- Mondafrique https://mondafrique.com/loisirs-culture/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Sun, 20 Jul 2025 09:06:30 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.2 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg - Mondafrique https://mondafrique.com/loisirs-culture/ 32 32 Quatre films en salles pour découvrir l’Afrique et le Moyen-Orient https://mondafrique.com/loisirs-culture/quatre-films-en-salles-pour-decouvrir-lafrique-et-le-moyen-orient/ https://mondafrique.com/loisirs-culture/quatre-films-en-salles-pour-decouvrir-lafrique-et-le-moyen-orient/#respond Sun, 20 Jul 2025 08:30:46 +0000 https://mondafrique.com/?p=136822 Cet été, cinq films récents explorant l’Afrique, le Moyen-Orient et les Outre-mer s’invitent en salles françaises. Entre science-fiction, drame intime, thriller social et récit féministe, ces œuvres puissantes témoignent d’un cinéma en prise avec le réel et le monde.  Le Grand Déplacement Jean-Pascal Zadi (France/Belgique) – Sortie : 25 juin 2025 – Durée : 1h23 – Langues : français, […]

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Cet été, cinq films récents explorant l’Afrique, le Moyen-Orient et les Outre-mer s’invitent en salles françaises. Entre science-fiction, drame intime, thriller social et récit féministe, ces œuvres puissantes témoignent d’un cinéma en prise avec le réel et le monde.

 Le Grand Déplacement

Jean-Pascal Zadi (France/Belgique) – Sortie : 25 juin 2025 – Durée : 1h23 – Langues : français, dioula, anglais

Synopsis

Dans un futur proche où le monde est ravagé par une crise climatique irréversible, une coalition panafricaine lance une mission spatiale pour explorer l’exoplanète Nardal. À bord du vaisseau, un équipage issu de toute l’Afrique et de sa diaspora doit apprendre à cohabiter, tout en affrontant les dérives idéologiques, identitaires et politiques que reflète cette aventure inédite. Jean-Pascal Zadi incarne un membre central de l’équipe, aux côtés de Reda Kateb, Fadily Camara et Lous and the Yakuza.

Contexte de création

Avec ce film, Jean-Pascal Zadi change radicalement de registre après Tout simplement noir. Produit par Gaumont, tourné entre la France, la Côte d’Ivoire et le Maroc, Le Grand Déplacement explore un territoire rarement abordé par le cinéma français : l’afro-futurisme. Le projet mêle satire sociale et science-fiction politique, rendant hommage à des figures comme Paulette Nardal, à qui le nom de la planète fait référence.

Accueil critique

Le film a divisé la presse. Allociné affiche une note moyenne de 2/5, pointant des ruptures de ton et un humour parfois inégal. Télérama parle d’un « concept fort qui ne trouve jamais son rythme », tandis que Mondociné salue « une tentative visuellement inspirée malgré ses maladresses ». Le public, lui, loue l’ambition esthétique du film et la volonté de faire exister un imaginaire africain dans l’espace cinématographique français.

Où le voir

Actuellement à l’affiche dans plusieurs grandes salles en France, notamment Le Louxor (Paris), MK2 Quai de Loire, et Pathé Bellecour (Lyon). Réservation possible en ligne.

 

Katanga, la danse des scorpions

Dani Kouyaté (Burkina Faso) – Reprise en salles : juillet 2025 – Durée : 1h53 – Langue : mooré, sous-titrée français

 

Synopsis

Libre adaptation de Macbeth, cette fresque en noir et blanc suit Katanga, chef de guerre mooré, à qui une prophétie promet le trône. Enivré par le pouvoir, il bascule dans une spirale de trahisons, de sacrifices rituels et de violence. Le film mêle récit mythique, critique du pouvoir patriarcal et plongée dans une société africaine contemporaine où les traditions s’entrechoquent avec les ambitions.

Contexte de production

Dani Kouyaté, réalisateur emblématique de Sia, le rêve du python, revient ici à ses sources théâtrales. Tourné au Burkina Faso en six semaines, en mooré, avec des comédiens issus du théâtre populaire, Katanga se distingue par son esthétique épurée et sa narration resserrée. Le noir et blanc n’est pas un simple effet de style : il crée une distance et une puissance visuelle rare dans le cinéma ouest-africain.

Réception critique

Grand gagnant du FESPACO 2025, le film a reçu l’Étalon d’or, le prix du public, et celui de la critique africaine. Télérama salue « une œuvre de maturité, incandescente, cohérente dans sa radicalité esthétique ». Africiné souligne « une maîtrise exceptionnelle du cadre et du rythme ». Katanga est aujourd’hui perçu comme un classique immédiat du cinéma africain contemporain.

Où le voir

Repris dans les cinémas art et essai depuis début juillet, notamment au Forum des Images (Paris), Saint-André des Arts, et Méliès Montreuil.

Aux jours qui viennent

Nathalie Najem (France/Liban) – Sortie : 23 juillet 2025 – Durée : 1h38 – Langues : arabe, français

Synopsis

Soraya, 35 ans, revient vivre chez sa mère dans une ville du Sud-Liban après un deuil. Au rythme des coupures d’électricité, des tensions silencieuses et des souvenirs lancinants, elle tente de redonner un sens à son existence. À travers son quotidien, le film dessine une géographie intime de la douleur, mais aussi de la résilience.

Contexte de création

Premier long métrage de la réalisatrice franco-libanaise Nathalie Najem, formée à la Fémis, Aux jours qui viennent a été tourné à Saïda et Beyrouth dans des conditions matérielles extrêmement difficiles. La lumière naturelle, les cadres fixes et le travail sur le son contribuent à faire du film un objet de cinéma d’une grande sobriété.

Accueil critique

Sélectionné à Un Certain Regard à Cannes 2025, le film a été unanimement salué. Le Monde parle d’un « bijou d’intimisme au bord du gouffre », tandis que Libération loue « la justesse émotionnelle » de Zita Hanrot, qui porte le film sur ses épaules. Une œuvre contemplative, mais jamais figée, qui capte l’âme d’un pays en suspension.

Où le voir

Programmation confirmée dans les cinémas d’auteur : Le Lincoln (Paris), Utopia Avignon, Le Méliès (Grenoble).

 

Aisha ne peut pas s’envoler

Ruwaida El Toubassi (Égypte/Somalie) – Sortie : 14 août 2025 – Durée : 1h45 – Langues : somali, arabe, anglais

 

 

Synopsis

Aisha, 20 ans, domestique dans un quartier populaire du Caire, rêve de devenir pilote d’avion. En secret, elle rejoint un réseau clandestin de femmes formées par d’anciennes pilotes militaires, réfugiées dans l’ombre. Porté par son désir de liberté, Aisha entre en lutte contre l’ordre établi, prête à risquer sa vie pour prendre les commandes.

Contexte de création

Inspirée de faits réels, la réalisatrice Ruwaida El Toubassi, issue du documentaire, signe ici son premier long de fiction. Le film a bénéficié du soutien du Doha Film Institute et d’Arte. Tourné au Caire et dans le désert du Sinaï, il mêle réalisme brut et envolées oniriques, dans une mise en scène parfois proche du conte.

Accueil critique

Sélectionné à la Berlinale 2025, Aisha ne peut pas s’envoler a bouleversé la critique. Variety y voit « un conte féministe d’une grande puissance visuelle ». Jeune Afrique salue « un film politique sans être démonstratif, où chaque plan respire l’émotion et la dignité ». Faduma Ghedi, l’actrice principale, a été immédiatement remarquée.

Où le voir

Avant-premières confirmées à l’Institut du Monde Arabe (Paris), au Gyptis (Marseille), et à l’Utopia Toulouse dès le 14 août.

Zion
Nelson Foix (Guadeloupe/France) – Sortie : 9 avril 2025 – Durée : 1h39 – Langues : français, créole

Synopsis

Chris, jeune homme désabusé, vit de petits trafics dans un quartier populaire de Guadeloupe. Un jour, un bébé est laissé sur le pas de sa porte. Ce choc inattendu l’oblige à se confronter à ses choix, ses failles, et au monde qui l’entoure. Entre survie, tendresse et fuite en avant, Zion est le portrait nerveux d’un homme en devenir.

Contexte de production

Adapté du court-métrage Timoun Aw, Zion est le premier long de Nelson Foix, tourné entièrement en Guadeloupe avec un casting local. Produit avec le soutien de Jamel Debbouze, le film propose une image brute, tendre et sans exotisme des Antilles, entre urgence et humanité.

Accueil critique

Sorti en Guadeloupe en mars, puis en métropole en avril, Zion a reçu un excellent accueil. Le Parisien parle d’« un regard franc et brut sur les Outre-mer », tandis que 20 Minutes salue « un récit vif, à hauteur de rue ». Le Monde décrit un « thriller social sans filtre, porté par une mise en scène nerveuse et des acteurs incroyablement justes ».

Où le voir

Encore à l’affiche dans certains cinémas : MK2 Quai de Loire, Cinéma Utopia, Pathé Nation. Vérification conseillée selon les villes.

 

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Afrique, Méditerranée, diasporas : dix festivals pour cet été ! https://mondafrique.com/loisirs-culture/afrique-mediterranee-diasporas-dix-festivals-pour-cet-ete/ https://mondafrique.com/loisirs-culture/afrique-mediterranee-diasporas-dix-festivals-pour-cet-ete/#respond Sat, 19 Jul 2025 18:00:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=136473 Cet été, place à la vibrante diversité des scènes africaines et arabes ! De Montréal à Cape Coast, d’Agadir à Baalbeck, la rédaction a sélectionné dix festivals qui font résonner les cultures, les mémoires et les voix du Sud avec audace, exigence et créativité. Musiques, danses, contes, théâtre ou rituels, chaque rendez-vous célèbre une forme […]

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Cet été, place à la vibrante diversité des scènes africaines et arabes ! De Montréal à Cape Coast, d’Agadir à Baalbeck, la rédaction a sélectionné dix festivals qui font résonner les cultures, les mémoires et les voix du Sud avec audace, exigence et créativité. Musiques, danses, contes, théâtre ou rituels, chaque rendez-vous célèbre une forme d’hospitalité artistique et de résistance joyeuse. Entre patrimoine vivant et pulsations contemporaines, voici dix escales incontournables pour écouter battre le cœur d’un monde en mouvement.

Timitar Festival : Agadir vibre aux sons amazighs et du monde entier

À Agadir, du 2 au 5 juillet 2025, le Timitar Festival célèbre la musique amazighe en la mêlant à des sons venus des quatre coins du monde. Un rendez-vous culturel aussi identitaire qu’international, enraciné dans la diversité marocaine.

Depuis sa création en 2004, le Timitar Festival s’est imposé comme une vitrine de la culture amazighe, tout en incarnant un modèle d’ouverture aux musiques du monde. Organisé à Agadir, perle du sud marocain, il attire chaque année des dizaines de milliers de spectateurs, venus écouter un éventail d’artistes aussi variés qu’engagés. L’édition 2025, qui se tiendra du 2 au 5 juillet, promet une programmation audacieuse : fusion de sonorités berbères, rythmes subsahariens, électronique alternative, jazz nomade et rap marocain. Ce dialogue musical est au cœur de la philosophie du festival : faire dialoguer les identités culturelles sans les diluer, créer du commun sans effacer les différences.

Le choix d’Agadir n’est pas anodin. Ville reconstruite après le séisme de 1960, elle incarne une résilience qui fait écho à celle des musiques traditionnelles amazighes, longtemps marginalisées puis réhabilitées comme trésors du patrimoine national. À Timitar, cette mémoire s’exprime dans les chants poétiques d’artistes comme Fatima Tihihit ou Raïs Hassan Arsmouk, tout en se réinventant dans les expérimentations de la jeune garde, à l’image du groupe Ribab Fusion. L’édition 2025 s’annonce comme une passerelle entre générations : une scène sera dédiée aux jeunes artistes marocains qui mêlent langue amazighe, beat digital et engagement politique.

Mais le festival ne se limite pas à la musique. Depuis plusieurs années, des ateliers sont organisés en marge des concerts : initiation à l’écriture tifinagh, débats sur la place de la culture amazighe dans les médias, performances poétiques, expositions de photographies rurales, lectures de contes. En ce sens, Timitar est autant un espace festif qu’un laboratoire culturel. Cette volonté de croiser les formes artistiques est renforcée en 2025 par une collaboration inédite avec des artistes du Sahel, venus du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Au programme : rencontres autour de la musique touarègue, concerts partagés, jam sessions entre n’goni et ribab.

Le contexte géopolitique régional n’est pas étranger à ce choix. Alors que les tensions identitaires ressurgissent à travers le Maghreb et le Sahel, Timitar oppose une réponse pacifique et constructive : mettre en avant les langues minorées, les traditions orales, les rituels collectifs comme autant de formes de résistance et de fierté. Le festival rappelle que la culture amazighe, loin d’être folklorique, est un vecteur de pensée et de modernité. On y débat autant qu’on y danse. En témoigne la présence, cette année, de conférenciers et penseurs issus de la diaspora amazighe en Europe, venus parler des liens entre patrimoine et lutte écologique.

Le festival est aussi un enjeu touristique pour Agadir, qui voit ses hôtels se remplir chaque début juillet. Mais l’organisation veille à limiter l’impact environnemental de l’événement. Depuis 2022, des engagements concrets ont été pris : tri sélectif, limitation des plastiques, navettes collectives depuis les plages et les périphéries, sensibilisation à la pollution sonore. Les scènes principales – situées à la place Al Amal, à la marina et au théâtre en plein air – sont équipées de dispositifs acoustiques conçus pour minimiser les nuisances pour les riverains.

Dans un Maroc en pleine redéfinition culturelle et politique, Timitar conserve une portée symbolique forte. Les artistes invités – du rappeur Dizzy Dros à la chanteuse touarègue Fatoumata Diawara, en passant par les chœurs rifains de Chefchaouen – incarnent cette volonté de tisser des ponts. En 2025, le slogan du festival reste inchangé : « Les artistes amazighs accueillent les musiques du monde ». Une formule simple, mais toujours aussi nécessaire.

