- Mondafrique https://mondafrique.com/loisirs-culture/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Sat, 10 May 2025 20:15:50 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.1 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg - Mondafrique https://mondafrique.com/loisirs-culture/ 32 32 Le formidable patrimoine musical en Afrique de 1300 à 1650 https://mondafrique.com/loisirs-culture/un-colloque-sur-la-diffusion-de-la-musique-en-afrique-avant-1650/ https://mondafrique.com/loisirs-culture/un-colloque-sur-la-diffusion-de-la-musique-en-afrique-avant-1650/#respond Sat, 10 May 2025 19:55:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=69817 Les études des musicologues ont longtemps considéré la musique africaine comme une forme d’art rudimentaire ou, au pire, inexistante, sans histoire ni sources. Ce qui ne s’écrit pas ne s’entendait pas.  Or des études ont pu démontrer récemment la richesse d’un patrimoine musical multiforme en Afrique, mais aussi le rôle actif des Africains dans le […]

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Les études des musicologues ont longtemps considéré la musique africaine comme une forme d’art rudimentaire ou, au pire, inexistante, sans histoire ni sources. Ce qui ne s’écrit pas ne s’entendait pas.  Or des études ont pu démontrer récemment la richesse d’un patrimoine musical multiforme en Afrique, mais aussi le rôle actif des Africains dans le développement et le façonnement des pratiques et cultures musicales sur d’autres continents.

L’année dernière, un colloque  était organisé à Tours sur « la musique en Afrique et sa  diffusion dans le monde à l’époque moderne (1300-1650) » avec le concours de Camilla Cavicchi qui enseigne à l’Université de Padouede, Janie Cole, Associate Lecturer à l’Université de Cape Town en Afrique du Sud, et Philippe Vendrix, qui dirige le programme de recherche Ricercar au CNRS. 

Un entretien d’Alexandre Vanautgaerden, historien et historien d’art, avec Camilia Cavicchi

Représentation de tambours africains dans l’ouvrage de Filippo Bonanni, Gabinetto Armonico, Rome, Giorgio Placho, 1723, pl. 78. Milan, Bibliothèque Braidense.

Camilla Cavicchi insiste sur les les rites et coutumes cérémonielles que l’on trouve dans les récits, par exemple, ceux du diplomate et juriste arabe, Hasan ben Mohammed al-Zaiyati. Fait prisonnier par des pirates chrétiens et remis au pape Léon X à Rome en 1517, il se convertit au christianisme et prend le nom de Léon l’Africain. Il opère ensuite comme ambassadeur et médiateur entre les mondes chrétien et arabe.

Dans sa Description de l’Afrique (écrite entre 1523 et 1526), il nous relate une cérémonie funéraire dans l’ancienne ville impériale de Fès au Maroc, où il a vécu: « Lorsque les femmes portent le deuil de leur mari, père, mère ou frère, elles se rassemblent et, après s’être dépouillées de leurs vêtements, elles enfilent de grands sacs. Enlèvent leurs vêtements, se frottent le visage avec, puis font venir à eux ces méchants hommes en habits de femme, qui portent certains tambours carrés : lorsqu’ils en jouent, ils chantent soudain des vers tristes et larmoyants à la louange du mort, et à la fin de chaque vers, les femmes pleurent à haute voix, et se frappent la poitrine et les joues, de sorte qu’une grande quantité de sang s’écoule. Et elles se déchirent les cheveux, tout en pleurant et en criant fort. Cette coutume dure sept jours ; puis ils s’interrompent pendant quarante jours, pendant lesquels lesdits pleurs sont répétés pendant trois autres jours continus. Et tel est l’usage courant du peuple. Les plus honnêtes hommes pleurent sans coup férir ; leurs amis Leurs amis viennent les réconforter, et tous leurs proches parents leur envoient des cadeaux de nourriture, car dans la maison des morts, tant qu’il y a un corps, il n’est pas coutume de cuisiner, et les femmes n’ont pas l’habitude d’accompagner les morts, même s’il s’agit de pères ou de frères. »

Si ce récit à Fès n’est pas sans évoquer l’extraordinaire passage homérique de la complainte pour la mort d’Hector dans l’Iliade (XXIV, 710-723), les ethno-musicologues ou historiens y repèrent d’abord la présence de ces musiciens en tenue féminine et l’utilisation du tambourin carré.

L’observation des oeuvres d’art

Pour tenter de raconter cette histoire globale qui intègre la musique du continent africain, une autre source importante pour Camilla Cavicchi  est l’observation des œuvres d’art. Ce tambourin carré se retrouve, notamment, représenté sur les peintures du plafond en bois réalisées par des artisans arabes vers 1150 après J.-C. dans la chapelle palatine de Palerme (ill. 2). Le batteur y  joue avec d’autres musiciens la musique d’al-janna, le paradis décrit par le Coran.

Musicien avec un tabourin carré sur le plafond en bois peint. Palerme, chapelle palatine, entre 1131-1140. Soutenu par les pouces des deux mains et joué avec les doigts des deux mains en tapotant la membrane sur les bords du cadre, l’instrument représenté dans la chapelle palatine présente des similitudes avec les deff nord-africains habituels, comme sa forme et l’utilisation de décorations cordiformes au henné.

Les Africains n’ont d’ailleurs pas manqué de représenter leurs musiciens et leurs instruments, tel ce très beau joueur de cor de la garde royale de l’Oba du Bénin (ill. 3), datant de la fin du XVIe siècle, conservé non au Bénin mais à Londres au British Museum. Nous reviendrons prochainement sur cette problématique du « déplacement » des œuvres d’art, dans une série d’articles traitant du thème de la restitution. Symboliquement, cette œuvre béninoise a été choisie pour illustrer l’affiche du colloque (ill. 4).

 

Joueur de cor de la garde royale de l’Oba du Bénin, fin XVIe siècle environ. Londres, British Museum, n. Af1949,46.156. Photo © The British Museum, Londres, Dist. RMN-Grand Palais / The Trustees of the British Museum.
Affiche du colloque La musique en Afrique et sa  diffusion dans le monde à l’époque moderne (1300-1650) Centre d’études supérieures de la Renaissance, Tours (France) 27 juin-1er juillet 2022.

