Le 24 mai, Soweto fait vibrer l’Afrique unie

A l’occasion de l’Africa Day Concert 2025, le quartier de Soweto accueille une journée musicale exceptionnelle célébrant l’unité africaine. Entre afrobeat, jazz, musiques traditionnelles et performances inspirantes, l’événement met la créativité du continent à l’honneur.

C’est un symbole fort que de célébrer la Journée de l’Afrique à Soweto, quartier légendaire de Johannesburg, berceau de la contestation contre l’apartheid et foyer de création artistique intense. Le 24 mai 2025, à la veille de la Journée mondiale de l’Afrique, Soweto devient le centre névralgique d’un événement majeur : l’Africa Day Concert Festival, une journée entière dédiée à la musique, à la culture et à l’unité du continent.

Organisé au Morris Isaacson Centre for Music, haut lieu de la pédagogie musicale sud-africaine, le festival s’inscrit dans une volonté de transmission, de rassemblement et de rayonnement culturel. Il se déroule sous le thème « Africa Rise », affirmant une vision dynamique, audacieuse et solidaire de l’Afrique contemporaine. Loin des clichés, cet événement entend faire entendre les voix multiples d’un continent en mutation, par la seule force de son expression musicale.

Dès 10h du matin, le public est invité à vivre une immersion sonore totale. Jazz sud-africain, highlife nigérian, afrobeat ghanéen, rumba congolaise, percussions sénégalaises, trap panafricaine… le spectre est vaste, éclectique, mais toujours profondément enraciné. La programmation mêle figures confirmées et jeunes talents, artistes de renom et musiciens issus des conservatoires locaux.

Le Morris Isaacson Centre for Music, fondé pour démocratiser l’accès à la musique dans les quartiers populaires, offre une dimension profondément communautaire à l’événement. Y organiser le Africa Day Concert, c’est affirmer que la culture ne vient pas d’en haut, elle naît et se propage au cœur des quartiers.

Ce festival, c’est aussi un espace de réflexion culturelle. Entre les performances musicales, des prises de parole d’artistes, des lectures de textes panafricains, des ateliers intergénérationnels, viennent nourrir une pensée vivante de l’Afrique.

L’accessibilité est une priorité. Les billets sont proposés à des tarifs très bas, voire gratuits : de R0 à R250 (environ 0 à 12 euros), afin que tous puissent assister aux concerts. Cette politique inclusive incarne la volonté du festival de démocratiser la culture, d’en faire un droit, et non un luxe.

Dans les textes des chansons comme dans les interventions scéniques, une parole engagée émerge. Il est question d’unité continentale, d’écologie, de luttes féministes, de migrations, de traditions à préserver et à réinventer. Mais aussi de joie, de danse, de partage. Car la musique est aussi un rire et un hymne à la beauté.

Le public, métissé, joyeux, participe pleinement. On y croise des étudiants, des anciens militants, des enfants en habits traditionnels, des touristes, des professeurs de musique, des curieux…

L’événement ne s’arrête pas aux portes de Soweto. Il rayonne sur les réseaux sociaux, dans les écoles partenaires, dans les radios communautaires, dans les projets éducatifs qui prolongent cette journée tout au long de l’année.

À Soweto, ce 24 mai, c’est une Afrique vivante et solidaire qui s’élèvera en musique. Une Afrique qui, plutôt que d’attendre qu’on lui donne la parole, la prend en chantant.

 

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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)