Informations pratiques :

Dates : du 2 au 5 juillet 2025
Lieu : Agadir, Maroc – Scènes principales : Place Al Amal, Marina, Théâtre de Verdure
Entrée : gratuite (certains événements sur inscription)
Transport : Navettes locales prévues depuis les hôtels, taxis collectifs
Hébergement : Hôtels partenaires à tarifs réduits via le site officiel
Contact & programme : www.timitar.org

Wassa’n Africa : Launac célèbre vingt ans de culture subsaharienne

Du 4 au 6 juillet 2025, le parc municipal de Launac révèlera sa 20ᵉ édition de Wassa’n Africa, un festival gratuit mettant à l’honneur musiques, danses, arts et échanges interculturels entre artistes africains et locaux dans un cadre convivial et engagé.

Depuis sa création en 2005, Wassa’n Africa s’est imposé comme un rendez-vous incontournable des cultures subsahariennes en Occitanie. Ce festival gratuit, implanté sur trois jours du 4 au 6 juillet 2025 dans le parc municipal de Launac (Haute-Garonne), est une invitation à voyager sans quitter la région. Au fil des années, son esprit convivial et sa programmation mêlant artistes de renom, jeunes talents et artisans ont fait de cet événement une halte culturelle majeure, fondée sur l’échange, le partage et la convivialité.

L’édition 2025 célèbre ses vingt ans avec une énergie renouvelée : concerts, contes, ateliers, marché artisanal et stages rythmeront ces trois journées. Sur la scène principale, le Sénégalais Bakh Yaye, pionnier de la scène folk locale, relancera les festivités le vendredi à 19h30, suivi du Rabie Houti Band du Maroc à 21h, avec leur fusion arabo-andalouse jubilatoire, puis SOFAZ, jeune groupe de maloya électro, pour clore la soirée.

Le samedi promet une journée rythmée, dès 10h, avec ateliers de percussions animés par Adama Dramé (Burkina Faso). À la tombée du jour, le Nigerien Fiac Sy proposera une performance hybride de rap et calebasse, suivi du maître de djembé Dramé en concert, avant de céder la scène à Manu Sissoko (Mali-France), figure de la world fusion, à 22h30. DJ Djib’Son et DJ Kalifa assureront les fins de soirée pour prolonger la fête.

Le dimanche sera l’occasion d’un marché permanent d’artisans africains, d’automatismes au Balafon, d’initiation au ngoni ou à la danse traditionnelle, d’un conte musical sous l’arbre à palabres animé par le griot sénégalais Aboubacar Ndiaye, et d’une grande fête des percussions avec PercuSound à 17h30. Les concerts de chorales gospel et de l’orchestre Balafon Kanazoé dès 19h30 marqueront la soirée, avant un nouveau set de DJ Djib’Son.

Wassa’n Africa ne se réduit pas à une programmation musicale : il incarne une démarche interculturelle, entre Occitanie et Afrique. Des expositions photographiques, des stages de sculpture ou de conte, un marché artisanal, un pôle jeune public, ainsi que des débats autour du vivre-ensemble enrichissent l’expérience du festival. L’ancrage local est complémentaire d’une ambition globale : faire circuler art et savoirs entre Toulouse et Bamako, entre Launac et Ouagadougou, entre solidaires et voyageurs.

Le festival a consolidé ses engagements : gratuité totale, accès facilité, animations pour tous les publics, accueil des familles, coopération avec les institutions locales (Mairie, Communauté de communes), partenaires sociaux et éducatifs. Il propose également du camping sur site, gratuit et accessible sur inscription, avec sanitaires disponibles, et favorise le covoiturage ou le train pour réduire l’empreinte carbone. Les bouteilles en verre, feux pyrotechniques et objets dangereux sont interdits, garantissant un espace sûr et respectueux.

Au fil des éditions, Wassa’n Africa s’est ouvert à la francophonie et aux diasporas, en intégrant au-delà de l’Afrique des spectacles caribéens ou afro-québécois, en encourageant jeunes créateurs et programmation inclusive. En 2025, le festival est un véritable chantier de co-construction culturelle, où bénévoles, public, institutions et artistes bâtissent un projet commun.

En un mot, Wassa’n Africa est un manifeste d’hospitalité. Un lieu où, pendant trois jours, Launac devient capitale de l’Afrique en Occitanie. Là où les frontières tombent, reste la musique, la parole, le geste. Trois jours pour apprendre, partager, vibrer ensemble. Trois jours pour réenchanter le monde, une tambour à la main, sous les arbres centenaires d’un parc du Sud-Ouest.

 

Informations pratiques :

Dates : du 4 au 6 juillet 2025
Lieu : Parc municipal de Launac (31330 Launac, Haute-Garonne, France)
Accès : 30 minutes de Toulouse – covoiturage, train + navette, stationnement parking du parc
Entrée : gratuite, sans réservation
Programme complet : concerts, ateliers et expos répartis sur 3 jours
Ateliers : percussions, danse, conte, balafon, ngoni — inscription à l’accueil
Camping : gratuit (sur inscription) avec sanitaires disponibles    
Restauration : stands de cuisine africaine, marché d’artisanat
Restrictions : pas de bouteilles en verre, feux, objets tranchants
Contact et infos : info@wassanafrica.com ; tél. +33 6 70 38 92 50
Site officiel : www.wassanafrica.com 

Nuits d’Afrique : Montréal, carrefour vibrant des diasporas sonores

Du 8 au 20 juillet 2025, Montréal vibre au rythme du Festival International Nuits d’Afrique. Musiques afro-caribéennes, concerts de rue, scènes urbaines et mémoires sonores de la diaspora tissent, au cœur du Québec, un patchwork culturel incandescent.

Depuis près de quarante ans, les Nuits d’Afrique ne dorment jamais. À Montréal, chaque été, elles réveillent les imaginaires, les corps et les mémoires. Du 8 au 20 juillet 2025, la métropole québécoise accueillera la 39e édition du Festival International Nuits d’Afrique, devenu au fil des décennies la plus grande célébration des musiques d’Afrique, des Antilles et d’Amérique latine en Amérique du Nord. L’événement se déploiera comme toujours dans le Quartier des Spectacles, au cœur de la ville, mais aussi dans les parcs, les clubs, les cafés et les artères culturelles, pour une quinzaine de jours d’effervescence populaire, joyeuse, revendicative et musicale.

Nuits d’Afrique est bien plus qu’un festival. C’est un manifeste sonore de la diversité. Un espace où les héritages diasporiques prennent scène et sens. Fondé en 1987 par Lamine Touré, originaire du Sénégal, l’événement est né de l’envie de faire entendre les musiques afrodescendantes dans une société québécoise encore peu familière avec ces rythmes. Aujourd’hui, c’est un incontournable du calendrier culturel de Montréal, une institution à la fois festive et politique. Chaque année, plus de 100 concerts, ateliers et spectacles sont proposés, réunissant près de 700 artistes issus de 30 pays, sur six scènes principales, entre salles de concert, places publiques et clubs.

L’édition 2025 mettra à l’honneur les rythmes afro-futuristes, avec une programmation tournée vers les croisements entre traditions africaines et musiques électroniques. Le Béninois Arnaud Dolmen ouvrira le bal avec un set de jazz créole électrisé, suivi du Camerounais Blick Bassy, qui présentera Mádibá, un projet mêlant bassa, électro et performance visuelle. Du côté des Antilles, la Martiniquaise Christine Salem fera entendre ses maloyas en fusion avec des textures urbaines. Le dancehall, le zouglou, l’amapiano, l’afrobeats et le gwo ka seront aussi représentés dans des formats hybrides, créatifs, et résolument tournés vers les jeunes générations.

Le cœur battant du festival, c’est la grande scène extérieure du Parterre du Quartier des Spectacles. Là, pendant onze jours, les concerts s’enchaînent en plein air, gratuits et accessibles à tous. L’ambiance y est unique : familles, danseurs, militants, touristes, nostalgiques, enfants, couples, communautés africaines, caribéennes, haïtiennes, maghrébines, tout le monde s’y retrouve. Le brassage n’est pas une stratégie, c’est une réalité. Entre deux concerts, on croise des stands de cuisine sénégalaise, des artisans ivoiriens, des tatoueurs peuls, des DJ de Kinshasa ou de Brooklyn. On ne célèbre pas seulement des musiques, mais des langues, des tissus, des gestes, des mémoires et des liens.

Au-delà de la scène, le festival propose aussi une série d’activités gratuites : conférences sur les cultures afrodescendantes, contes pour enfants, projections de documentaires, ateliers de percussions, d’écriture rap ou de danse sabar. En 2025, un cycle de tables rondes explorera la notion de « futur noir » dans les arts contemporains. À la Maison de la Culture Côte-des-Neiges, une exposition collective présentera des œuvres visuelles inspirées de l’afro-diaspora et des identités métissées. Ce volet réflexif, souvent ignoré du grand public, donne à Nuits d’Afrique sa profondeur rare : on y célèbre la joie, mais on y pense aussi le déracinement, l’injustice, la violence symbolique, et surtout la réparation par l’art.

Nuits d’Afrique est aussi une formidable rampe de lancement pour les artistes émergents. Chaque année, le festival organise un concours appelé Les Syli d’Or, où de jeunes talents s’affrontent lors de soirées live. Le public et un jury mixte votent pour désigner les lauréats, qui bénéficient ensuite d’un accompagnement professionnel, d’une tournée et d’un enregistrement. Plusieurs artistes aujourd’hui reconnus sont passés par cette scène tremplin. Cette dynamique d’accompagnement des artistes issus des communautés migrantes est au cœur de la mission du festival : transformer la visibilité en légitimité, et faire de la scène montréalaise un espace de reconnaissance durable.

Informations pratiques :

Dates : du 8 au 20 juillet 2025
Lieu : Quartier des Spectacles, Montréal, Canada
Accès : métro Place-des-Arts, navettes depuis les arrondissements périphériques
Billetterie : concerts extérieurs gratuits, spectacles en salle payants (tarifs variables)
Langues : français, anglais, créole, wolof, lingala (programmation multilingue)
Hébergement : hôtels partenaires, auberges et logements temporaires disponibles
Site officiel : www.festivalnuitsdafrique.com

Festival International de Carthage : dans l’arène antique, les musiques d’aujourd’hui

Du 17 juillet au 21 août 2025, le Festival International de Carthage célèbre sa 59e édition. Dans les vestiges d’un empire, musiques arabes, africaines et mondiales se croisent, entre mémoire classique et pulsations modernes.

Dans l’amphithéâtre romain de Carthage, chaque pierre semble porter en elle un millénaire de voix. Voix d’orateurs, de gladiateurs, de conquérants, puis, plus récemment, de poètes, de rockeurs et de stars de la scène arabe. Depuis 1964, le Festival International de Carthage fait résonner ces ruines de sons venus d’ailleurs, de rythmes enracinés et d’échos nouveaux. L’édition 2025, la 59e, se tiendra du 17 juillet au 21 août, et malgré les coupes budgétaires et les crispations politiques, elle promet une programmation dense, traversée par les grands courants artistiques du moment.

À Carthage, on ne choisit pas entre la tradition et l’innovation. On joue sur les deux tableaux. Le festival reste l’un des rares de la région à pouvoir accueillir aussi bien des orchestres symphoniques que des têtes d’affiche du rap arabe, des troupes de théâtre palestiniennes et des ballets venus de Cuba. Cette année encore, la diversité prévaut. La soirée d’ouverture sera confiée à l’Orchestre national tunisien, accompagné d’une troupe andalouse dans un spectacle intitulé Mémoire d’al-Andalus, hommage aux liens séculaires entre Maghreb et péninsule ibérique.

Viendront ensuite les grands noms : Cheb Khaled, toujours fidèle au site, proposera une soirée de raï fusion avec des artistes gnawa et des musiciens maliens. La chanteuse soudanaise Rasha prendra la scène pour une veillée acoustique à la lumière des tambours hausa. Côté hip-hop, le rappeur palestinien Saint Levant partagera l’affiche avec Balti, figure du rap tunisien, pour une soirée « Mashreq-Maghreb » très attendue. Une création inédite rassemblera également la Libanaise Tania Saleh, l’Égyptienne Dina El Wedidi et la Franco-Comorienne Imany pour un trio féminin intitulé Voix libres, mêlant folk, blues, et chant soufi.

Mais Carthage n’est pas qu’un festival musical. Le théâtre y garde une place centrale, en arabe, en dialectal, en français, parfois sans paroles. Le metteur en scène Fadhel Jaïbi y présentera Boussa el Watan, satire politique sur la mémoire et l’amnésie nationale. En partenariat avec l’Institut français de Tunisie, deux pièces contemporaines venues du Sahel — l’une nigérienne, l’autre burkinabè — viendront croiser les imaginaires postcoloniaux dans un diptyque percutant. Côté danse, la chorégraphe Faïza Kefi proposera un solo de 50 minutes sur la question de la transmission maternelle dans les sociétés rurales tunisiennes. À l’heure où la jeunesse tunisienne questionne ses racines, ses repères et son avenir, la scène devient miroir.

Le festival s’ouvre aussi aux esthétiques numériques. Plusieurs soirées « visuelles » sont prévues : mapping sur les murs du théâtre, installations sonores, DJ sets à la croisée de l’afrotech et de l’électro orientale. Un hommage à l’artiste plasticienne Safia Farhat sera présenté en projection immersive. Le festival veut parler aux jeunes, non par stratégie de communication, mais parce que la jeunesse tunisienne est aujourd’hui porteuse de tension créatrice. Elle est à la fois héritière, résistante, impatiente.

Dans un pays où les budgets culturels fondent, où les libertés artistiques sont parfois mises à l’épreuve, le maintien d’une telle édition est une déclaration. Le Festival de Carthage n’est pas un divertissement : il est un espace de souveraineté symbolique. Il rappelle que la Tunisie est une nation culturelle avant d’être un champ de bataille politique. Qu’un peuple qui chante, qui écrit, qui joue, ne cède pas facilement à l’effacement. Et que, même fragilisé, le théâtre antique de Carthage continue de porter haut les voix de ceux qui refusent la résignation.

La scène est immense, les gradins majestueux, mais c’est souvent dans les silences entre deux morceaux, quand les projecteurs se figent sur une voix nue, qu’on mesure la force de ce lieu. Carthage n’est pas un festival de masse, c’est une mémoire partagée.