Les récits de voyage

Camilla Cavicchi attire ensuite notre attention sur une autre source très étudiée actuellement : la lecture des chroniques et journaux de voyage. Un groupe de recherche à l’Université de Padoue se concentre d’ailleurs sur l’étude de ces récits riches en notation pour cette nouvelle histoire de la musique, depuis Christophe Colomb jusqu’à Darwin.

Ce colloque de Tours va alterner des sessions consacrées à des zones géographiques en Afrique  et à la thématique des influences de l’Afrique en Europe, avec des tables rondes dont l’une sur la décolonisation, ainsi qu’un atelier d’interprétation musicale historique.

On terminera par un regret. S’il est remarquable que les organisateur et organisatrices se soient démenés pour trouver les financements permettant à tous les intervenants de se rencontrer en France, il est regrettable que les problèmes récurrents de visas, ou de vaccin et pour finir l’augmentation des prix des vols en raison de la guerre en Ukraine empêchent la majorité des chercheurs africains d’être présents en France, les obligeant d’intervenir via Zoom, les privant ainsi du fruit des discussions informelles qui, on le sait, font le plus avancer la recherche.

 

RENSEIGNEMENTS PRATIQUES

Ce colloque international réunit 45 intervenants d’Europe, d’Afrique et d’Amérique. L’inscription est gratuite, mais obligatoire.

Le colloque se tiendra en format hybride en présentiel au Centre d’études supérieures de la Renaissance et en distanciel via Zoom. La séance inaugurale sera retransmise en direct sur Youtube.

Tous les renseignements, le programme et le lien de connexion peuvent être consultés à l’adresse suivante : https://cesr-cieh2022.sciencesconf.org/

LE LIEU

 Le Centre d’études supérieures de la Renaissance

59, rue Néricault-Destouches BP 12050 37020 TOURS Cedex 1

LES ORGANISATEURS

Camilla Cavicchi, Università degli Studi di Padova

Janie Cole, University of Cape Town, South African College of Music

Philippe Vendrix, CNRS-CESR, Tours

 

CONTACT

Marie Laure Masquilier : masquilier[at]univ-tours.fr

POUR ALLER PLUS LOIN

 

Roberto Leydi, L’altra musica, Giunti-Ricordi, 1991.

Nathalie Zemon Davies, Léon l’Africain : un voyageur entre deux mondes, 2014.

Camilla Cavicci, « Lamentazioni d’effimenti nella Fez del Cinquecento », 2007 (https://www.academia.edu/2325679/Lamentazioni_deffeminati_nella_Fez_del_Cinquecento).

David RM Irving, “Rethinking Early Modern ‘Western Art Music’: A Global History Manifesto”, IMS Musicological Brainfood, 2009, 3 (1): 6-10. (https://www.icrea.cat/en/Web/ScientificStaff/davidrmirving/selected-publications#researcher-nav).

Janie Cole, project “Re-Centring AfroAsia: Musical and Human Migrations in the Pre-Colonial Period 700-1500 AD” (www.afroasia.uct.ac.za).

Philippe Vendrix, projet Ricercar (https://ricercar.cesr.univ-tours.fr/).

Projet de recherche Traveling Diaries from Cristoforo Colombo to Charles Darwin: Identità musicali di popoli senza note nei racconti di viaggio (https://www.research.unipd.it/handle/11577/3350466?mode=full.973).

 

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La semaine culturelle africaine (9-16 mai)en quatre spots https://mondafrique.com/loisirs-culture/la-semaine-culturelle-africaine-9-16-maien-quatre-spots/ https://mondafrique.com/loisirs-culture/la-semaine-culturelle-africaine-9-16-maien-quatre-spots/#respond Sat, 10 May 2025 09:47:25 +0000 https://mondafrique.com/?p=133207 Angers célèbre les cinémas d’Afrique Du 12 au 18 mai 2025, le Festival Cinémas d’Afrique fête ses 20 ans à Angers. Projections, débats, concerts, expositions et ateliers rythment cette édition anniversaire, reflet de la vitalité et de la diversité des regards africains contemporains. Le Festival Cinémas d’Afrique célèbre cette année ses vingt ans. Du 12 […]

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Angers célèbre les cinémas d’Afrique


Du 12 au 18 mai 2025, le Festival Cinémas d’Afrique fête ses 20 ans à Angers. Projections, débats, concerts, expositions et ateliers rythment cette édition anniversaire, reflet de la vitalité et de la diversité des regards africains contemporains.

Le Festival Cinémas d’Afrique célèbre cette année ses vingt ans. Du 12 au 18 mai 2025, Angers accueille la 20e édition d’un événement devenu une référence en matière de diffusion des cinémas africains en France. Organisé par l’association Cinémas et Cultures d’Afrique, le festival s’est imposé, depuis 2005, comme un espace de circulation des récits, de dialogue entre les continents et de valorisation d’œuvres souvent absentes des grands circuits commerciaux. À travers une programmation riche et exigeante, il propose une immersion dans les esthétiques, les récits et les imaginaires du continent et de ses diasporas.

Cette édition anniversaire s’appuie sur une sélection resserrée de 14 films – 7 longs et 7 courts métrages – choisis parmi plus de 250 visionnés depuis septembre 2024. Parmi les titres en compétition, on retrouve Goodbye Julia de Mohamed Kordofani (Soudan), Ce n’est rien de Merzak Allouache (Algérie), Disco Afrika de Luck Razanajaona (Madagascar), Ndar : saga waalo d’Ousmane William Mbaye (Sénégal), Le lac bleu de Daoud Aoulad-Syad (Maroc) et Asfour Jenna de Mourad Cheickh (Tunisie). Autant de films qui interrogent l’histoire, les identités, la mémoire, la liberté ou l’écologie, avec des partis pris formels variés, entre fable, chronique sociale, documentaire poétique ou récit politique.

