La santé et l’électricité pour 4500 habitants du Haut Atlas

Après plusieurs séjours dans le village de Magdaz, petit village dans le Haut Atlas marocain, et grâce à l’amitié établie avec le chef du village, Henri Navarre crée l’association Tassadour qui oeuvre à la santé de tous dans la commune de Magdaz dans le Haut Atlas et qui fêtera le dimanche 29 septembre ses vingt ans d’existence. Le nom choisi, Tassadour, est la compression de Tassawt, l’oued qui coule à Magdaz et de l’Adour, la rivière qui a donné son nom au pays où est né Henri Navarre dans le Sud Ouest de la France. Cette belle rencontre entre l’Atlas et les Landes a permis de relever ce défi médical: 4000 consultations médicales ont été données cette dernière année dans un district rural où, voici vingt ans, la santé était un concept inconnu. 

Magdaz, petit village berbère accroché à 2500m d’altitude

Tôt le matin, le soleil se lève sur les contreforts rouge feu de Magdaz, petit village berbère accroché à 2500m d’altitude de la province de Tadla Azilale  dans le Haut Atlas  central marocain. Plusieurs centaines de personnes vivent dans ces hameaux dispersés, agrippés à la montagne aride. Tout a commencé en 2000 : un voyage au Maroc et un guide de Haute Montagne ont conduit Henri Navarre vers  Magdaz. Après plus de 15 ans à parcourir le Maroc, à  effectuer des trecks dans la vallée de Tassawt, une rencontre a bouleversé sa vie : « Je suis arrivé dans un village hors du temps »

Henri Navarre est accueilli très chaleureusement par les villageois. Devant le manque de soins évident, l’idée de créer un dispensaire trouve un écho auprès des personnes engagées dans l ‘humanitaire. Il rencontre MSF qui le dirige vers la Croix Rouge à Bordeaux où Michelle Barbot et Nicole Rabineau, deux enseignantes, iront sur place pour étudier les pathologies, évaluer et préciser les besoins au cours de deux missions en 2002 et 2003.

De démarches de création de l’association à la demande d’autorisation auprès du gouvernement, Henri Navarre et ses amis voient l’aboutissement de leur travail. L’association est créée en moins de deux ans. Une convention de partenariat est signée entre le gouvernement marocain représenté par le ministre de la santé Dr Mohamed Biadillah et Tassadour, selon des clauses très précises de droits et de devoirs. 

Le dispensaire est construit en 2004 avec la participation des villageois, le coût des travaux étant pris en charge par Tassadour,  l’inauguration a lieu le 1er mai 2004. Depuis, Tassadour a assuré la présence d’une ou d’un infirmier en poste au dispensaire, ainsi que la présence d’une interprète locale parlant le berbère, l’arabe et le  français. Dès la première année, ce seront plus de 1500 consultations qui seront données et 4000 cette année.

Le village de Magdaz compte 1000 habitants et est le centre d’un district regroupant 14 villages et 4500 habitants environ; tous fréquentent le dispensaire. La population vit et consomme essentiellement de ce qu’elle produit : maïs, blé, orge, pommes de terre, oignons,, un peu d’élevage, servant principalement comme la cueillette des noix (noyers très abondants) aux autres achats indispensables : huile, bougies, bouteilles de gaz, vêtements.

Depuis quelques années, le village est desservi par une route, ce qui facilite évidemment l’accès au centre de soins pour tout ses habitants. Magdaz dispose maintenant d’un château d’eau qui alimente les habitations et le dispensaire. L’électricité est aussi arrivée dans ce village; elle bénéficie au dispensaire et à tous les habitants.