Informations pratiques :
Dates : du 17 juillet au 21 août 2025
Lieu : Théâtre romain de Carthage, Tunisie (proche de Tunis)
Accès : 25 minutes de route depuis le centre de Tunis – taxis, bus ou train TGM
Billetterie : en ligne via festivaldecarthage.tn ou points de vente culturels à Tunis
Entrée : billetterie modulée selon les spectacles – tarifs réduits pour étudiants
Langues : arabe, français, anglais – certains spectacles traduits ou surtitrés
Hébergement : hôtels à Carthage, Sidi Bou Saïd et Tunis – partenariats hôteliers disponibles

Baalbeck International Festival : Carmen sous les colonnes, l’art debout au Liban

Du 25 juillet au 8 août 2025, le Festival International de Baalbeck renaît sous le signe de l’opéra. La première représentation de Carmen ayant été sold out, une seconde soirée a été ajoutée, preuve que l’art triomphe même dans l’incertitude.

L’an dernier, alors que la guerre entre Israël et le Hezbollah faisait rage au sud, le Liban entier retenait son souffle. À Baalbeck, dans la vallée de la Békaa, les colonnades romaines du temple de Bacchus semblaient attendre, stoïques et vulnérables. Il suffisait d’un missile mal orienté pour que deux mille ans d’histoire s’effondrent. Mais l’été passa, les pierres tinrent bon. Et en 2025, le Festival International de Baalbeck revient, plus vivant que jamais. Il s’ouvrira par Carmen de Bizet, les 25 et 26 juillet — non pas une, mais deux représentations : la première soirée ayant été vendue en quelques heures, les organisateurs ont décidé de doubler l’opéra pour répondre à une demande populaire inédite.

Ce succès n’a rien d’anecdotique. Dans un pays ravagé par les crises économiques, les coupures d’électricité et les menaces géopolitiques, cette ruée vers un opéra est un acte collectif de foi dans la culture. Sur les marches du temple de Bacchus, Carmen prendra une dimension nouvelle. Mis en scène par Jorge Takla, dirigé par Toufic Maatouk, l’opéra sera interprété par l’Orchestre national de la Radio roumaine, avec le chœur de l’Université Antonine et la mezzo-soprano franco-algérienne Amel Brahim-Djelloul dans le rôle-titre. La tragédie de cette femme libre, passionnée, insoumise, résonnera avec les tumultes d’un pays qui refuse de plier.

Carmen parle de désobéissance, de dignité, de fierté.

Ce choix de programmation n’est pas simplement esthétique.  C’est l’histoire d’une femme, Carmen, qui choisit sa liberté jusqu’à la mort. À Baalbeck, ce récit devient une métaphore du Liban lui-même : menacé, déchiré, mais debout. En écho à cette ouverture lyrique, la clôture du festival sera confiée à Hiba Tawaji, le 8 août, pour un concert événement intitulé Stages – حقبات, retraçant en musique les grandes ères de la chanson arabe moderne, de Fairuz aux compositions Rahbani.

Entre ces deux temps forts, le festival offrira une série de rendez-vous hybrides : le 31 juillet, concert du duo franco-libanais Bachar Mar-Khalifé et Jeanne Added ; spectacles de danse contemporaine inspirés de la mémoire paysanne de la Békaa ; projections visuelles nocturnes dans les galeries du temple. En 2025, Baalbeck renforce sa volonté d’ouverture : il ne s’agit plus seulement d’un festival de musique classique, mais d’un espace de création vivante, polyphonique, indocile.

Ce qui frappe à Baalbeck, c’est la persistance du sublime dans un monde fracturé. Depuis 1956, le festival est un acte de résistance poétique. Même au plus fort de la guerre civile, il a tenu, migrant parfois vers Beyrouth, adaptant ses formats, mais refusant de disparaître. Aujourd’hui, alors que le Liban traverse une crise sans précédent, les organisateurs refusent de renoncer. Le festival s’auto-produit en grande partie, mobilise des mécènes privés, active des réseaux de bénévoles. Les techniciens dorment sur place, les artistes jouent parfois sans cachet. Baalbeck est devenu une affaire de survie culturelle.

Et le public suit à chaque fois que c’est possible. Les gradins se remplissent alors d’un mélange unique : familles de la région, diplomates de passage, membres de la diaspora, étudiants en arts dramatiques, touristes intrépides, enfants en robes blanches émerveillés par la musique. À Baalbeck, le silence entre deux notes n’est jamais vide : il est rempli de mémoire. C’est ce que comprend tout visiteur, en voyant Carmen s’avancer sur la scène, sa voix s’élever dans l’air chaud de la vallée, entourée de colonnes dressées comme des cierges millénaires. La beauté ne guérit pas le pays, mais elle le garde habitable.

En 2025, Carmen ne vient pas en décor. Elle vient en réponse. Et l’ajout d’une seconde soirée n’est pas une simple reprise de billetterie : c’est un signal. Dans un Liban qui doute de tout, y compris de son lendemain, plus de 2 000 personnes ont choisi de commencer leur été par une tragédie chantée, offerte aux dieux de pierre et au peuple qui persiste.

Informations pratiques :

Dates : Carmen les 25 et 26 juillet 2025 ; Hiba Tawaji – Stages le 8 août 2025
Lieu : Site archéologique de Baalbeck, vallée de la Békaa, Liban
Accès : navettes depuis Beyrouth (2h30 de route), parkings surveillés à l’entrée du site
Billets : disponibles sur www.baalbeck.org.lb et dans les points de vente agréés (tarifs variables selon les spectacles)
Hébergement : hôtels à Zahlé, maisons d’hôtes locales, logements temporaires proposés par le festival
Langues : spectacles en français, arabe ou multilingue selon les soirées

Festival International de Hammamet : théâtre et musiques à fleur de Méditerranée

Du 8 juillet au 12 août 2025, le Festival International de Hammamet revient sur la scène du Centre Culturel International. Musique, théâtre, danse et poésie s’y entremêlent, dans une Tunisie marquée par la transition mais fidèle à sa tradition artistique.

Perché au-dessus des vagues, au cœur d’un jardin d’eucalyptus, l’amphithéâtre du Centre Culturel International de Hammamet est bien plus qu’un lieu. C’est un geste architectural tourné vers la Méditerranée, une main tendue au dialogue, un bastion discret de la culture tunisienne. Depuis 1964, le Festival International de Hammamet y célèbre chaque été les arts vivants avec une élégance discrète et une programmation exigeante. En 2025, il se tiendra du 8 juillet au 12 août, et s’annonce comme un souffle de respiration dans une Tunisie en mutation, ballotée entre incertitude politique et soif d’expression.

La 57e édition de ce rendez-vous estival continue de miser sur la diversité des formes : théâtre d’auteur, concerts acoustiques, chorégraphies contemporaines, lectures poétiques, et rencontres transdisciplinaires. Ce qui distingue Hammamet des autres festivals du Maghreb, ce n’est pas l’ampleur des foules ou l’exubérance des scènes, mais l’intimité, le respect du texte, la fidélité au geste. Ici, la mer n’est pas une toile de fond, elle est un partenaire de jeu. Le vent du soir, les cigales et les silences font partie intégrante du spectacle.

L’édition 2025 rendra un hommage particulier à l’écrivain Albert Memmi, enfant de la médina de Tunis et penseur du double exil, disparu il y a cinq ans. Une lecture scénique de La Statue de sel par l’acteur Sami Bouajila ouvrira la saison, suivie d’une création musicale autour de ses textes par le compositeur Zied Zouari. L’ombre bienveillante de la pensée décoloniale planera sur l’ensemble du programme, sans jamais devenir pesante. Le théâtre sera représenté cette année par la Compagnie El Teatro, avec une relecture arabe de Médée signée Fadhel Jaïbi. Sur scène, la comédienne Ghalia Benali interprétera une Médée contemporaine, entre chant guttural et cri maternel, dans une performance saluée au Festival d’Avignon Off.

La musique, elle, sera portée par des figures fidèles au lieu : le chanteur libanais Charbel Rouhana viendra présenter un répertoire inédit de oud aux frontières du jazz, tandis que la Soudanaise Alsarah & the Nubatones donnera un concert afro-électro aux rythmes de transe urbaine. L’Algérien Sofiane Saïdi proposera un set raï digital, et la chanteuse tunisienne Emel Mathlouthi reviendra, le 2 août, pour une soirée attendue mêlant ses nouveaux titres et ses hymnes engagés. Ce moment s’annonce particulièrement symbolique : l’artiste, exilée entre New York et Paris, retrouvera pour la première fois depuis dix ans le public tunisien qui l’avait érigée en icône pendant la Révolution de 2011.

À Hammamet, la scène ne s’arrête pas aux gradins. Chaque matin, des ateliers sont proposés : écriture, marionnette, création sonore, photographie documentaire. Des rencontres avec les artistes ont lieu sous les pins, à l’ombre du café littéraire. Le festival s’adresse à un public large, mais refuse la vulgarisation. Il s’adresse autant aux familles en vacances qu’aux jeunes comédiens en formation, aux retraités mélomanes qu’aux militants culturels. Son équilibre repose sur une alchimie rare : ancrage local, ouverture internationale, liberté de ton.

Dans une Tunisie traversée par les tensions — chômage des jeunes, durcissement sécuritaire, pressions sur les libertés d’expression — Hammamet résiste, à sa manière. Sans slogans, sans effets, mais avec constance. Il offre chaque été une scène à ceux qu’on entend peu : femmes poètes du Sud, collectifs queer, artistes du rural, jeunes de la diaspora. Il ne prétend pas révolutionner le pays, mais le réconcilier avec lui-même, en douceur. Loin des festivals massifs et des programmations tapageuses, il est un luxe fragile, une oasis culturelle à défendre.

Cette année encore, les soirs de juillet et d’août verront le public se presser sur les gradins, un coussin à la main, les yeux tournés vers la mer, le cœur un peu suspendu. Le théâtre, la danse, la parole reviendront. Et avec elles, une forme de dignité tranquille. Hammamet n’élève pas la voix : il la fait entendre.

Informations pratiques :

Dates : du 8 juillet au 12 août 2025
Lieu : Centre Culturel International de Hammamet, Tunisie
Accès : 1h de route depuis Tunis – transports collectifs ou taxis recommandés
Billetterie : sur place ou via le site officiel festivaldehammamet.com
Entrée : billetterie variable selon les spectacles, certains événements gratuits
Langues : arabe, français, anglais selon les performances – programme bilingue
Hébergement : hôtels à Hammamet, auberges partenaires à tarif réduit

Giants of Africa : Kigali fait du basketball une scène culturelle panafricaine

Du 26 juillet au 2 août 2025, Kigali accueillera le Giants of Africa Festival. À la croisée du sport, de la musique et du leadership, l’événement transforme le basketball en levier culturel pour une jeunesse africaine avide d’avenir.

Ce n’est pas un simple tournoi, ni une simple célébration. Le Giants of Africa Festival, fondé par Masai Ujiri — président des Toronto Raptors et visionnaire du sport africain — est devenu en l’espace de quelques années un laboratoire de transformation sociale. Du 26 juillet au 2 août 2025, Kigali, capitale du Rwanda, accueillera la nouvelle édition de cet événement multidimensionnel, qui mêle basket, musique, art, développement personnel et leadership. Un festival conçu non pas pour le spectacle mais pour l’impact. Ici, le sport est un langage, un catalyseur, un espace d’apprentissage et de projection. Il n’est plus seulement question de gagner un match, mais de construire des trajectoires de vie.

Depuis sa création en 2003, Giants of Africa n’a cessé de s’étendre à travers le continent, de Lagos à Dakar, d’Abidjan à Nairobi, mais Kigali reste sa capitale symbolique. C’est là que Masai Ujiri a choisi de faire converger les talents du continent, non pour les sélectionner ou les recruter, mais pour leur transmettre une énergie : celle de croire en leur potentiel et d’imaginer un futur à leur mesure. L’édition 2025 réunira plus de 300 jeunes venus de 16 pays africains, sélectionnés pour leurs qualités sportives mais aussi pour leur engagement social et leur esprit collectif. Tous participeront à une semaine de bootcamp intensif, alternant entraînements sur terrain, sessions de mentorat, conférences sur l’entrepreneuriat, la santé mentale, l’art oratoire ou l’écologie.

Car Giants of Africa, c’est d’abord un projet d’éducation. Pendant huit jours, les jeunes vivent ensemble dans un village sportif temporaire à la périphérie de Kigali. Ils mangent, s’entraînent, débattent, écrivent, présentent des projets. Chaque journée commence par un cercle de parole où les coachs — parfois d’anciens champions NBA, parfois de jeunes militantes écologistes — viennent briser les barrières entre disciplines. En soirée, la ville se transforme : projections de films africains en plein air, concerts de rappeurs rwandais et nigérians, jam sessions entre DJ locaux et percussionnistes sénégalais. L’un des temps forts attendus est la performance live de Burna Boy sur le parvis du BK Arena, en clôture du festival.

Ce qui distingue Giants of Africa des autres festivals culturels du continent, c’est sa philosophie intégrée. L’art n’y est pas décoratif, le sport n’y est pas compétitif pour lui-même, et le développement personnel ne s’y réduit pas à des slogans. Tout est conçu pour accompagner les jeunes à devenir des « géants », non pas en taille, mais en vision. Certains repartiront avec des bourses, d’autres avec des réseaux professionnels, mais tous avec une expérience collective fondatrice. Masai Ujiri l’affirme dans chacun de ses discours : « Le basket m’a donné une voix, je veux qu’il leur donne un avenir. »

Le choix du Rwanda ne doit rien au hasard. Le pays s’est hissé en quelques années au rang de modèle régional en matière d’infrastructure, d’organisation et de résilience. Kigali, ville verte et connectée, offre un cadre sécurisé, moderne et dynamique. Le partenariat entre Giants of Africa et le gouvernement rwandais permet d’ancrer le festival dans des politiques publiques de jeunesse. Plusieurs ministères y sont associés : culture, sports, éducation, numérique. Des jeunes entrepreneurs rwandais interviendront cette année sur l’innovation agricole, les technologies vertes et l’industrie de la mode éthique.

En 2025, le thème du festival est « Own the Game. Own the Story. » Ce mot d’ordre en dit long : il ne suffit plus de jouer, il faut raconter le jeu, en devenir les auteurs.