Les projections auront lieu dans deux lieux emblématiques d’Angers : le Grand Théâtre et le cinéma Les 400 Coups. Chaque séance est suivie d’échanges avec les réalisateurs ou les équipes des films, permettant une mise en contexte précieuse pour le public. Cette volonté d’accompagner les œuvres est au cœur de la démarche du festival depuis ses débuts : offrir des espaces de parole aux créateurs, rendre lisible la complexité des contextes de production, et encourager une lecture critique, attentive et sensible.

La programmation ne se limite pas aux projections. Des spectacles vivants, concerts, expositions et ateliers participatifs viennent compléter l’expérience. Le 12 mai, la soirée d’ouverture accueillera au Grand Théâtre la performance Sirakan de Tata Tassala Bamouni. Le 13 mai, un ciné-concert avec la Galerie Sonore accompagnera un court-métrage égyptien. Le 14 mai, un défilé de mode sera organisé aux Salons Curnonsky, suivi d’un concert de l’Orchestre Yoda. Le 16 mai, le rappeur franco-malien Bakary Diakité montera sur scène pour un concert au Grand Théâtre, prolongeant les résonances entre musiques urbaines et récits cinématographiques.

Des expositions seront également accessibles pendant toute la durée du festival : « Insolites Poupées d’Afrique », présentée à la Tour Saint-Aubin, rassemble une collection de figurines rituelles mises en valeur par l’association Muvacan. Les Salons Curnonsky accueilleront pour leur part une exposition de batiks de Lamine Maïga. Côté jeune public, des séances spéciales, ateliers contes et initiations au batik sont prévus, en lien avec les projections aux 400 Coups.

La journée professionnelle du 15 mai sera consacrée aux enjeux de la diffusion des films africains sur le continent. En parallèle, un moment convivial rassemblera festivaliers, bénévoles et curieux le 17 mai, autour d’un repas partagé aux Salons Curnonsky. Le festival se clôturera le 18 mai par la projection des films primés, à 14h pour le prix du jury jeune et à 17h30 pour le prix du public.

Les billets sont disponibles via HelloAsso et sur place. Un passeport public est proposé à 28 €, un passeport jeunes (16-30 ans) à 10 €, avec des formules à la carte pour les séances individuelles et les groupes.

Le Festival Cinémas d’Afrique d’Angers ne célèbre pas seulement vingt ans d’existence. Il incarne une manière de concevoir le cinéma comme lieu de mémoire, de débat, de transmission. Il affirme le rôle de la culture dans le rapprochement des mondes, la reconnaissance des récits minorés et la construction d’un espace de regard partagé. Pendant une semaine, Angers devient le théâtre de ces histoires d’avenir, où l’image interroge, relie et transforme.

Paris Tribal 2025 : l’Afrique des arts premiers au cœur de Saint-Germain


Du 13 au 18 mai 2025, le quartier de Saint-Germain-des-Prés accueille la 12e édition de Paris Tribal. Plus de 40 galeries y présentent des œuvres d’Afrique et d’ailleurs, dans un parcours libre et documenté au croisement de l’histoire, de l’art et de l’éthique.

Pendant six jours, le quartier de Saint-Germain-des-Prés se transforme en un musée à ciel ouvert. Du 13 au 18 mai 2025, Paris Tribal revient pour sa 12e édition avec une programmation consacrée aux arts traditionnels d’Afrique, d’Océanie, d’Asie et des Amériques. Plus de 40 galeries françaises et internationales ouvrent leurs portes pour faire découvrir une sélection d’objets rares – masques rituels, sculptures votives, artefacts de pouvoir – présentés avec exigence et sens du contexte.

Dans les vitrines et les espaces d’exposition, les arts premiers africains occupent cette année une place de choix. Masques baoulés, statues dogons, sièges luba, fétiches kongo ou figures senoufo sont exposés dans une mise en scène sobre, précise, souvent accompagnée de notices explicatives, de publications ou de certificats d’authenticité. Il ne s’agit pas ici de montrer de simples objets décoratifs, mais des pièces profondément liées à des pratiques rituelles, des systèmes de pensée, des gestes ancestraux.

Certaines galeries choisissent de concentrer leur présentation sur un territoire ou une fonction spécifique, mettant en valeur par exemple les objets liés aux cultes funéraires, aux rituels de guérison ou aux rites d’initiation. D’autres croisent les approches, éclairant les circulations historiques ou les filiations stylistiques entre différentes régions. L’attention portée à la provenance, au rôle de l’objet dans son contexte d’origine et à sa transmission renforce la portée pédagogique de l’événement.

Le vernissage se tiendra le mardi 13 mai de 11h à 21h, marquant l’ouverture d’un parcours qui se poursuivra jusqu’au dimanche 18. Chaque jour, les galeries seront accessibles de 11h à 19h, sauf le dimanche, où les portes se refermeront en fin d’après-midi. L’entrée est libre, et les visiteurs – qu’ils soient connaisseurs ou simplement curieux – peuvent flâner de rue en rue, pousser une porte, échanger avec des galeristes passionnés et prendre le temps de la découverte.

Outre l’exposition des œuvres, Paris Tribal propose également des rencontres, des visites commentées, des conférences et d’autres temps forts qui permettent d’approfondir les enjeux liés à ces objets : leur circulation, leur conservation, leur valeur symbolique, leur réinterprétation contemporaine. Dans une démarche assumée, plusieurs galeries mettent en avant leur collaboration avec des chercheurs, des institutions muséales ou des initiatives culturelles dans les pays d’origine.

Paris Tribal ne se présente pas comme un simple marché. Il revendique une fonction de transmission, dans une perspective à la fois artistique, documentaire et éthique. En exposant des objets d’art souvent marginalisés dans les récits de l’histoire de l’art occidentale, le festival contribue à en reconnaître la puissance formelle, la complexité symbolique et la portée universelle. Il s’adresse autant aux collectionneurs qu’aux amateurs d’histoire, d’anthropologie ou d’esthétique.