L’infirmière vaccine dans les écoles des différents villages de ce district rural

Un dispensaire rural 

Dès sa création, l’association a recruté un infirmier ou infirmière , en France pour une durée de 1 an, postée à Magdaz accompagnée  d’un traductrice. Fatima, jeune infirmière a commencé cette année 2024 pour un contrat de deux ans. Elle assure des permanences et reçoit la population pour dispenser les soins, assurer un suivi, pratiquer des vaccinations, donner des médicaments.En mars dernier, suite à une épidémie de rougeole dans le secteur , l’infirmière a vacciné dans les écoles des différents villages.Depuis une dizaine d’années,

« Un travail d’information pour démontrer que certaines infections peuvent être évitées avec une bonne hygiène : lavage des mains, des dents… Les conditions de vie n’aident pas. Les femmes et les fillettes passent du temps dans le fournil pour la préparation des repas et se retrouvent longuement exposées à une fumée âcre et constante. Résultat : une simple toux peut dégénérer en une pneumopathie . Les hommes fréquentent également le dispensaire, pour des suivis de diabète, problèmes cardiaques, rhumatismes… » 

Les missions de dispensaire s’articulent autour d’actions de prévention.

  • Traitements médicamenteux antalgiques, anti inflammatoires, antibiotiques…
  • Suivi des femmes, de leur grossesse, contraception, planning familial
  • Vaccinations infantiles : campagne annuelles , suivi
  • Actions d’éducation à la santé, d’hygiène, 
  • Hygiène bucco-dentaire
  • Lutte contre les infections respiratoires et maladies infectieuses , ORL, céphalées
Les fondateurs et responsables de l’association : Henri Navarre et Isabelle Bayle Roussy.

La présidente de l’association, Isabelle Bayle Roussy: « Il n’y avait rien il y a vingt ans »

Régulièrement , Isabelle Bayle Roussy,  présidente et Françoise Dentraygues  trésorière de l’association mais aussi infirmières, se rendent sur place pour superviser le travail et pourvoir à différentes tâches de fonctionnement du dispensaire. Ponctuellement d’autres membres du bureau les accompagnent. Entretien

« Notre objectif, d’ici deux  ans, à l’échéance du contrat de l’infirmière en poste actuellement , est de passer la main au ministère de la Santé marocain. Pour cela je me rendrai à Rabat rencontrer les autorités compétentes. Je peux dire que l’association est reconnue par les institutions, le gouverneur de la  province, le Caïd et les élus du village. »

Grâce à la centaine d’adhésions, et aux gains suite à différentes manifestations , rencontres, fêtes, présentation de films, tout au long de l’année dans le Sud Ouest, et des dons, le budget de l’année 2023 est de 10000 euros. L’association ne bénéficie d’aucune subvention et a toujours des besoins à couvrir finacièrment.

Le budget sert à payer le salaire de l’infirmière et les charges du dispensaire. Les médicaments  sont donnés par  le Ministère de santé du Maroc, les vaccins par l’OMS.

Aujourd’hui un véhicule est à disposition des habitants dans tous les villages concernés, ils peuvent ainsi se déplacer et rejoindre le dispensaire, leur évitant des déplacements de plusieurs kilomètres à pieds en montagne. Dans les situations d’urgence la circonscription met à disposition du dispensaire une ambulance. »

Puis la présidente de l’association poursuit : 

« Ce qui a changé depuis le début, c’est la perception de la santé par les habitants: il y a vingt ans, il n’ y avait rien.  Cela s’est développé, grâce à l’action successive des bénévoles et des infirmiers(es) sur place dans le domaine de la prévention, et de l’éducation à la santé. »

Et cette association, par sa persévérance et grâce à un suivi, à des liens authentiques avec les villageois, et avec les autorités locales, dans un échange et un respect permanent fêtera ce dimanche 29 septembre les 20 ans de l’association avec un méchoui préparé par les femmes de Magdaz. » 

Les Partenaires 

Au Maroc à Magdaz

  • M. Mohamed AN NESRI. Moqqadem
  • L’association « Magdaz pour le développement »
  • Ministère de la Santé Marocaine
  • Délégation Régionale du Ministère de la Santé à AZILAL
  • Centre de soins à DEMNAT
  • Centre de Santé rural de AIT AMIL

En France, vous pouvez joindre Isabelle Bayle-Roussy au mail suivant: isabellebayle@aol.com  22, rue Marceau, 33110 LE BOUSCATRejoignez l’association qui vous recevra avec joie www.tassadour.fr