Informations pratiques :
Dates : du 26 juillet au 2 août 2025
Lieu : Kigali, Rwanda (principalement au BK Arena et Kigali Arena)
Accès : vols internationaux vers l’aéroport de Kigali – navettes gratuites depuis les hôtels partenaires
Public : entrées gratuites sur inscription, certains événements accessibles uniquement aux participants sélectionnés
Langues : anglais, kinyarwanda, français (traduction simultanée possible)
Hébergement : hôtels et résidences universitaires à Kigali – réservation conseillée
Programme et inscriptions : www.giantsofafrica.org

Jerash Festival : théâtre antique et voix arabes sous les étoiles jordaniennes

Du 23 juillet au 2 août 2025, le Festival de Jérash redonne vie aux pierres antiques de la cité romaine jordanienne. Musique, théâtre et poésie s’invitent dans les ruines pour célébrer la culture arabe sous toutes ses formes.

Il y a des lieux où l’Histoire semble suspendue, et d’autres où elle vibre à nouveau sous les pas des artistes. Jérash est de ceux-là. Au nord d’Amman, cette ancienne cité de la Décapole romaine, célèbre pour ses colonnades, ses temples et son théâtre antique, accueille depuis plus de quarante ans un événement culturel majeur du monde arabe : le Jerash Festival of Culture and Arts. Du 23 juillet au 2 août 2025, la 39e édition de ce rendez-vous emblématique proposera dix jours de spectacles dans un cadre qui ne cesse de fasciner par sa majesté. Plus qu’un festival, c’est une rencontre entre les vivants et les vestiges, entre les cultures du Levant et les expressions contemporaines.

Créé en 1981 sous l’impulsion de la Reine Noor de Jordanie, le festival avait pour ambition de faire revivre le patrimoine gréco-romain de Jérash en y insérant une voix arabe. Depuis, des centaines d’artistes du monde arabe s’y sont succédé, de Fairuz à Marcel Khalifé, de Sabah Fakhri à Majida El Roumi. Mais Jerash n’est pas figé dans la nostalgie. L’édition 2025 mettra à l’honneur une nouvelle génération de créateurs et créatrices qui interrogent le rapport à la langue, à la mémoire et à l’identité dans un monde globalisé.

Au programme cette année, une ouverture lyrique avec le ténor jordanien Zaid Nasser et un orchestre symphonique régional, suivi d’un hommage poétique aux poètes martyrs de Gaza et de Bagdad. Les soirées suivantes accueilleront des performances de dabkeh revisitées, des concerts de oud électro et des lectures croisées entre poésie arabe classique et slam contemporain. Plusieurs artistes femmes seront mises à l’honneur, notamment la chanteuse libanaise Yasmine Hamdan et la Tunisienne Ghalia Benali, dont la voix habitée réconcilie Orient et jazz. Le festival s’ouvrira également à des formes non musicales : spectacles de marionnettes syriennes, théâtre palestinien, calligraphie en direct, et projection de courts-métrages autour du thème de la migration.

Ce qui fait la particularité du Jerash Festival, ce n’est pas seulement la qualité de sa programmation, mais l’alchimie entre cette dernière et son décor. Assister à un récital de qanûn sous les étoiles du théâtre sud, à une pièce de théâtre dans le forum ovale, ou à un concert soufi devant l’arc d’Hadrien, c’est vivre une expérience sensorielle et spirituelle rare. La ville de Jérash devient, l’espace de dix jours, une scène totale, où les frontières entre art et vie se dissipent. L’acoustique naturelle du site romain donne une profondeur particulière aux voix, aux percussions, aux silences.

Le public, lui, est aussi multiple que le festival : familles jordaniennes venues d’Amman ou d’Irbid, touristes arabes du Golfe ou du Levant, visiteurs occidentaux curieux de découvrir une autre facette du monde arabe, mais aussi jeunes artistes en quête d’inspiration. Cette diversité fait la richesse du festival, mais aussi sa responsabilité. En Jordanie, pays-refuge depuis des décennies, Jerash est un espace d’expression fragile, qui tente de maintenir la culture comme un rempart face aux crises régionales. En accueillant des artistes syriens, palestiniens, yéménites et soudanais, le festival affirme sa vocation à être une agora culturelle de tout le monde arabe.

Pour l’édition 2025, les organisateurs ont mis en place un dispositif renforcé d’accessibilité : sous-titrage en anglais, accompagnement pour les visiteurs à mobilité réduite, navettes spéciales depuis Amman, mais aussi billetterie solidaire pour les jeunes réfugiés vivant en Jordanie. Une application mobile permettra également d’avoir accès au programme complet, aux biographies des artistes, aux plans du site et à des traductions en temps réel pour certaines performances.

 

Informations pratiques :

Dates : du 23 juillet au 2 août 2025
Lieu : Jérash, Jordanie (à 50 km au nord d’Amman)
Accès : navettes quotidiennes depuis Amman (bus spéciaux organisés par le festival)
Billetterie : sur place et en ligne, avec des options gratuites pour certains spectacles
Langues : arabe, anglais (traduction simultanée disponible pour certaines performances)
Hébergement : hôtels et maisons d’hôtes à Amman, possibilité de campements temporaires à proximité du site
Site officiel : www.jerashfestival.jo

Le Durban International Film Festival célèbre le cinéma africain et mondial

Du 17 au 27 juillet 2025, le Durban International Film Festival propose une centaine de films venus d’Afrique et du monde. Un rendez-vous historique pour découvrir les nouvelles voix du continent, entre engagement social, fiction indépendante et mémoire en mouvement.

Depuis 1979, le Durban International Film Festival (DIFF) s’impose comme l’un des événements culturels majeurs du continent africain. Chaque mois de juillet, pendant dix jours, cinéastes, critiques, étudiants et spectateurs se retrouvent dans cette ville portuaire d’Afrique du Sud, le temps d’un dialogue ouvert entre les images et les peuples. L’édition 2025, qui se tiendra du 17 au 27 juillet, réunira plus de 200 projections issues d’une cinquantaine de pays, avec une attention particulière portée aux productions africaines et diasporiques.

La force du DIFF réside dans sa diversité de formats et de lieux : longs-métrages de fiction, documentaires, courts, animations, séries web, créations hybrides, le tout réparti dans plusieurs salles de cinéma de Durban mais aussi dans des quartiers périphériques, des campus, des centres communautaires et même en plein air. Cette volonté de décentralisation permet au festival d’atteindre un large public, y compris dans les zones où l’accès au cinéma reste rare. Car ici, le 7ᵉ art n’est pas un luxe réservé à une élite : il est outil d’émancipation, de mémoire et de lien social.

Le cinéma africain y est à l’honneur sous toutes ses formes : expérimentations visuelles, récits de femmes, fictions urbaines, archives réinterprétées. En 2025, les films attendus incluent des œuvres venues du Ghana, du Maroc, du Kenya, du Rwanda, d’Algérie, du Mozambique ou de Tunisie. À leurs côtés, des productions venues d’Inde, d’Iran, du Brésil, de Corée ou du Mexique rappellent que Durban, au bord de l’océan Indien, est une porte d’entrée vers le Sud global. Le DIFF est un lieu de circulation des imaginaires, un carrefour d’esthétiques contemporaines souvent absentes des grands festivals occidentaux.

Mais le DIFF, c’est aussi un espace de formation et d’accompagnement. Son programme « Isiphethu », destiné aux jeunes talents d’Afrique australe, propose des ateliers de scénario, des résidences d’écriture, des masterclasses avec des réalisateurs confirmés, et un accompagnement à la production. En parallèle, le Durban FilmMart, véritable marché du film panafricain, facilite les coproductions entre professionnels du continent et du monde entier. Cette dynamique fait du DIFF un incubateur majeur pour les cinémas du futur.

Engagé depuis ses débuts dans les luttes sociales, le festival n’oublie pas ses racines politiques. Né à l’époque de l’apartheid, il a toujours cherché à donner la parole aux sans-voix. En 2025, des débats porteront sur la justice environnementale, les violences de genre, les nouvelles formes de censure, la mémoire postcoloniale ou encore la résistance culturelle. Certaines projections seront suivies de rencontres avec les réalisateurs, de discussions avec des associations locales ou d’actions de sensibilisation dans les écoles. Le festival revendique son rôle d’agitateur doux, dans un pays où l’accès à la culture reste inégal.

Enfin, le DIFF est aussi un rendez-vous festif. Chaque soir, des concerts, lectures, performances ou DJ sets prolongent les projections dans une ambiance conviviale. Le festival se vit dans les salles, mais aussi dans la rue, les cafés, les universités. On y croise autant des réalisateurs primés que des jeunes curieux venus découvrir leur premier film. À Durban, le cinéma est une fête sérieuse, une manière de penser le monde tout en le vivant.

 

Informations pratiques :
Dates : du 17 au 27 juillet 2025
Lieux : Durban, Afrique du Sud – cinémas Suncoast CineCentre, Ster-Kinekor Gateway, campus universitaires, centres communautaires
Entrée : pass festival (6 tickets à R250 ou 8 tickets à R320), tickets à l’unité sur place
Langues : films en anglais ou sous-titrés – débats et ateliers majoritairement en anglais
Accès : vols réguliers vers King Shaka International Airport, transports en commun ou navettes locales
Hébergement : hôtels, guesthouses et résidences universitaires à proximité des lieux du festival
Programme complet : www.ccadiff.ukzn.ac.za

À Cape Coast, l’Afrique s’écrit en mémoire et en futur avec PANAFEST 

Du 24 juillet au 3 août 2025, le Ghana accueillera PANAFEST, le Festival panafricain du théâtre et des arts. Un événement mémoriel et artistique qui interroge l’héritage de l’esclavage tout en célébrant la créativité du continent africain.

Il y a des festivals qui divertissent, d’autres qui éveillent, mais rares sont ceux qui relèvent à la fois de la mémoire, de la politique et de la culture. PANAFEST — acronyme de Pan-African Historical Theatre Festival — est de ceux-là. Du 24 juillet au 3 août 2025, le Ghana vibrera au rythme de ce festival unique, conçu comme un pont entre les peuples africains et leurs diasporas. Organisé alternativement entre Accra, Cape Coast et Elmina, il transforme les lieux marqués par l’histoire de la traite négrière en scènes vivantes où théâtre, musique, danse, conférences et rituels se répondent. En 2025, la thématique centrale — « Our Own Stories Shape Our Future » — insiste sur la nécessité de reconquérir le récit africain, de le réécrire avec ses propres mots, et de le transmettre à la jeunesse.

PANAFEST n’est pas qu’un événement artistique ; c’est une expérience initiatique. L’ouverture du festival se fait par une cérémonie de libation, à la mémoire des ancêtres déportés vers les Amériques. Puis vient la « Return Procession », marche silencieuse vers le fort d’Elmina, où les visiteurs traversent symboliquement la « Porte du non-retour » — le passage funeste par lequel des millions d’Africains furent arrachés à leur terre. Chaque année, cette marche provoque des larmes, des étreintes, des cris. Elle reconnecte les corps à une histoire souvent tue. À PANAFEST, la mémoire de l’esclavage ne se résume pas à une date ou un chapitre de manuel. Elle devient chair, rythme, danse et douleur.

L’édition 2025 prévoit une série de panels sur l’entrepreneuriat culturel, les industries créatives africaines, le panafricanisme numérique, et les luttes environnementales. Y participeront des figures telles que le Nigérian Akin Omotoso, la Rwandaise Sonia Rolland, le rappeur ghanéen M.anifest ou encore l’activiste jamaïcain Mutabaruka. La parole y est libre, ancrée, politique. Le festival fait le pari que la culture peut être un levier de souveraineté et non un simple outil de valorisation touristique. Ici, le griot côtoie le start-upper, la prêtresse vodou converse avec la sociologue afro-caribéenne, et les héritiers des résistants dialoguent avec ceux de la Black Panther Party.

La programmation musicale mêlera en 2025 rythmes traditionnels akan, afrobeat, spoken word, jazz créole et gospel militant. Les soirées se tiendront à l’Amphithéâtre National de Cape Coast, mais aussi sur les plages, dans les cours de maisons communautaires, et jusque dans les marchés. Ce choix de la décentralisation est volontaire : PANAFEST ne veut pas être un festival élitiste, mais une résonance populaire. L’ambiance y est électrique, entre ferveur militante et liesse carnavalesque. Les jeunes Ghanéens y côtoient des visiteurs venus d’Haïti, de Cuba, de la Barbade, des États-Unis ou du Brésil, venus retrouver une part d’eux-mêmes, dans ce continent qui les a vus partir, il y a des siècles, dans les cales d’un navire.

L’un des moments les plus forts du festival est sans doute le « Naming Ceremony », cérémonie symbolique par laquelle des membres de la diaspora reçoivent un nom africain et un certificat d’appartenance spirituelle au continent. C’est une manière de dire que l’exil ne brise pas le lien, que la généalogie peut transcender les siècles. Loin d’être folklorique, cet acte touche à l’intime, au droit à l’identité. Plusieurs invités de marque ont déjà confirmé leur présence cette année, dont des représentants du Smithsonian, des leaders rastafaris, et des artistes issus du mouvement Black Lives Matter. Le festival a aussi noué un partenariat inédit avec le Musée du Quai Branly à Paris pour une série d’échanges sur la restitution des œuvres africaines.

PANAFEST est, enfin, une invitation à la responsabilité. Il engage chacun, Africain du continent ou de la diaspora, à penser la mémoire non comme un poids, mais comme un socle.

 

Informations pratiques :

Dates : du 24 juillet au 3 août 2025
Lieux : Accra, Cape Coast, Elmina (Ghana)
Entrée : gratuite pour les cérémonies publiques, billetterie pour les spectacles
Langues : anglais, akan, français (traduction disponible sur site)
Accès : vols réguliers vers Accra, navettes locales vers Cape Coast
Hébergement : hôtels partenaires, guesthouses locales, logements universitaires
Programme complet : www.panafestghana.org

 

 

 

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Le Durban International Film Festival célèbre le cinéma africain https://mondafrique.com/loisirs-culture/le-durban-international-film-festival-celebre-le-cinema-africain/ https://mondafrique.com/loisirs-culture/le-durban-international-film-festival-celebre-le-cinema-africain/#respond Sat, 19 Jul 2025 17:57:43 +0000 https://mondafrique.com/?p=136797 Du 17 au 27 juillet 2025, le Durban International Film Festival propose une centaine de films venus d’Afrique et du monde. Un rendez-vous historique pour découvrir les nouvelles voix du continent, entre engagement social, fiction indépendante et mémoire en mouvement.   Depuis 1979, le Durban International Film Festival (DIFF) s’impose comme l’un des événements culturels majeurs […]

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Du 17 au 27 juillet 2025, le Durban International Film Festival propose une centaine de films venus d’Afrique et du monde. Un rendez-vous historique pour découvrir les nouvelles voix du continent, entre engagement social, fiction indépendante et mémoire en mouvement.