Saint-Germain-des-Prés, quartier associé à la vie intellectuelle parisienne, offre un cadre cohérent à cet événement. La déambulation entre galeries devient une promenade à la fois savante et sensorielle. Chaque vitrine attire l’œil. Chaque espace raconte un pan d’histoire. Chaque pièce invite à poser un regard plus juste sur ces objets longtemps enfermés dans des visions folklorisantes.

Du 13 au 18 mai, Paris Tribal 2025 invite à redécouvrir les arts premiers comme des expressions à part entière de la création humaine. Une invitation à penser autrement la beauté, la mémoire et la place de ces œuvres dans l’histoire globale de l’art.

Savoir-faire d’Afrique : deux jours d’art vivant à Paris

L’Afrique artisanale s’invite à Paris, deux jours à la Maison de l’Afrique
Les 13 et 14 mai 2025, la Maison de l’Afrique accueille une exposition-vente dédiée à l’artisanat africain, entre savoir-faire traditionnels et création contemporaine. Un rendez-vous rare pour découvrir des objets uniques façonnés à la main.

Les 13 et 14 mai 2025, la Maison de l’Afrique, située 4 rue Galilée dans le 16e arrondissement de Paris, accueille une exposition-vente d’artisanat africain organisée par Dream Team Africa. Pendant deux journées, cet espace de dialogue et de diffusion culturelle devient le théâtre d’une rencontre directe avec des artisans et créateurs venus de divers pays du continent. Bijoux touaregs, textiles bogolan, poteries nigériennes, maroquinerie sahélienne, sculptures, objets décoratifs ou utilitaires : chaque pièce exposée porte en elle l’empreinte d’un geste, d’une matière, d’un territoire.

De 13h à 20h, les visiteurs pourront découvrir ces objets façonnés à la main, témoins d’un patrimoine vivant en constante évolution. Le travail du cuir, du bronze, du bois, de l’argent ou des fibres naturelles y reflète autant une mémoire des matériaux qu’une relation précise au temps et à l’environnement. Loin de la production de masse, l’artisanat présenté ici valorise la lenteur du geste, la précision du motif, l’équilibre du détail.

Des savoirs transmis de génération en génération sont ici mis à l’honneur par des artistes qui, tout en respectant les techniques traditionnelles, les inscrivent dans une dynamique actuelle. Certains objets sont créés au sein de collectifs de femmes ou d’ateliers familiaux, d’autres résultent de démarches individuelles plus contemporaines. Tous ont en commun une exigence de qualité et une inscription forte dans leur contexte culturel d’origine.

Mais cette exposition-vente ne se réduit pas à une logique commerciale. Elle s’inscrit dans une démarche éthique et solidaire, soutenant des filières locales et promouvant des formes de travail équitables. Acheter un objet ici, c’est participer à une économie vivante, souvent fragile, tout en valorisant un artisanat souvent relégué en marge des circuits internationaux. Le geste d’achat devient un acte de reconnaissance, un appui à une mémoire active.

Fidèle à sa vocation de plateforme interculturelle, la Maison de l’Afrique donne à cet événement tout son sens. Lieu de réflexion, de diplomatie et de diffusion des cultures africaines, elle rappelle que l’artisanat n’est pas un art mineur mais une forme d’intelligence du monde, structurée et sensible. Le tissage, le martelage, le modelage, la sculpture ou la couture sont autant de manières de dire, de transmettre, de relier.

Ce rendez-vous constitue également une opportunité unique d’échange. La présence des artisans ou de leurs représentants permettra aux visiteurs de mieux comprendre les contextes de fabrication, les gestes appris dès l’enfance, les histoires personnelles derrière chaque objet. À travers cette relation directe, la valeur des pièces ne se limite plus à leur esthétique, mais s’élargit à ce qu’elles incarnent.

Pendant deux jours, l’Afrique artisanale s’invite à Paris autrement : non comme une vitrine folklorisée, mais comme une présence active, une main tendue, un geste porteur d’histoire. Un moment rare de découverte et d’écoute, dans un cadre propice à la rencontre, à l’attention et à la transmission.

Kora Days 2025 : Bruxelles au cœur des cordes ouest-africaines


Les 15 et 16 mai, le Bozar accueille Kora Days, un festival consacré à la kora, entre documentaire et concert, avec trois grands noms du répertoire mandingue.

Les 15 et 16 mai 2025, Bruxelles met à l’honneur la kora à travers un événement qui conjugue musique, transmission et mémoire. Organisé au Bozar, haut lieu de la scène culturelle bruxelloise, Kora Days propose deux journées consacrées à cet instrument emblématique d’Afrique de l’Ouest, en présence de figures majeures de la tradition griotique. Le festival entend offrir au public une approche sensible de la kora, instrument à 21 cordes transmis de génération en génération au sein des sociétés mandingues du Mali, du Burkina Faso, de Guinée ou du Sénégal.

Le 15 mai, le festival s’ouvre avec la projection du documentaire Ballaké Sissoko, une histoire de kora. Le film retrace le parcours du musicien malien Ballaké Sissoko, héritier d’une longue lignée de griots et l’un des plus grands ambassadeurs actuels de la kora. À travers ses voyages, ses collaborations et ses silences, le documentaire explore la dimension spirituelle de l’instrument, son rôle dans la transmission orale et son inscription dans une culture du récit et de la parole chantée. La projection est suivie d’un échange avec les organisateurs autour des enjeux liés à la préservation et à la reconnaissance de ce patrimoine musical.

Le 16 mai, place au concert. Trois grands noms de la kora contemporaine se succéderont sur scène dans l’acoustique feutrée du Bozar. Madou Sidiki Diabaté, frère cadet de Toumani Diabaté, représente la tradition malienne dans sa forme la plus raffinée. Son jeu limpide et élégant s’inscrit dans la continuité d’une lignée légendaire. À ses côtés, Aboubakar Traoré, originaire du Burkina Faso, propose une approche plus expérimentale, mêlant les sonorités de la kora à des textures électroniques et à des harmonies empruntées au jazz. Balima, également burkinabé, développe quant à lui une esthétique méditative, centrée sur les motifs cycliques, les silences, et une expressivité minimaliste qui renoue avec la dimension introspective de la musique.

