire Billet

extrait du dossier de presse

« Ce film a pu exister, d’une guerre à une autre. L’historien Christophe Lafaye et moi avons en commun l’expérience de l’Afghanistan. En 2020, lorsque j’ai voulu travaillé sur la mémoire de la guerre d’Algérie, je l’ai spontanément appelé. Il faisait des recherches inédites sur l’usage des armes chimiques par l’armée française durant la guerre d’Algérie. En particulier dans les grottes et lieux souterrains. J’étais incrédule. Ça semblait fou qu’un tel pan de notre histoire soit inconnu, soixante ans plus tard. En existait-il des traces ?

A l’ECPAD, le service des archives audiovisuelles de l’armée, les agents étaient bienveillants et démunis: quelques photos et quelques films existent, sans informations précises. Durant la guerre d’Algérie, tout ce qui touchait aux armes chimiques avait été gardé hors du champ des caméras militaires : les masques, les combinaisons, les munitions et les opérations chimiques n’ont pas été filmés. Invisibles.

Avant de réaliser ascenseur pour l’échafaud, le cinéaste Louis Malle s’est rendu en Algérie pour un projet de fiction adapté du roman « La grotte » de Georges Buis, qui raconte une bataille souterraine. Dans les archives du cinéaste, conservées à la Cinémathèque française, je n’ai retrouvé aucune bobine. Louis Malle n’a jamais fait son film sur la guerre et j’ignore s’il a su que des armes chimiques avaient été employées. Dans un de ses carnets de repérage, un nom de famille avait été griffonné: celui d’un ancien combattant que l’historien Christophe Lafaye a rencontré, parmi de nombreux autres. En fouillant le net, un nouveau nom d’ancien combattant français est apparu: il avait édité un recueil à compte d’auteur où il évoquait l’usage d’armes chimiques.

Je voulais faire parler leurs mémoires. En France, nous sommes partis à la rencontre des derniers anciens combattants qui acceptaient de s’exprimer publiquement, avec l’aide de Christophe Lafaye. Ces hommes nous ont ouvert leurs archives réchappées de la censure. En Algérie, nous sommes partis à la recherche des derniers témoins et victimes de cette guerre chimique. Nous nous sommes appuyés sur des localisations d’opérations, celles que Christophe Lafaye a réussi à recenser, celles mentionnées par nos personnages et sur des articles de presse. Le périple aurait pu nous conduire dans toutes les régions montagneuses d’Algérie. Nous avons choisi de nous concentrer sur la Kabylie et les Aurès.

Dans ce film, je tenais appuyer les dires des Algériens et des Français et faire une démonstration par la preuve. Il fallait donner à voir les archives militaires. Nos demandes de tournage à ce sujet au Service Historique de la Défense ont été refusées. Mais les archives nationales d’Outre-Mer ont accepté notre tournage. Et l’historien Christophe Lafaye nous a présenté le résultat de ses années de recherches et de bataille juridique pour obtenir la consultation de quelques documents administratifs militaires. »