 

Depuis 1979, le Durban International Film Festival (DIFF) s’impose comme l’un des événements culturels majeurs du continent africain. Chaque mois de juillet, pendant dix jours, cinéastes, critiques, étudiants et spectateurs se retrouvent dans cette ville portuaire d’Afrique du Sud, le temps d’un dialogue ouvert entre les images et les peuples. L’édition 2025, qui se tiendra du 17 au 27 juillet, réunira plus de 200 projections issues d’une cinquantaine de pays, avec une attention particulière portée aux productions africaines et diasporiques.

La force du DIFF réside dans sa diversité de formats et de lieux : longs-métrages de fiction, documentaires, courts, animations, séries web, créations hybrides, le tout réparti dans plusieurs salles de cinéma de Durban mais aussi dans des quartiers périphériques, des campus, des centres communautaires et même en plein air. Cette volonté de décentralisation permet au festival d’atteindre un large public, y compris dans les zones où l’accès au cinéma reste rare. Car ici, le 7ᵉ art n’est pas un luxe réservé à une élite : il est outil d’émancipation, de mémoire et de lien social.

Le cinéma africain y est à l’honneur sous toutes ses formes : expérimentations visuelles, récits de femmes, fictions urbaines, archives réinterprétées. En 2025, les films attendus incluent des œuvres venues du Ghana, du Maroc, du Kenya, du Rwanda, d’Algérie, du Mozambique ou de Tunisie. À leurs côtés, des productions venues d’Inde, d’Iran, du Brésil, de Corée ou du Mexique rappellent que Durban, au bord de l’océan Indien, est une porte d’entrée vers le Sud global. Le DIFF est un lieu de circulation des imaginaires, un carrefour d’esthétiques contemporaines souvent absentes des grands festivals occidentaux.

Mais le DIFF, c’est aussi un espace de formation et d’accompagnement. Son programme « Isiphethu », destiné aux jeunes talents d’Afrique australe, propose des ateliers de scénario, des résidences d’écriture, des masterclasses avec des réalisateurs confirmés, et un accompagnement à la production. En parallèle, le Durban FilmMart, véritable marché du film panafricain, facilite les coproductions entre professionnels du continent et du monde entier. Cette dynamique fait du DIFF un incubateur majeur pour les cinémas du futur.

Engagé depuis ses débuts dans les luttes sociales, le festival n’oublie pas ses racines politiques. Né à l’époque de l’apartheid, il a toujours cherché à donner la parole aux sans-voix. En 2025, des débats porteront sur la justice environnementale, les violences de genre, les nouvelles formes de censure, la mémoire postcoloniale ou encore la résistance culturelle. Certaines projections seront suivies de rencontres avec les réalisateurs, de discussions avec des associations locales ou d’actions de sensibilisation dans les écoles. Le festival revendique son rôle d’agitateur doux, dans un pays où l’accès à la culture reste inégal.

Enfin, le DIFF est aussi un rendez-vous festif. Chaque soir, des concerts, lectures, performances ou DJ sets prolongent les projections dans une ambiance conviviale. Le festival se vit dans les salles, mais aussi dans la rue, les cafés, les universités. On y croise autant des réalisateurs primés que des jeunes curieux venus découvrir leur premier film. À Durban, le cinéma est une fête sérieuse, une manière de penser le monde tout en le vivant.

Informations pratiques :
Dates : du 17 au 27 juillet 2025
Lieux : Durban, Afrique du Sud – cinémas Suncoast CineCentre, Ster-Kinekor Gateway, campus universitaires, centres communautaires
Entrée : pass festival (6 tickets à R250 ou 8 tickets à R320), tickets à l’unité sur place
Langues : films en anglais ou sous-titrés – débats et ateliers majoritairement en anglais
Accès : vols réguliers vers King Shaka International Airport, transports en commun ou navettes locales
Hébergement : hôtels, guesthouses et résidences universitaires à proximité des lieux du festival
Programme complet : www.ccadiff.ukzn.ac.za

 

 

 

 

 

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Mohamed Wardi, l’icône musicale et révolutionnaire du Soudan https://mondafrique.com/international/mohamed-wardi-licone-musicale-et-revolutionnaire-du-soudan/ https://mondafrique.com/international/mohamed-wardi-licone-musicale-et-revolutionnaire-du-soudan/#respond Sat, 19 Jul 2025 10:34:02 +0000 https://mondafrique.com/?p=136783 Pendant six décennies, la voix de Mohamed Wardi a accompagné tous les événements politiques du Soudan. Il a chanté l’espoir, la liberté, la désillusion, la douleur, la révolte. Il a incarné la richesse culturelle de son pays, trop souvent méconnue. Plus de dix années après son départ, il demeure une icône musicale et révolutionnaire dans […]

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Pendant six décennies, la voix de Mohamed Wardi a accompagné tous les événements politiques du Soudan. Il a chanté l’espoir, la liberté, la désillusion, la douleur, la révolte. Il a incarné la richesse culturelle de son pays, trop souvent méconnue. Plus de dix années après son départ, il demeure une icône musicale et révolutionnaire dans toute l’Afrique de l’Est.

Leslie Varenne

Un peu de musique : aujourd'hui nous traduisons une chanson de Mohamed Wardi, un des plus grands chanteurs soudanais, qu'il écrivit en 1997 après le coup d'état d'Omar al-Bashir. Celle-ci a été redécouverte et reprise pendant la révolution de décembre 2018 qui a mené à sa chute, avec un message intemporel et universel : rends-nous les clés du pays.
Un peu de musique : aujourd’hui nous traduisons une chanson de Mohamed Wardi, un des plus grands chanteurs soudanais, qu’il écrivit en 1997 après le coup d’état d’Omar al-Bashir. Celle-ci a été redécouverte et reprise pendant la révolution de décembre 2018 qui a mené à sa chute, avec un message intemporel et universel : rends-nous les clés du pays.

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L’histoire contemporaine du Soudan se conjugue avec la voix de Mohamed Othmane Hassan Wardi. Né en 1932 sur l’île de Sawarda, dans la région nubienne du nord du pays, il a grandi dans l’espoir de voir la fin du condominium anglo-égyptien, une forme particulière de colonisation qui masquait en réalité une domination pure et dure de l’Empire britannique.

Des débuts fulgurants

À 25 ans, moins d’un an après l’indépendance acquise en 1956, il chante pour la première fois à la radio soudanaise d’Omdurman, une ville de la banlieue de Khartoum…  et c’est la révélation !  Dans la foulée, il enregistre son premier album, chante en arabe et en nubien, s’inspire des chants de son enfance, des mélodies populaires, des rythmes du Nil. Il s’impose sur la scène musicale, mêlant oud, percussions africaines et influences arabes, et reprend les textes des grands auteurs de son pays. Mohamed Wardi s’inscrit dans cet héritage culturel millénaire où la littérature et la poésie sont des respirations pour les Soudanais réputés être les plus grands lecteurs du monde arabo-musulman. Dès le début des années 1960, la voix de Mohamed Wardi résonne déjà dans toute l’Afrique de l’Est et puis au-delà, du Liban, au Mali et à la Mauritanie.

Poètes, vos papiers !

Chez Mohamed Wardi l’art est l’essence de la vie, il est néanmoins inséparable de l’engagement politique. A ce titre, il est souvent assimilé à Fela Kuti : tous deux portaient la musique comme une arme. En 1964 commence au Soudan une révolution populaire qui durera plus d’un an. Elle réussira à mettre un terme au régime militaire du général Abboud et à instaurer une période de transition démocratique. Dans son livre « Le Soudan dans tous ses Etats », l’ambassadeur Michel Raimbaud décrit cette période comme un exemple rare, dans la région, de changement politique impulsé par la société civile et non par l’armée. Evidemment, l’artiste choisit le camp du peuple et accompagne le mouvement. Ses chansons, comme « Ya Baladna Ya Helo », « Al Mursal », « Al Ghorba » deviennent des hymnes pour les étudiants, les ouvriers, les militants.

Mais ce combat a un prix. Membre du Parti communiste soudanais, le plus important du continent africain mais également le plus original car adapté aux réalités et à la culture du pays, Wardi deviendra un homme à abattre. En 1971, après l’échec de la transition démocratique, le nouveau régime militaire du général Nimeiry procède à des arrestations massives dans les milieux de la gauche soudanaise, le musicien est envoyé en prison, comme Fela Kuti, il y fera plusieurs séjours.

En 1989, lorsqu’Omar el-Béchir arrive au pouvoir, le chanteur choisit l’exil en Égypte. Il y restera treize longues années. Du Caire, il chante « l’oiseau migrateur » qui évoque la douleur de l’éloignement, le rêve du retour, la solidarité entre exilés. En juin 2002, il décide de rentrer chez lui au pays, quelque en soit le prix.  A son arrivée à Khartoum, il est accueilli comme un héros par une foule en liesse. Alors qu’Omar el-Béchir est toujours au pouvoir, il déclare : « Je suis un humain, et tout être humain est contre la dictature. Je continuerai à la dénoncer. L’atmosphère n’encourage pas la création. La liberté est essentielle à l’épanouissement de l’art. » Il n’a rien lâché, il est le poète indomptable… Emu par cet accueil, il dira plus tard : « Le plus touchant, c’est que 85 % des gens étaient des jeunes qui avaient cinq, sept ans à mon départ et ne m’avaient jamais vu chanter » Preuve de son immense popularité dans tout le monde arabo-musulman, à l’occasion de ce retour triomphal, le journal libanais l’Orient le Jour lui consacre un article intitulé : « Chanter contre la dictature à 70 ans ».

« Rends nous les clés du pays »

Sa mort en 2012 n’a rien effacé. Sa chanson intitulée « Rends nous les clés du pays » écrite en 1997 et adressée à Omar el-Béchir a été reprise par les manifestants de la révolution de 2018. Cette complainte est une sorte de quintessence de son œuvre où la poésie se marie avec le combat : « Rends-nous le temps perdu, ces années d’exil et de peine, les rêves que nous avons vécus, le rêve d’un pays si grand et qui meurt de faim. Rends-nous enfin les clés du pays ! Où vas-tu fuir ? Dis-moi, où vas-tu fuir ? Comment vas-tu fuir toute cette souffrance, et toute cette faim ? Comment vas-tu fuir le lait des mères et le jugement de Dieu ? Comment vas-tu fuir quand tes deux mains sont trempées de sang ? Et le sang dit, se joignant à nous : « rends-les nous ».

Plus qu’un poète, un chanteur, un musicien, Mohamed Wardi est une conscience nationale ! Son héritage est immense : 300 chansons dans son répertoire et des générations de fan, qui fredonnent ses mélodies lors de fêtes, de deuils, de naissances. Il a également ouvert la voix à toute une nouvelle génération d’artistes africains en intégrant des instruments modernes et en renouvelant les arrangements tout en restant fidèle à ses racines. Avec lui les sons, les rythmes de sa région de son pays se sont exportées pour incarner la mémoire, la résistance, la beauté. Sous une vidéo d’un de ses concerts, un internaute a écrit : « C’était notre fils, il appartient à l’Afrique de l’Est, merci au Soudan. »

Après deux années de guerre, devant un Soudan dévasté, ruiné, affamé, les musées de Khartoum détruits, les joyaux du pays anéantis par la barbarie,  on ne peut s’empêcher de se demander : « Que chanterait Wardi aujourd’hui ? »  Une mélodie de pleurs accompagnée par les tambours du sanglots…

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Carthage le 17 juillet, les musiques d’aujourd’hui dans l’arène antique https://mondafrique.com/loisirs-culture/carthage-le-17-juillet-les-musiques-daujourdhui-dans-larene-antique/ https://mondafrique.com/loisirs-culture/carthage-le-17-juillet-les-musiques-daujourdhui-dans-larene-antique/#respond Fri, 18 Jul 2025 07:36:58 +0000 https://mondafrique.com/?p=136769 Du 17 juillet au 21 août 2025, le Festival International de Carthage célèbre sa 59e édition. Dans les vestiges d’un empire, musiques arabes, africaines et mondiales se croisent, entre mémoire classique et pulsations modernes. Dans l’amphithéâtre romain de Carthage, chaque pierre semble porter en elle un millénaire de voix. Voix d’orateurs, de gladiateurs, de conquérants, puis, plus récemment, […]

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Du 17 juillet au 21 août 2025, le Festival International de Carthage célèbre sa 59e édition. Dans les vestiges d’un empire, musiques arabes, africaines et mondiales se croisent, entre mémoire classique et pulsations modernes.

Dans l’amphithéâtre romain de Carthage, chaque pierre semble porter en elle un millénaire de voix. Voix d’orateurs, de gladiateurs, de conquérants, puis, plus récemment, de poètes, de rockeurs et de stars de la scène arabe. Depuis 1964, le Festival International de Carthage fait résonner ces ruines de sons venus d’ailleurs, de rythmes enracinés et d’échos nouveaux. L’édition 2025, la 59e, se tiendra du 17 juillet au 21 août, et malgré les coupes budgétaires et les crispations politiques, elle promet une programmation dense, traversée par les grands courants artistiques du moment.

À Carthage, on ne choisit pas entre la tradition et l’innovation. On joue sur les deux tableaux. Le festival reste l’un des rares de la région à pouvoir accueillir aussi bien des orchestres symphoniques que des têtes d’affiche du rap arabe, des troupes de théâtre palestiniennes et des ballets venus de Cuba. Cette année encore, la diversité prévaut. La soirée d’ouverture sera confiée à l’Orchestre national tunisien, accompagné d’une troupe andalouse dans un spectacle intitulé Mémoire d’al-Andalus, hommage aux liens séculaires entre Maghreb et péninsule ibérique.

Viendront ensuite les grands noms : Cheb Khaled, toujours fidèle au site, proposera une soirée de raï fusion avec des artistes gnawa et des musiciens maliens. La chanteuse soudanaise Rasha prendra la scène pour une veillée acoustique à la lumière des tambours hausa. Côté hip-hop, le rappeur palestinien Saint Levant partagera l’affiche avec Balti, figure du rap tunisien, pour une soirée « Mashreq-Maghreb » très attendue. Une création inédite rassemblera également la Libanaise Tania Saleh, l’Égyptienne Dina El Wedidi et la Franco-Comorienne Imany pour un trio féminin intitulé Voix libres, mêlant folk, blues, et chant soufi.