Ce concert, pensé comme un dialogue entre trois sensibilités, permet de mesurer la richesse et la diversité des pratiques autour de la kora aujourd’hui. Loin d’une vision figée, Kora Days montre une tradition en mouvement, capable de s’adapter sans se diluer, et de parler au présent sans renier son ancrage.

En mettant la kora au centre de sa programmation, le festival poursuit une démarche de reconnaissance des traditions orales africaines au sein des institutions culturelles européennes. La kora n’est pas seulement un instrument de musique : elle est le vecteur d’un système de transmission, d’un rapport à l’histoire, à l’identité et à la communauté. Elle accompagne les récits fondateurs, les célébrations, les passages. Elle relie les voix du passé aux attentes du présent.

À Bruxelles, ville de migrations et de croisements culturels, cette initiative prend un relief particulier. Kora Days propose une écoute attentive d’un monde souvent relégué aux marges de la scène artistique occidentale. Le festival s’adresse à tous les publics, qu’ils soient familiers de la tradition mandingue ou simplement curieux de découvrir un répertoire peu diffusé. Dans la salle, les générations se croisent, les cultures se répondent, et les cordes de la kora tissent un fil discret entre les continents.

Pendant deux soirées, Kora Days donne à entendre une autre histoire de la musique africaine, loin des clichés ou des effets spectaculaires. Une histoire faite de gestes précis, de silences habités, de notes suspendues. Une histoire qui continue de se jouer, lentement, avec grâce, au bout des doigts.

 

 

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L’age d’or des Mamelouks https://mondafrique.com/loisirs-culture/lage-dor-des-mamelouks/ https://mondafrique.com/loisirs-culture/lage-dor-des-mamelouks/#respond Sat, 10 May 2025 09:38:17 +0000 https://mondafrique.com/?p=133202 La fantastique épopée des Mamelouks au Proche-Orient sera au coeur de l’exposition «Mamlouks, 1250-1517» qui ouvrira ses portes au public dès mercredi au Louvre. Elle dévoilera notamment  260 chefs-d’œuvre d’un empire oublié, mais flamboyant. À découvrir jusqu’au 28 juillet.     Issus d’une caste d’esclaves militaires du Caucase et d’Asie centrale, les Mamelouks ont constitué une […]

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La fantastique épopée des Mamelouks au Proche-Orient sera au coeur de l’exposition «Mamlouks, 1250-1517» qui ouvrira ses portes au public dès mercredi au Louvre. Elle dévoilera notamment  260 chefs-d’œuvre d’un empire oublié, mais flamboyant. À découvrir jusqu’au 28 juillet.    

Issus d’une caste d’esclaves militaires du Caucase et d’Asie centrale, les Mamelouks ont constitué une dynastie et un vaste empire égypto-syrien, âge d’or du Proche-Orient médiéval, objet d’une grande exposition qui débute mercredi au musée du Louvre.

«Mamlouks, 1250-1517» met à l’honneur pour la première fois en Europe cet empire qui a marqué une «renaissance de la civilisation islamique pendant plus de deux siècles», du Caire à Damas en passant par Alep, Jérusalem ou Tripoli, expliquent à l’AFP les commissaires, Souraya Noujaïm, directrice du département des Arts de l’Islam au Louvre, et Carine Juvin, chargée de collection dans ce département.

Textiles, objets d’art, manuscrits, peintures, ivoires, décors de pierre et de boiserie…quelque 260 chefs-d’œuvre sont présentés jusqu’au 28 juillet dans cinq sections thématiques mises en lumière par plusieurs espaces de médiation immersifs.

Carrefour d’échanges

Chacune évoque en détail cette «période assez peu présentée au grand public, qui montre comment, pendant deux siècles et demi, sultans, émirs et élites civiles, résolument engagés dans le mécénat des arts, ont favorisé une esthétique abstraite, reflétant une société cosmopolite» autant qu’un «carrefour d’échanges» et un «trait d’union entre l’Orient et l’Occident», souligne Mme Noujaïm.

«En termes d’urbanisme, le sultanat a complètement modelé l’image des grandes cités urbaines» proche-orientales, ajoute Mme Juvin. Commerce des épices, des fourrures, du corail ou de la soie, il était aussi « le passage obligé par la Mer rouge depuis l’Asie vers l’Europe», indique-t-elle.

Parmi les trésors exposés, des manuscrits à l’écriture cursive et aux arabesques végétales et géométriques, un «grand Coran de Manchester» (en un seul volume) du XIVe siècle, des «rouleaux de pèlerinage» aux fines enluminures s’apparentant à des carnets de voyage et nombre de vases et pièces de verre soufflé, émaillé et doré.

Un rare tapis à trois médaillons reprenant la géométrie étoilée caractéristique de l’époque mamelouke est également exposé. Il provient du Louvre Abou Dhabi où l’exposition voyagera à partir de septembre.

Partout, «lumière et transparence reflètent, comme en architecture, un univers spirituel et un imaginaire qui évoque l’infini», décrit Mme Noujaïm.

Côté société, sont présentées, tour à tour, les grandes figures de cet empire où hommes et femmes cohabitent comme ulémas et soufis, gens de plume, marchands et artisans, islam et minorités chrétiennes et juives.

Le Caire et Damas forment alors les deux grands centres nerveux de cet empire. La dynastie qui le fonde trouve son origine dans un système singulier reposant sur l’esclavage militaire, avec des guerriers réputés pour leurs qualités de cavaliers et de tireurs à l’arc, majoritairement turcs puis caucasiens, arrachés enfants à leurs familles et élevés dans un esprit de corps et dans l’islam, dont certains s’affranchiront.

Femmes et sciences

Côté femmes, sujet qui intéresse les chercheurs depuis une dizaine d’années, selon Mme Noujaïm, «dans les textes de loi, leur vie est circonscrite au domaine domestique, dans les faits, elles circulent dans les souks, les rues et participent à la vie de la communauté ».

«Certaines gravissent les échelons, deviennent des femmes d’affaires, amassent des fortunes et font ériger des mausolées», à l’instar de l’esclave d’origine soudanaise Sitt Hadaq, précise cette spécialiste.

«La sultane Shajara al-Durr (l’arbre de perles), qui va régner seulement 80 jours, frappera la monnaie à son nom après avoir été portée au pouvoir par son entourage et les officiers mamelouks», ajoute-t-elle.

L’exposition montre aussi comment, sous les Mamelouks, les sciences se développent considérablement. Parmi les avancées technologiques présentées, «un astrolabe témoigne de ce qui pourrait représenter les bases de la révolution copernicienne», dit-elle.

Les Mamelouks fascineront les Européens au XIXe siècle, inspirant le courant orientaliste. Le corps des cavaliers mamelouks exercera lui aussi une véritable attraction sur Napoléon lors de la campagne d’Egypte et de la bataille des pyramides (1798) représentée dans un tableau de François-André Vincent (1746-1816), exposé.

Une série de conférences et une journée d’étude accompagnent l’exposition. Une présentation des fouilles archéologiques de la citadelle d’Alep, haut lieu de l’empire mamelouk, est programmée le 15 mai.

Par Sandra BIFFOT-LACUT /AFP

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Dakar en musique avec le « Stereo Africa Festival » https://mondafrique.com/loisirs-culture/la-semaine-culturelle-africaine-9-16-mai-le-stereo-africa-festival-a-dakar/ https://mondafrique.com/loisirs-culture/la-semaine-culturelle-africaine-9-16-mai-le-stereo-africa-festival-a-dakar/#respond Fri, 09 May 2025 14:43:13 +0000 https://mondafrique.com/?p=133114 Du 7 au 11 mai 2025, Dakar accueille la quatrième édition du Stereo Africa Festival, rendez-vous majeur des musiques actuelles africaines. Le 10 mai, le concert RMX électrise le CICES avec un plateau d’artistes électro et urbains. Du 7 au 11 mai 2025, la ville de Dakar accueille la quatrième édition du Stereo Africa Festival, […]

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Du 7 au 11 mai 2025, Dakar accueille la quatrième édition du Stereo Africa Festival, rendez-vous majeur des musiques actuelles africaines. Le 10 mai, le concert RMX électrise le CICES avec un plateau d’artistes électro et urbains.

Du 7 au 11 mai 2025, la ville de Dakar accueille la quatrième édition du Stereo Africa Festival, un événement musical devenu incontournable pour qui s’intéresse à la scène artistique africaine contemporaine. Organisé par le label Stereo Africa 432, le festival investit plusieurs lieux culturels de la capitale pour célébrer la diversité des expressions musicales du continent, entre héritage et innovation. Il s’adresse aussi bien aux professionnels qu’au grand public, avec une programmation qui mêle concerts, ateliers, tables rondes, performances et rencontres artistiques.

Parmi les têtes d’affiche annoncées cette année figurent Cheikh Lô, figure emblématique du mbalax et du jazz fusion, Daraa J, pionniers du hip-hop sénégalais, et Tafa Diarabi, jeune talent à la voix puissante et au style engagé. Des artistes venus du Nigeria, du Ghana, de Côte d’Ivoire et du Mali sont également attendus, dans une logique panafricaine assumée. Chaque soir, la ville devient un carrefour sonore, entre concerts live, DJ sets et showcases dans des lieux répartis entre le centre-ville, les quartiers populaires et les espaces institutionnels.

Le 10 mai, le festival atteint son point culminant avec le concert RMX, organisé au Centre international du commerce extérieur du Sénégal (CICES). Ce lieu emblématique accueille une soirée entièrement dédiée aux musiques urbaines et électro-africaines. Sur scène, des artistes comme BRMX viendront enflammer le public dans une ambiance immersive, portée par une scénographie dynamique et une sélection musicale à forte charge rythmique. Le concert est proposé à un tarif accessible : 3 000 FCFA pour le pass simple, 10 000 FCFA pour l’accès VIP, afin de permettre au plus grand nombre de vivre l’événement.

Le Stereo Africa Festival ne se limite pas à une programmation musicale. Il s’inscrit dans une démarche de valorisation des cultures africaines, en mettant l’accent sur les échanges interculturels et la formation. Des ateliers animés par des artistes et producteurs sont organisés tout au long de la semaine, ainsi que des tables rondes sur les enjeux contemporains de la création musicale en Afrique – circulation des œuvres, indépendance artistique, place des femmes, impact du numérique.

Ce double tempo – réflexion le jour, énergie live le soir – reflète la philosophie du festival, qui cherche à faire dialoguer les générations, les genres musicaux et les trajectoires artistiques. Le public, jeune et varié, participe activement à cette dynamique. On y croise des amateurs de rap et d’afrobeat, des curieux venus découvrir la nouvelle scène électronique ou encore des passionnés de musiques hybrides.

Dakar, riche de son histoire musicale, confirme à travers cette édition son rôle central dans les échanges culturels du continent. Ville de création autant que de diffusion, elle accueille ce festival comme une évidence. Le Stereo Africa Festival contribue à cette dynamique en réaffirmant que la musique africaine contemporaine est à la fois un lieu de mémoire et d’expérimentation.

Du 7 au 11 mai, Dakar devient le point de convergence d’une Afrique musicale plurielle, exigeante, ouverte. Une semaine rythmée par des sons, des idées, des rencontres. Une semaine où le groove, les mots et les machines racontent ensemble une Afrique en mouvement.

 

 

 

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Le 10 mai, l’artiste ivoirien Marho enflamme Bouaké  https://mondafrique.com/loisirs-culture/le-10-mai-lartiste-ivoirien-marho-enflamme-bouake/ https://mondafrique.com/loisirs-culture/le-10-mai-lartiste-ivoirien-marho-enflamme-bouake/#respond Fri, 09 May 2025 14:29:47 +0000 https://mondafrique.com/?p=133106 Le 10 mai 2025, l’artiste ivoirien Marho se produit en concert à Bouaké. Une soirée rythmée par l’afrobeat, le coupé-décalé et les influences mandingues, dans une salle emblématique de la vie culturelle ivoirienne. Le 10 mai 2025, Bouaké accueille l’un des événements musicaux les plus attendus de la saison. Marho, figure montante de la scène […]

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Le 10 mai 2025, l’artiste ivoirien Marho se produit en concert à Bouaké. Une soirée rythmée par l’afrobeat, le coupé-décalé et les influences mandingues, dans une salle emblématique de la vie culturelle ivoirienne.