Mais Carthage n’est pas qu’un festival musical. Le théâtre y garde une place centrale, en arabe, en dialectal, en français, parfois sans paroles. Le metteur en scène Fadhel Jaïbi y présentera Boussa el Watan, satire politique sur la mémoire et l’amnésie nationale. En partenariat avec l’Institut français de Tunisie, deux pièces contemporaines venues du Sahel — l’une nigérienne, l’autre burkinabè — viendront croiser les imaginaires postcoloniaux dans un diptyque percutant. Côté danse, la chorégraphe Faïza Kefi proposera un solo de 50 minutes sur la question de la transmission maternelle dans les sociétés rurales tunisiennes. À l’heure où la jeunesse tunisienne questionne ses racines, ses repères et son avenir, la scène devient miroir.

Esthétiques numériques

Le festival s’ouvre aussi aux esthétiques numériques. Plusieurs soirées « visuelles » sont prévues : mapping sur les murs du théâtre, installations sonores, DJ sets à la croisée de l’afrotech et de l’électro orientale. Un hommage à l’artiste plasticienne Safia Farhat sera présenté en projection immersive. Le festival veut parler aux jeunes, non par stratégie de communication, mais parce que la jeunesse tunisienne est aujourd’hui porteuse de tension créatrice. Elle est à la fois héritière, résistante, impatiente.

Dans un pays où les budgets culturels fondent, où les libertés artistiques sont parfois mises à l’épreuve, le maintien d’une telle édition est une déclaration. Le Festival de Carthage n’est pas un divertissement : il est un espace de souveraineté symbolique. Il rappelle que la Tunisie est une nation culturelle avant d’être un champ de bataille politique. Qu’un peuple qui chante, qui écrit, qui joue, ne cède pas facilement à l’effacement. Et que, même fragilisé, le théâtre antique de Carthage continue de porter haut les voix de ceux qui refusent la résignation.

La scène est immense, les gradins majestueux, mais c’est souvent dans les silences entre deux morceaux, quand les projecteurs se figent sur une voix nue, qu’on mesure la force de ce lieu. Carthage n’est pas un festival de masse, c’est une mémoire partagée.

Informations pratiques :
Dates : du 17 juillet au 21 août 2025
Lieu : Théâtre romain de Carthage, Tunisie (proche de Tunis)
Accès : 25 minutes de route depuis le centre de Tunis – taxis, bus ou train TGM
Billetterie : en ligne via festivaldecarthage.tn ou points de vente culturels à Tunis
Entrée : billetterie modulée selon les spectacles – tarifs réduits pour étudiants
Langues : arabe, français, anglais – certains spectacles traduits ou surtitrés
Hébergement : hôtels à Carthage, Sidi Bou Saïd et Tunis – partenariats hôteliers disponibles

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Notre carnet de route Tunisie (4/6): À la rencontre des migrants https://mondafrique.com/loisirs-culture/notre-carnet-de-route-tunisie-4-a-la-rencontre-des-migrants/ Mon, 14 Jul 2025 02:45:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=113448 Jamais les migrants sub sahariens n’ont été aussi nombreux à tenter de traverser la Méditerranée, a déclaré publiquement le patron de Frontex, l’organisation européenne de régulation de l’immigration: plus 300% en 2023  par rapport à l’année dernière. L’année dernière, près de 40000 auraient tenté la traversée de la Méditerranée La Tunisie est un des points […]

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Jamais les migrants sub sahariens n’ont été aussi nombreux à tenter de traverser la Méditerranée, a déclaré publiquement le patron de Frontex, l’organisation européenne de régulation de l’immigration: plus 300% en 2023  par rapport à l’année dernière. L’année dernière, près de 40000 auraient tenté la traversée de la Méditerranée

La Tunisie est un des points de passage privilégiés par cet exode. Des embarcations fragiles d’un nouveau type, d’après Frontex, sont construites sur le sol tunisien, le cout du passage qui s’élève à 400 euros par migrant est à la baisse. Les Corps affluent dans la morgue de Sfax, près de deux cent pour les six premiers mois de 2023. 

Les jeunes Tunisiens sont aussi concernés que les migrants sub sahariens ne sont pas les seuls concernés. La plupart s’embarquent  depuis l’île de Kerkena, à quelques kilomètres de la grande ville de Sfax, ou du port de Zarzis, à quelques encablures de la frontière libyenne, où nous nous sommes rendus.

Le carnet de route de notre écrivain voyageur Jean Hugues Lime

Le port de Zarzis fut longtemps un havre de paix où les Tunisiens vivaient de pêche, de la culture des oliviers, de tourisme et grâce aux transferts d’argent de très nombreux émigrés. C’est là aujourd’hui que les migrants cherchent à gagner illégalement l’Europe et l’Italie

Nous errons longuement dans le port de pêche de Zarzis Le port est à la fois immense et désert et me fait penser à la chanson de Brel, « le port d’Amsterdam », mais en moins gai. Où sont les hordes de migrants? Si les migrants veulent “grand-remplacer” les Tunisiens, il faudra des renforts.

Rencontre avec Mohamed Adam

Nous rencontrons un jeune homme assis à une terrasse de café. Il est entré clandestinement en Tunisie par la Libye après avoir fui le Darfour en guerre depuis vingt quatre ans. Cela commence à faire long. L’alternative est désormais simple: soit de retourner au Darfour, avec la certitude d’y trouver une fin tragique dans un conflit ignoré par la communauté internationale mais d’une violence inouie; soit risquer le tout pour le tout en traversant la Méditerranée et l’Europe.

Mohamed Adam

Pour l’instant, notre ami Mohamed fait des petits travaux agricoles ou dans le bâtiment non déclarés, quand il travaille il gagne 750 dinars par mois (250 euros) avec le logement et la nourriture. Neuf mois qu’il végète à Zarzis. Son espoir? Un bateau pour traverser la Méditerranée et rejoindre son frère parvenu jusqu’à Londres.

L’UNHCR lui a fourni un papier provisoire. Il a obtenu un rendez-vous dans trois mois. On va statuer sur son cas.  Il s’appelle Mohamed Adam. Adam comme le premier homme.

Pourquoi est-il parti ? Parce qu’il ne peut faire autrement. C’est la guerre, la famine, la sécheresse. Aucun migrant ne “désire” abandonner sa terre, sa culture, sa famille et ses amis. Mohamed a donc traversé le Sahara la Libye la Tunisie par ses propres moyens, c’est-à-dire à pied Le passeur libyen lui a volé son passeport.

Mohamed a donc déserté son pays par pacifisme, par dégoût de la guerre et par crainte de mourir. Il fuit pour sauver sa peau. Que fait-il de mal sinon essayez de survivre? Il se demande juste s’il pourra vivre un jour comme les autres. Pour l’instant il est juste autorisé à vivre comme un fantôme qui regarde les autres vivre. Une sorte de semi-humain. Dans un entre deux ni vivant ni mort. Il se demande si on l’autorisera jamais à exister un jour en tant qu’être humain venu au monde pour vivre sa vie. Accéder à une sorte de bonheur. Sachant que tout humain sur terre à droit au bonheur. Sa seule chance est le l’UNHCR, le Haut Commissariat aux Réfugiés. Il attend son rendez-vous en août dans quatre longs mois. 

On statuera sur son sort. On lui dira ce qu’il sera autorisé à faire, à être.

À la recherche d’un ami

Mohamed Adam et son ami dont il estsans nouvelles

Son ami est parti depuis un mois et demi de Sfax. Mais ni lui, ni sa famille n’o,t plus aucune nouvelle. Il nous montre la photo de son ami qu’il nous demande de diffuser. Peut-être retrouvera-t-on sa trace ? Parfois, des proches continuent les recherches pendant des années vain. De nombreux migrants disparaissent ainsi corps et bien.

Certains migrants font fabriquer à la va-vite, des embarcations très fragiles par des charpentiers d’occasion avec un tout petit moteur acheté sur Internet. Les fragiles embarcations ne tiennent pas la haute-mer. À la moindre vaguelette, celles-ci se retournent.

Mohamed Adam a traversé à pied le désert. Il a crevé de soif de faim, s’est perdu dix fois, a marché des semaines entières sur le sable brûlant, en prenant le risque de se faire violer, rançonner, voire torturer en arrivant à Tripoli, à moins qu’il ne soit vendu au marché aux esclaves.

Quelle différence il y a entre lui et moi qui a le droit de me balader partout en Afrique et dans le reste du monde comme chez moi, selon mon bon plaisir d’occidental dont les papiers en règle et les visas en bonne et due forme. Que ce soit pour visiter le Soudan, l’Iran, la Corée du Nord, la Russie. Je peux aller partout même en Laponie Et même dans l’Antarctique pour photographier les pingouins si le cœur m’en dit.

Pourquoi Mohamed n’a-t-il pas le droit d’aller où il a envie ? Au nom de quel principe peut-on lui interdire de vouloir sauver sa peau ? Que vaut-elle sa peau pour qu’il soit ainsi traité  en paria ?

Mohamed n’a pas le choix. Il partira coûte que coûte. 

Je n’ose lui dire qu’il n’y a pas de milieu plus hostile que la mer. Je n’ose pas l’avertir qu’en haute mer, sur son “embarcation” de fortune, s’il parvient seulement à en trouver une qu’il aura payé très cher, après des jours de mer et d’angoisse, d’errance, au risque de se perdre en mer, de chavirer, d’affronter des tempêtes qui sont extrêmement violentes en Méditerranée, s’il finit enfin par arriver en vue des côtes européennes, il risque de se voir arraisonner par le bateau des garde-côtes qui essayeront de crever son bateau pour le couler comme cela s’est vu. Pas vu pas pris. mission accomplie.

S’il ne se noie pas, (admettons que Mohamed sache nager, Qu’il n’y a eu aucun coup de vent en mer, que le vent soufflait dans le bon sens, que le moteur n’est pas tombé en panne, qu’il a eu beaucoup plus de chance que les femmes enceintes et les bébés) et si Mohamed parvient par miracle à poser le pied sur le sol italien, ou grec, il sera aussitôt enfermé dans un “camp” pour une durée indéterminée. On l’accueille d’abord en le mettant en prison, histoire de lui faire comprendre la réalité vraie de l’Europe démocratique derrière les belles déclarations humanistes.

Il est mis à la disposition de la justice, des juges, des policiers, des autorités. Il sera ausculté, fiché, photographié. On cherchera d’abord à savoir s’il n’est pas un dangereux terroriste. S’il fait de la politique. S’il a été soldat. S’ il est musulmans. On part du principe qu’un migrant a d’abord des mauvaises intentions. On lui assignera un numéro d’immatriculation qui par chance ne lui sera peut-être pas tatoué sur le bras comme au bon vieux temps. Qu’il s’estime heureux : il est en Europe.

S’il n’est pas rejeté aux sables brûlants, renvoyé au Darfour en pleine guerre pour servir de chair à canon, il devra trouver seul et sans argent, sans aide et sans conseil, les moyens de traverser l’Europe. Un continent entier dont il ne parle aucune langue, où il ne connaît personne. Partout où il ira en Europe, il ne sera pas le bienvenu. Sans papier, sans appui, sans autorisation, voire pourchassé et arrêté.

Un miracle possible

Admettons un miracle. Après de nombreuses tractations, après avoir gagné suffisamment d’argent en travaillant au noir, pour engraisser un passeur, il trouve un camion pour le transporter jusqu’à Paris, dernière étape avant Calais et le tunnel sous la Manche vers l’Angleterre….

Là, à Paris, il trouvera le meilleur accueil qu’il puisse espérer de la part d’un pays hautement civilisé qui se vante partout de son merveilleux raffinement : il aura droit à une place dans une tente Quechua et pourra passer le reste de l’hiver sous le métro aérien Jaurès où, épuisé, affaibli, affamé, il pourra attraper une pneumonie bien française celle-là.

Malheureusement cette tente sera susceptible d’être déchirée en pleine nuit par la police. Il recevra sa part de coups de gourdin républicain. Apprendra les bonnes vieilles valeurs françaises traditionnelles de Liberté, Egalité, Fraternité à coup de poing sur la tête et de pieds au cul. S’il est encore vivant, après un passage à tabac, il sera ensuite évacué de force en grande banlieue afin d’épurer les lieux en préparation des Sacro-saint Jeux Olympiques Et lui faire clairement comprendre qu’il est un indésirable, qu’on ne veut pas de lui, qu’il faut qu’il retourne chez lui, dans son pays. Le but n’est-ce pas n’est pas d’accueillir toute la misère du monde comme disait Lionel Jospin mais de présenter le visage propre-en-ordre d’une belle ville riche et bien portante.

S’il parvient jusqu’à Calais, en marchant de nuit, en se cachant dans la jungle, il ne lui restera plus qu’à acheter un kayak gonflable chez Decathlon à 75 € et tenter sa chance à essayer de traverser la Manche.

Le pire sera peut-être pour lui de débarquer en Angleterre. Là, il risque d’être arrêté par la police et replacé dans un camp en attendant que l’on décide de son sort. Un temps la Grande-Bretagne à caressé le projet, abandonné depuis, de déporter les migrants par avion dans une ancienne colonie anglaise : au Rwanda moyennant quelques millions de livres. Une idée fameuse de Boris Johnson, cet ex Premier ministre  privilégié, bouffi, pistonné et archi gavé qui ne veut pas partager sa gamelle.

Il n’a pas toujours eu de bonnes idées, l’ami Boris, lorqu’on se souvient de lui depuis la Tunisie. 

Dans la vidéo tournée par Mondafrique, nous découvrons comment le port luxuriant de Zarzis, à quarante kilomètres de la frontière libyenne, est un des points de départ d’une émigration massive de Tunisiens vers l’Italie ou la France.

Vidéo, l’éxode des jeunes tunisiens vers l’Italie

Le cimetière des rêves brisés.