Le 10 mai 2025, Bouaké accueille l’un des événements musicaux les plus attendus de la saison. Marho, figure montante de la scène afro-urbaine ivoirienne, se produira en concert au Centre Culturel Jacques Aka, offrant au public une soirée entre énergie scénique, rythmes métissés et proximité partagée. Originaire de Côte d’Ivoire, Marho s’est imposé en quelques années comme une voix marquante pour la jeunesse ivoirienne, grâce à un style qui mêle habilement afrobeat, coupé-décalé, sonorités mandingues et touches pop contemporaines.

Connu à l’origine pour sa reprise virale du titre « Last Last » de Burna Boy, rebaptisée « Allô Police » en 2022, Marho – de son vrai nom Jean Osée Daniel Kalou – a depuis enchaîné les titres à succès sur les plateformes de streaming. Son écriture évoque le quotidien, les sentiments, l’identité culturelle et les espoirs d’une jeunesse en quête d’élan. En janvier 2023, il s’est également illustré hors des studios en secourant une femme âgée et un nourrisson lors d’un incendie à Cocody, un acte salué publiquement par le ministre de la Jeunesse, Mamadou Touré, qui a renforcé son image d’artiste engagé et respecté.

Le concert du 10 mai s’annonce comme une immersion directe dans l’univers musical de Marho, avec des morceaux fédérateurs et une mise en scène conçue pour l’interaction avec le public. L’artiste sera au plus près de ses fans dans une ambiance festive et chaleureuse. Les billets sont proposés à 3 000 FCFA en tarif standard, et à 5 000 FCFA pour l’accès VIP, qui garantit une meilleure visibilité et un confort renforcé. Les réservations peuvent se faire par téléphone ou en ligne via la plateforme ShowBook Africa.

Le choix du Centre Culturel Jacques Aka ne doit rien au hasard. Ce lieu ancré dans la mémoire collective de Bouaké a accueilli de nombreux événements artistiques majeurs, du théâtre à la danse, en passant par des conférences et des retransmissions sportives. Pendant la CAN 2023, il a servi de point de rassemblement pour les habitants, confirmant son rôle central dans la vie culturelle de la région. Doté d’une excellente acoustique et d’une configuration modulable, il s’adapte parfaitement aux concerts live et favorise la proximité entre l’artiste et le public.

Ce concert s’inscrit également dans une dynamique plus large de décentralisation culturelle en Côte d’Ivoire. Longtemps concentrée à Abidjan, la vie artistique s’ouvre aujourd’hui à d’autres villes du pays. Bouaké, deuxième plus grande ville, confirme son statut de pôle culturel régional. En accueillant Marho, elle affirme sa place dans la cartographie musicale nationale, tout en contribuant à renforcer l’accès à la création pour les publics locaux.

Le 10 mai, c’est donc bien plus qu’un concert qui se prépare. C’est une rencontre entre un artiste et une ville, entre une scène et une jeunesse, entre des rythmes et une mémoire. La musique de Marho, enracinée mais contemporaine, populaire sans jamais céder à la facilité, vient dialoguer avec l’histoire d’un lieu et l’énergie d’un public. Une soirée attendue comme un moment de fête, mais aussi de reconnaissance.

 

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La musique berbère fait vibrer Paris le 10 mai ! https://mondafrique.com/loisirs-culture/la-semaine-culturelle-africaine-9-16-mai-de-la-musique-berbere-le-10-mai/ https://mondafrique.com/loisirs-culture/la-semaine-culturelle-africaine-9-16-mai-de-la-musique-berbere-le-10-mai/#respond Fri, 09 May 2025 12:57:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=133051 De Paris à Dakar, d’Angers à Bouaké, la scène culturelle africaine pulse cette semaine à travers concerts, festivals et expositions. Musiques berbères au Pan Piper, cinéma engagé à Angers, arts premiers à Saint-Germain ou électro à Dakar, découvrez la sélection de la rédaction. Rejoignez la nouvelle chaine Whatsapp de Mondafrique Afro Connect, la musique berbère […]

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De Paris à Dakar, d’Angers à Bouaké, la scène culturelle africaine pulse cette semaine à travers concerts, festivals et expositions. Musiques berbères au Pan Piper, cinéma engagé à Angers, arts premiers à Saint-Germain ou électro à Dakar, découvrez la sélection de la rédaction.

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Afro Connect, la musique berbère fait vibrer Paris le 10 mai


Le 10 mai 2025, Paris accueille une soirée inédite consacrée aux musiques amazighes. Entre tradition et hybridations contemporaines, Afro Connect investit le Pan Piper avec des artistes venus d’Algérie et de Mauritanie.

Le 10 mai 2025, le Pan Piper, salle indépendante située dans le 11e arrondissement de Paris, devient le point de convergence d’une soirée entièrement dédiée aux musiques berbères d’Afrique. Organisée par Afrik’Consult Culture et Euro-berbère Économie, la soirée Afro Connect rassemble des artistes venus de différents territoires amazighs et sahéliens, dans une volonté commune de valoriser la richesse musicale de ces cultures souvent peu représentées dans les grands circuits.

À partir de 20h, plusieurs figures de la scène amazighe et sahélienne se succèderont sur scène. Le chanteur Alilou, originaire de Michelet en Kabylie, ouvrira la soirée avec son univers mêlant tradition et modernité. Diplômé de l’Institut Supérieur de Musique d’Alger, il est actif depuis plus de vingt ans et a collaboré avec des artistes majeurs comme IDIR, Cherif Kheddam ou Lounis Aït Menguellet.

« Chaque mot est une brique, chaque phrase, une pierre à l’édifice », comme le talentueux rappeur, bien décidé à reconstruire sur les ruines du silence et de l’oubli.