Pour franchir la grande porte jaune d’or, les visiteurs doivent se baisser pour emprunter une entrée plus étroite « afin de respecter les âmes des morts »

 Sur le chemin du retour, nous faisons une brève halte, à la sortie de Zarzis, au « Jardin d’Afrique », un petit cimetière créé par l’artiste algérien Rachid Koraïchi, qui a été inauguré le 1er juin 2021. C’est là que les autorités tunisiennes ont réuni les corps des migrants retrouvés sans nom, sans papier, sans rien. Louable, l’intention était de donner une sépulture digne à ces morts inconnus à jamais mystérieux et anonymes et dont on a gardé qu’une trace ADN.

Le « Jardin d’Afrique », c’est l’étrange cimetière des étrangers.

Jusque-là, les corps des migrants morts sur le chemin de l’Europe, étaient repêchés ou retrouvés sur les plages, transportée à quelques dizaines de mètres de là, à la décharge publique par le camion-benne de la ville. Parfois, émergeaient une sandale en plastique ou un jouet d’enfant…

Qui sont ils? Des Africains animistes, chrétiens ou musulmans mais aussi des Pakistanais et des Bangladais, travailleurs migrants dans les pays du Golfe dont on a volé leurs passeports et qui tentent de fuir, cherchant une brèche dans cette muraille sans Chine qu’est la mer. Une muraille mouvante, liquide, à plat. Sans pitié. Qui avale tout et tout le monde, hommes femmes, enfants.

Le cimetière est situé dans une zone à l’écart de la ville loin derrière un stade au bout d’un chemin de terre fermé par une chaîne. Il n’y a aucun panneau indicateur pour nous aider. Même morts, les migrants restent à part, au milieu de rien, enfermés dans un grand terrain clos de murs, fermé au public par une lourde porte de bois. Quelle solitude et quel sentiment d’abandon ! Les seules voisines sont des poules qui caquettent de joie dès qu’elles croquent un scorpion. 

Un olivier centenaire garde l’entrée du cimetière

 

 

 

 

 

 

 

Il est très difficile de trouver ce cimetière situé dans une zone à l’écart de la ville loin derrière un stade au bout d’un chemin de terre fermé par une chaîne. Il n’y a aucun panneau indicateur pour nous aider dans la découverte d’un cimetière. Même mort, les migrants restent à part.

Le cimetière est installé au milieu de rien. C’est un grand terrain clos de mur, orné d’une belle porte d’entrée. Fermé au public par une lourde porte de bois. Le cimetière est bien entretenu, propre en ordre. Quelle solitude! Quel sentiment d’abandon ! Les seuls voisins sont des poules qui caquettent de joie dès qu’elles mangent un scorpion.

Autrefois, les corps des migrants morts sur le chemin de l’Europe, repêchés ou jetés sur les grèves de la Méditerranée, étaient entassés par milliers depuis 2003 dans une décharge publique. Des années durant, les dépouilles étaient transportées à quelques dizaines de mètres de là, à la décharge publique par le camion-benne de la ville.

Plus de 800 personnes ont été retrouvées en 2022 en traversant la Méditerranée, contre 350 en 2020 selon les chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Des Africains animistes, chrétiens ou musulmans mais aussi des Pakistanais et des Bangladais, travailleurs migrants au Qatar qui tentaient de fuir par la mer.

 Le cimetière se trouve en bout de course, en bout de vie, caché derrière un énorme stade vide, au bout d’un chemin inaccessible. Il faut longtemps chercher la mort pour la trouver. On dirait un cimetière qui cherche à cacher ses morts. des morts honteux anonymes sans nom à jamais mystérieux, morts sans passé ni avenir.

Les portes sont lourdement fermées. On ne saura jamais qui sont ces morts. quel nom il porte. Et quel sorte de curieux rêve ils ont pu avoir pour venir se perdre en terre tunisienne et combien ils ont dû souffrir pour en arriver à cette mort stupide et inutile.

On sait néanmoins que les autorités tunisiennes ont voulu donner une sépulture digne à ces morts inconnus à jamais mystérieux et anonymes.

Pour franchir la porte jaune d’or, les visiteurs doivent se baisser « afin de respecter les âmes des morts »

Un olivier centenaire garde l’entrée

 

 

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Abeti Masikini, la tigresse au cœur d’or https://mondafrique.com/loisirs-culture/abeti-masikini-la-tigresse-au-coeur-dor/ https://mondafrique.com/loisirs-culture/abeti-masikini-la-tigresse-au-coeur-dor/#respond Sun, 13 Jul 2025 10:53:48 +0000 https://mondafrique.com/?p=136740 Icône de la musique congolaise, Abeti Masikini a marqué l’Afrique par sa voix puissante, son audace et son énergie sur scène. Fille d’un compagnon de lutte de Lumumba, elle a su s’imposer dans un univers masculin, entourée de ses célèbres Tigresses. De l’Olympia au Carnegie Hall de New York, ses concerts ont enchanté les plus belles scènes du monde. Elle laisse le souvenir d’une artiste libre, d’une grande humanité… Leslie Varenne « Nom : […]

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Icône de la musique congolaise, Abeti Masikini a marqué l’Afrique par sa voix puissante, son audace et son énergie sur scène. Fille d’un compagnon de lutte de Lumumba, elle a su s’imposer dans un univers masculin, entourée de ses célèbres Tigresses. De l’Olympia au Carnegie Hall de New York, ses concerts ont enchanté les plus belles scènes du monde. Elle laisse le souvenir d’une artiste libre, d’une grande humanité…

Leslie Varenne

« Nom : Masikini, prénom : Abeti, âge : 21 ans, nationalité : zaïroise, profession : artiste de variété, signe particulier : se produit pour la première fois sur la scène de l’Olympia. » C’est ainsi que débute un reportage que lui consacre la télévision française en 1973, où l’on découvre une jeune fille frêle, presque timide, qui découvre Paris. En réalité, au nom de la zaïrisation initiée par le président Mobutu Sese Seko, elle a, comme tous les Congolais de l’époque, africanisé son patronyme afin d’effacer toutes les traces de la colonisation. Elle est née Elisabeth Finant, fille d’un couple congolais-belge. Son père métis, Jean-Pierre Finant, fut un militant anticolonialiste assassiné en 1961, la même année que son compagnon de lutte, Patrice Lumumba. Abeti portera cette blessure, qui la conduira à quitter brusquement sa vie tranquille à Kisangani pour rejoindre la capitale. Ses rapports avec le pouvoir de Kinshasa resteront aussi complexes qu’ambivalents. D’un côté, son histoire personnelle ; de l’autre, elle bénéficiera de la politique d’Authenticité promue par le maréchal Mobutu, qui encourageait la valorisation des artistes nationaux et la promotion de la culture zaïroise. Il lui est même arrivé, parfois, de chanter les louanges du chef de l’État…

Des concerts de légende : l’Europe, l’Afrique et l’Amérique à ses pieds

La rapidité de la transformation de l’artiste est surprenante. Un an après son concert à l’Olympia, sur la scène de Kinshasa, on découvre une femme assurée et un genre musical qui s’affirme. Avec son frère à la guitare et son groupe « Les Redoutables », ils imposent leur nouveau style éclectique mêlant rumba congolaise, soukouss, blues, soul et folk. Mais c’est surtout sa voix puissante qui rend Abeti exceptionnelle : capable de monter très haut dans les aigus, elle aurait pu être une chanteuse lyrique, une soprano, et passer l’instant d’après au mezzo. Son chant module, improvise, s’envole… Elle n’est pas seulement surnommée la « Reine du Soukouss », elle est aussi « la voix d’or du Zaïre ».

Dès son premier album, produit par Pierre Cardin, elle est propulsée sous les projecteurs du monde entier. Elle est la première femme africaine à se produire sur les plus grandes scènes : Carnegie Hall à New York, Apollo Theater à Harlem, Royal Albert Hall à Londres, Arena de Wembley et Zénith de Paris. Elle enchaîne les tubes, de « Bibile » à « Je suis fâchée… » Tous ces succès, elle ne les doit pas seulement à son talent ou à la chance. Dans un documentaire de 2023 qui lui est consacré, intitulé « Une femme et une légende de la musique », ses proches, sa famille et ses anciens collaborateurs mettent en avant son professionnalisme et sa capacité de travail.

Une pionnière

Mais Abeti n’a pas seulement marqué la musique, elle a également bousculé les codes sociaux. Première femme à diriger son propre groupe, à s’imposer dans un univers de musiciens masculins, elle a milité dans la vie comme dans ses chansons pour l’égalité des femmes. Elle est devenue, dans les années 70-80, un symbole d’émancipation et de puissance, ouvrant ainsi la voie à des générations de chanteuses. Abeti, c’était aussi une femme joyeuse qui jouait avec humilité de sa notoriété et se permettait toutes les audaces vestimentaires, tous les changements de look. Elle fut la première à se faire poser des tresses blondes et a ainsi lancé une mode qui perdure encore sur tout le continent africain. « Elle était si connue et admirée que si elle était sortie en pantoufles dans les rues, toute l’Afrique serait sortie en pantoufles dès le lendemain », se souvient, mi-amusé, mi-nostalgique, un de ses musiciens. La rumeur lui prête une aventure avec Mohamed Ali lors de sa venue à Kinshasa pour son combat historique contre George Foreman en 1974. Si la « Reine du Soukouss » a bien participé à l’événement musical « Zaïre 74 » qui accompagnait ce spectacle de boxe mythique, aux côtés d’autres stars comme James Brown, BB King, Miriam Makeba, etc., rien ne prouve ces allégations. Comme dit l’adage, on ne prête qu’aux riches ! En revanche, à ses côtés, et depuis ses débuts, il y avait la présence constante d’un homme-orchestre : époux, mentor, impresario comme on disait à l’époque, père de ses quatre enfants. Du début à la fin, le Togolais Gérard Akueson sera un pilier discret et un artisan de ses succès.

Les Tigresses : les danseuses choristes

Il n’est pas possible d’écrire sur Abeti sans évoquer ses célèbres danseuses, dénommées les Tigresses. Véritables amazones de la scène, elles accompagnaient la chanteuse dans des chorégraphies spectaculaires mêlant danse africaine et contemporaine, vêtues de costumes flamboyants. Leur beauté et leur énergie contagieuse faisaient d’elles des femmes très courtisées au cours de leurs tournées africaines. Mais tantie Abeti veillait sur elles… Une nouvelle fois, « la voix d’or du Zaïre » a innové : ses Tigresses inspireront de nombreuses formations ultérieures.

Inoubliable

À 39 ans, après une longue maladie, Abeti Masikini a définitivement quitté la scène. Mais elle avait néanmoins eu le temps de gravir jusqu’au sommet de la montagne. Elle a certes laissé un héritage musical, mais elle a aussi légué à son pays, le Congo, l’image d’une tantie rayonnante, talentueuse et inoubliable…

Discographie des dix plus grands titres d’Abeti Masikini :

Bibile
Mutoto Wangu

Aziza
Fulani
Likayabo
Kiliki Bamba

Mwane Muke Wa Miso

Kupepe Suka

Motema Pasi

Je suis fâchée

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Le trésor impérial iranien brille dans les caves de la Banque centrale https://mondafrique.com/loisirs-culture/le-tresor-imperial-iranien-brille-dans-les-caves-de-la-banque-centrale/ https://mondafrique.com/loisirs-culture/le-tresor-imperial-iranien-brille-dans-les-caves-de-la-banque-centrale/#respond Sun, 13 Jul 2025 10:49:33 +0000 https://mondafrique.com/?p=136736 Plus précieux que les joyaux de la Couronne britannique, le trésor impérial iranien brille dans les sous-sols de la Banque centrale à Téhéran. Héritage des conquêtes royales, il incarne cinq siècles de faste perse, désormais figés dans une vitrine.   C’est un trésor que peu de gens ont vu, mais dont les connaisseurs parlent avec […]

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Plus précieux que les joyaux de la Couronne britannique, le trésor impérial iranien brille dans les sous-sols de la Banque centrale à Téhéran. Héritage des conquêtes royales, il incarne cinq siècles de faste perse, désormais figés dans une vitrine.  

C’est un trésor que peu de gens ont vu, mais dont les connaisseurs parlent avec révérence. Derrière des portes blindées, enfoui dans les sous-sols de la Banque centrale de Téhéran, repose ce que certains historiens considèrent comme la collection de bijoux la plus précieuse au monde – devant même celle de la monarchie britannique.

Accumulé au fil de plus de 500 ans d’histoire impériale, enrichi par les conquêtes des Safavides, des Qajars et des Pahlavi, ce trésor renferme des objets venus d’Inde, d’Asie centrale, du Caucase, de l’Empire ottoman. Chaque pièce raconte une histoire, celle d’un empire qui, jusqu’en 1979, se pensait éternel.

Le Darya-i-Noor, joyau des joyaux

Au centre de cette collection légendaire brille un diamant que peu de musées pourraient se permettre d’exposer: le Darya-i-Noor (Mer de lumière), un diamant rose pâle de 182 carats, considéré comme le plus grand diamant rose taillé au monde. Il aurait été extrait des mines indiennes de Golconde et appartenu aux empereurs moghols avant d’être saisi par Nader Shah en 1739 lors de son invasion de Delhi.

Le Darya-i-Noor (Mer de lumière), un diamant rose pâle de 182 carats.© www.teheran.ir

Il n’est pourtant pas seul: son «jumeau», le Noor-ul-Ain (≈60 carats), est serti dans un diadème porté par la shahbanou Farah Pahlavi lors de son couronnement en 1967. Elle fut la première impératrice iranienne à être officiellement couronnée, et son image, parée de pierres spectaculaires, reste un symbole de l’âge d’or monarchique.

Trônes démontables et globes de pierres

Le faste de cette époque ne se limite pas aux diadèmes. Le trésor contient aussi des objets de pouvoir hors norme, comme le Takht-e Tavous (le Trône du Paon), un trône monumental incrusté de plus de 26.700 gemmes: émeraudes, diamants, rubis, perles, et conçu au XIXᵉ siècle pour éblouir les cours étrangères. Il ne faut pas le confondre avec le trône moghol du même nom, mais l’allusion n’est pas innocente, l’Iran cherchait à rivaliser avec ses voisins en majesté.


Rempli de diverses perles originaires du Golfe persique, le coffre est décoré de peintures et de motifs floraux datant de l’époque Kadjar, dynastie qui régna sur l’Iran de 1786 à 1925. © www.teheran.ir

Plus ingénieux encore, le trône Naderi, démontable en douze parties, accompagnait le shah dans ses palais d’été. Il permettait de transposer le pouvoir sans en altérer le décorum. Le Trésor comprend également des épées ornées de pierres, des ceintures serties d’émeraudes de plus de 170 carats, des colliers de perles géantes, des aigrettes, des boucliers de cuir incrustés de diamants et une infinité de parures d’apparat.

Mais l’objet le plus spectaculaire, peut-être, reste le globe terrestre en or massif, construit en 1874. D’un poids de plus de 34 kg d’or pur, il est orné de 51.366 pierres précieuses. Les océans représentés en émeraudes, les continents en rubis, les puissances impériales comme l’Iran et le Royaume-Uni figurées en diamants. Ce globe est une carte politique sertie de gemmes, une vision du monde façonnée par l’orfèvrerie.

Un trésor d’État, une valeur inestimable

Après la Révolution islamique, ce trésor aurait pu disparaître dans les remous de l’Histoire. Il n’en fut rien. La République islamique, en rupture avec la monarchie, a choisi de conserver intégralement ce patrimoine, qu’elle a placé sous la garde de la Banque centrale. Il n’est plus porté, mais scrupuleusement inventorié, sécurisé en tant que propriété de l’État.

Son rôle économique est unique au monde: le Trésor sert de garantie implicite à la monnaie nationale, le rial. Les économistes iraniens expliquent qu’en cas d’effondrement extrême, l’État pourrait, en théorie, aligner sa politique monétaire sur la valeur colossale de cette collection. Certains experts estiment sa valeur à plusieurs centaines de milliards de dollars, bien qu’aucune estimation officielle ne puisse être vérifiée, tant les pièces sont uniques.


Le 26 octobre 1967, le chah d’Iran prend le titre d’empereur après 26 ans de règne. Son épouse, Farah, devient la chahbanou: voici son collier créé par Van Cleef & Arpels avec des gemmes du trésor iranien. © www.teheran.ir

Le plus grand paradoxe tient dans la relation entre ce trésor monarchique et le pouvoir théocratique actuel. Ce régime né en opposition à la royauté conserve, entretient, expose (avec grande parcimonie) les artefacts du règne déchu. Le Trésor est ouvert au public quelques jours par semaine, mais sans publicité, sans site officiel dédié, sans présence dans les grands circuits touristiques.

Cette discrétion est politique. Comment mettre en valeur les couronnes d’or de Farah Diba dans une république fondée sur «la modestie religieuse» et l’anti-impérialisme? Pourtant, personne ne songe à le faire disparaître: sa puissance symbolique et sa valeur stratégique dépassent les régimes. On veut bien le croire.

Un trésor sans label: pourquoi l’Unesco l’ignore

Malgré sa valeur inestimable et sa portée historique, le Trésor national des bijoux d’Iran ne figure pas sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Contrairement à des sites comme le palais de Golestan ou Persépolis, également en Iran, cette collection de joyaux impériaux n’a jamais fait l’objet d’une candidature officielle.

Plusieurs raisons expliquent cette absence. D’abord, le trésor est conservé dans les sous-sols de la Banque centrale, et non dans un site architectural ou historique ouvert à des foules de visiteurs. Il n’existe pas d’infrastructure muséale autonome ou de politique culturelle claire autour de cette collection.

Ensuite, le poids politique du trésor freine toute initiative. Héritage direct de la monarchie déchue, porté par la famille Pahlavi jusqu’en 1979, ce patrimoine reste un sujet sensible dans la République islamique. Le promouvoir à l’international reviendrait, pour certains, à légitimer l’opulence d’un régime honni.

Enfin, l’Unesco privilégie les candidatures émanant des États. Or, Téhéran reste silencieux sur ce dossier, par choix stratégique autant que par prudence idéologique. Résultat: le plus grand trésor du monde reste officiellement… sans reconnaissance.

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TikTok favorise la diffusion de la musique arabe https://mondafrique.com/loisirs-culture/tiktok-favorise-la-diffusion-de-la-musique-arabe/ https://mondafrique.com/loisirs-culture/tiktok-favorise-la-diffusion-de-la-musique-arabe/#respond Sun, 13 Jul 2025 07:20:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=88644 Pour la musique arabe contemporaine, il y a un avant et un après TikTok.  Dans la région MENA (Moyen Orient, Afrique du Nord), plusieurs artistes arabes ont atteint une dimension internationale grâce  à la plateforme Tik Tok. L’artiste palestinien Saint Levant produit régulièrement des vidéos spécialement conçues pour Tik Tok.  Yassmin Ibrahim utilise la plate-forme […]

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Pour la musique arabe contemporaine, il y a un avant et un après TikTok. 

CULVER CITY, CA – OCTOBER 13: General view of the TikTok headquarters on October 13, 2020 in Culver City, California. (Photo by AaronP/Bauer-Griffin/GC Images)

Dans la région MENA (Moyen Orient, Afrique du Nord), plusieurs artistes arabes ont atteint une dimension internationale grâce  à la plateforme Tik Tok. L’artiste palestinien Saint Levant produit régulièrement des vidéos spécialement conçues pour Tik Tok.  Yassmin Ibrahim utilise la plate-forme pour effectuer des interprétations acoustiques mais aussi pour se construire un personnage décontracté capable d’humour sur lui-même.

Elyanna, une chanteuse palestino-chilienne, qui a commencé sur TikTok, se produira aux Etats Unis, au festival de Coachella qui va débuter le mois prochain.  Elle sera la première interprète orientale à interpréter ses chansons entièrement en arabe sur la scène principale du festival. Cette aartistefait partie d’une nouvelle génération d’interprètes qui, grâce à Tk Tok, font connaître la musique arabe au-delà des frontières géographique de leur pays d’origine. 

Le rappeur tunisien Balti a collaboré avec Elyanna sur la chanson à succès « Ghareeb Alay », et ont tous deux gagné en popularité, tandis que d’autres artistes arabes et de la diaspora expérimentent également de nouveaux sons et styles.

En utilisant des hashtag populaires tels que #arabicmusic ou #arabictiktok, les jeunes du monde entier peuvent découvrir et partager la musique arabe avec un large public. Les videos courtes, filmées verticalement qui répondent à la capacité d’attention (courte) des jeunes générations a permis à des artistes de toucher un large public arabe/musulman, mais aussi au-delà.

26 millions d’utilisateurs en Arabie

Turquie, Arabie saoudite, Égypte, Irak fournissent les plus grosses audiences musicales de TikTok, avec les États-Unis et l’Indonésie. Rien qu’en Arabie saoudite, l’application compte 26,39 millions d’utilisateurs, soit le plus grand nombre de la région. L’Irak et l’Égypte comptent tous deux plus de 23 millions d’utilisateurs, tandis que les Émirats arabes unis en comptent près de 6 millions.

Des artistes pop et de mahraganat (musique électro égyptienne très écoutée) comme Mohamed Ramadan ou Omar Kamal, des étoiles montantes comme Yassmin Ibrahim et les musiciens de Bsmalla Alaa… tous se tournent vers TikTok qui leur assure des audiences surmultipliées 

La musique arabe e Israel

L’industrie mondiale de la musique assiste à ce brutal changement de perspective qui  voit la musique arabe la plus récente franchir les frontières. 

Le journal israélien Haaretz note une percée de la musique arabe en Israël grâce à TikTok. « Les chansons « Wesh Jabak », du chanteur libyen Joudy Alhouti, et « Bum Bum », de Mohamed Ramadan , ont lancé la tendance l’été dernier. Et le dernier exemple en date est « Baby » avec la chanteuse libanaise Sara Al Zakaria, qui a conquis le TikTok local ces derniers mois. De jeunes hommes et femmes israéliens, y compris des femmes soldats, peuvent être vus en train de réciter la chanson sans réfléchir sur le site. Ils sourient à la caméra, dansent avec leurs amis – parfois en uniforme et portant leurs armes ; d’autres fois à la maison ou lors de fêtes. Même des femmes juives visiblement religieuses, les cheveux couverts, se joignent à la fête. »

« Hassan El Shafei  » doit beaucoup à TikTok
« Hassan El Shafei « 

La coupe du Monde au Qatar

Tik Tok n’est pas seul en cause dans ce grand franchissement des barrières. Des événements mondiaux comme la Coupe du monde au Qatar ont servi de puissant vecteur d’exportation de la musique arabe vers un public plus large. Des artistes locaux chantent et célèbrent la compétition et peuvent ainsi acquérir une notoriété qui va au delà des frontières de leur pays.

Netflix offre également la possibilité aux musiciens arabes de mettre en avant leurs créations dans ses séries originales ou documentaires musicaux consacrés à la scène musicale arabe tels que « Jinn », « Hassan El Shafei  » ou encore « Hip Hop Na ». Ces productions peuvent aider à promouvoir différents genres et styles musicaux auprès d’un public international.

Les plateformes de streaming telles que Spotify et Anghami ont aussi rendu plus accessible la musique arabe et ont brisé les barrières conventionnelles de cultures musicales liées à un territoire ethnique ou anthropologique. 

La musique arabe, via les plates formes sociales internationales, vont-elels modifier en profondeur les très conservatrices sociétés islamiques?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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L’âge d’or oublié de la pop persane https://mondafrique.com/loisirs-culture/lage-dor-oublie-de-la-pop-persane/ https://mondafrique.com/loisirs-culture/lage-dor-oublie-de-la-pop-persane/#respond Fri, 11 Jul 2025 16:34:15 +0000 https://mondafrique.com/?p=136718 Dans l’Iran prérévolutionnaire, la scène pop rock flamboyante mêlait influences occidentales et rythmes persans. Figures marquantes comme Googoosh, Kourosh Yaghmaei ou Farhad rassemblaient des foules et inventaient un nouvel âge d’or musical, désormais revisité par la jeunesse iranienne. Belinda Ibrahim, du site Ici Beyrouth À l’aube des années 1960-1970, l’Iran connaissait l’une de ses périodes […]

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Dans l’Iran prérévolutionnaire, la scène pop rock flamboyante mêlait influences occidentales et rythmes persans. Figures marquantes comme Googoosh, Kourosh Yaghmaei ou Farhad rassemblaient des foules et inventaient un nouvel âge d’or musical, désormais revisité par la jeunesse iranienne.

Belinda Ibrahim, du site Ici Beyrouth

À l’aube des années 1960-1970, l’Iran connaissait l’une de ses périodes culturelles les plus foisonnantes. Dans un pays en pleine mutation, la jeunesse iranienne découvrait les guitares électriques et les harmonies venues d’Occident, tout en y insufflant la poésie et les mélodies de la tradition persane.

Des groupes de rock psychédélique jouaient dans les caves de Téhéran, inspirés des Beatles, des Stones ou des Ventures. Ils chantaient en persan, et ce mélange inattendu donnait naissance à un son hybride, libre et audacieux.

Deux artistes symboles

Googoosh (Fāegheh Atashin), enfant-star dès l’âge de 4 ans dans les spectacles du shah, devient l’emblème de la pop iranienne. Surnommée «la reine de la pop», elle enchaîne tubes, films et tournées internationales dans les années 70. Son style, mêlant textes persans, pop, blues et disco, en fait une icône. Elle reprendra ses tournées mondiales dans les années 2000, ovationnée à Los Angeles, Dubaï, Paris ou encore Toronto, s’imposant comme un symbole vivant de la liberté artistique iranienne.

Kourosh Yaghmaei, surnommé «le parrain du rock psychédélique iranien», publie en 1973 son chef-d’œuvre Gol-e Yakh, vendu à plus de cinq millions d’exemplaires. Sa musique fusionne poésie persane et guitare électrique, marquée par Hendrix ou Pink Floyd. Malgré la censure post-1979, son héritage perdure. Redécouvert grâce à la compilation Back from the Brink (Now-Again Records, 2011), il est aujourd’hui considéré comme une figure culte du rock mondial.

Après Yaghmaei, d’autres voix fortes émergent. Farhad Mehrad, leader du groupe The Rebels, adopte un style rock influencé par la soul, avec des textes engagés. Sa chanson Jomeh (1971) est devenue culte. Il subit de lourdes restrictions après 1979, mais continue à composer avec détermination. Profondément marqué par la Révolution, Farhad refusera longtemps de rechanter dans les années 1980, en raison du climat répressif. Il ne reprendra l’enregistrement qu’au cours des années 90, avec une gravité mélancolique.

Le bouleversement politique de 1979 change tout. La République islamique interdit les concerts, impose une censure stricte et bannit toute musique jugée trop occidentale. Des artistes comme Googoosh, Yaghmaei ou Farhad doivent cesser toute activité publique, et leurs œuvres disparaissent des médias.

Googoosh reste silencieuse en Iran jusqu’en 2000, avant de refaire surface à Los Angeles. Yaghmaei tente de poursuivre en Iran, composant pour enfants ou orchestres, mais ses albums restent censurés, jusqu’à ce que ses anciens titres soient redécouverts dans des compilations internationales comme Back from the Brink. Farhad, lui, attendra les années 1990 pour publier à nouveau, avant sa mort en 2002.

Aujourd’hui, une nouvelle génération explore ces tubes oubliés. Grâce à des compilations comme ZendooniRangarang ou Raks Raks Raks, le public mondial redécouvre un âge d’or méconnu de la pop iranienne. En Iran aussi, une jeunesse en quête d’identité numérique écoute ce patrimoine avec nostalgie, comme un témoignage d’une liberté artistique perdue, mais jamais effacée.k

 

Sur place, ce sont des réseaux comme SoundCloud, Telegram ou des forums cryptés qui permettent à ces sons du passé de circuler malgré la censure. Ces musiques anciennes servent aujourd’hui de rempart symbolique face à la censure. Googoosh elle-même a exprimé sa fierté envers les protestataires modernes, rappelant la force d’une voix née dans une époque où l’on chantait et dansait librement.

L’histoire de la pop iranienne d’avant 1979 est celle d’un formidable élan créatif, un carrefour d’influences où pop, rock, funk, psychédélisme et tradition se rejoignent. Sous les restrictions imposées par le régime actuel, ces artistes continuent d’inspirer, et leur mémoire suscite un regain d’intérêt.

Cet héritage musical aux mille couleurs, redécouvert grâce aux vinyles exhumés, aux compilations internationales et aux réseaux numériques, laisse entrevoir les possibles d’une émancipation culturelle. À travers ces sons du passé, une nouvelle jeunesse reprend la parole, avec la fougue, la nostalgie et l’espoir d’un temps où musique rimait encore avec… liberté!

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