Le programme se poursuit avec les groupes Diam Min Tekky, Roi Hems (Sa Majesté) et CTD (Diamant Noir), tous issus de la scène hip-hop mauritanienne. Leur présence marque une volonté d’ouverture, en intégrant à la soirée des sonorités urbaines portées par des artistes qui, depuis Nouakchott, Nouadhibou ou Kaédi, participent au renouveau des musiques sahéliennes. Ces artistes se distinguent par leur capacité à conjuguer oralité, revendication sociale et rythmes modernes.

Afro Connect ne se limite pas à une démonstration patrimoniale. La soirée explore les croisements possibles entre musiques ancestrales et créations actuelles, entre percussions sahariennes, guitares touarègues, flow urbain et chants kabyles. Cette circulation entre les formes anciennes et les langages d’aujourd’hui donne à l’événement une dimension vivante et prospective.

Le public ne découvre pas un folklore figé, mais des gestes musicaux ancrés dans le présent, portés par une conscience des enjeux culturels et politiques que ces musiques véhiculent.

Le choix du Pan Piper comme lieu d’accueil conforte l’ambition de proximité et d’intensité. Connue pour son acoustique chaleureuse et sa programmation éclectique, la salle offre un cadre adapté à l’écoute attentive comme à la danse. Sa jauge moyenne permet une expérience immersive, loin des grands festivals standardisés.

Afro Connect est une invitation à découvrir une autre facette des musiques du continent africain. Une soirée ancrée dans les langues, les rythmes et les gestes de l’espace amazigh, mais qui s’inscrit aussi dans une dynamique d’hybridation et de transmission. À travers ce programme, c’est une mémoire musicale en mouvement qui se donne à entendre, dans une capitale encore trop peu familière de ces sonorités pourtant fondatrices.

Informations pratiques :

– Pan Piper, 4 impasse Lamier, 75011 Paris
– Métro Philippe Auguste (ligne 2)
 Ouverture des portes : 19h30 | Concert : 20h–22h30

– Tarif : à partir de 18 € | Réservation obligatoire
Enfants de moins de 5 ans non admis

 

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Les femmes tentent de s’imposer dans le cinéma égyptien https://mondafrique.com/loisirs-culture/egypte/ https://mondafrique.com/loisirs-culture/egypte/#respond Thu, 08 May 2025 21:52:36 +0000 https://mondafrique.com/?p=133024 Ce jeudi 7 mai marque la clôture de la neuvième édition du festival international du film féminin dans la ville d’Assouan, en Haute-Égypte. Projections, ateliers, conférences et spectacles se sont succédés avec l’ambition de sensibiliser le public aux droits des femmes dans le cinéma. Le festival international du film féminin organisé dans la ville d’Assouan, […]

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Ce jeudi 7 mai marque la clôture de la neuvième édition du festival international du film féminin dans la ville d’Assouan, en Haute-Égypte. Projections, ateliers, conférences et spectacles se sont succédés avec l’ambition de sensibiliser le public aux droits des femmes dans le cinéma.

Bahiga Hafez dans le film « Laila, fille du désert » (Laila, bint al-sahara) Egypte, 1937 Paris, Photothèque de l’IMA ©IMA

Le festival international du film féminin organisé dans la ville d’Assouan, au cœur de la Haute-Égypte permet avant tout de mettre en lumière des films réalisés par des femmes et de valoriser leur travail. “Le festival attire un large public, des jeunes et des moins jeunes, des professionnels et des amateurs. Il n’y a pas seulement des femmes qui viennent, parce que c’est important pour nous que des hommes assistent aux films et participent aux séminaires, on a aussi besoin d’eux pour reconnaître les problèmes auxquels nous faisons face et faire évoluer les mentalités. Le plus important à travers ces films, c’est de confronter le public à certains stéréotypes”, nous confie Dr. Azza Kamel, cofondatrice du festival et membre du conseil d’administration, elle-même à l’initiative de plusieurs projets visant à valoriser le droit des femmes en Égypte.

La cérémonie d’ouverture a été marquée par la présence des éminentes actrices égyptiennes Leblebe et Kinda Alloush, ainsi que par l’invitation de la réalisatrice et scénariste Eslbeth Frannje. Au programme : workshops, long-métrages, documentaires, compétition de courtsmétrages, ou encore tables rondes qui abordaient la place des femmes dans le cinéma.

A l’issue de la cérémonie de clôture, plus de 17 prix ont été décernés à des réalisatrices. Parles principales distinctions, le premier prix du film avec impact a été attribué au film égyptien “Albia” réalisé par Rodnia Andeel, le prix du film du sud à “Molasses” réalisé par Beshoy Raafat, le prix du film euro-méditerranéen à “Moon” réalisé par l’autrichienne Kurdwin Ayub, et enfin le prix du long métrage au film “Sudan Remember Us” réalisé par Hind Meddab.

À l’effigie d’Oum Khalthoum

Sur l’affiche de l’événement, on peut immédiatement reconnaître les traits de la célèbre diva égyptienne Oum Khalthoum. Cette année, en l’honneur du cinquantième anniversaire de sa mort, le festival a décidé de lui rendre hommage. Chaque édition commémore une grande figure féminine, l’édition précédente célébrait Djamila Bouhired, militante du FLN et figurede l’indépendance algérienne.

Surnommée “l’Astre d’Orient” Oum Khalthoum n’est pas seulement une icône de la musiqueElle joue dans un premier film en 1936 intitulé “Weddad” inspiré d’une histoire des Milles et une Nuit, puis apparaîtra dans cinq autres films tout au long de sa carrière.

L’Égypte, connue pour son septième art depuis le début du XX° siècle, est le pays du Moyen- Orient où s’est structurée le plus rapidement l’industrie cinématographique. Le cinéma égyptien se développe à la fin des années 30 avec un film fondateur réalisé et interprété par une femme. C’est en 1927 qu’Aziza Amir produit le premier film muet égyptien “Laila”. On peut également citer Assia Dager, importante actrice et productrice libano-égyptienne, ou encore Fatma Rouchdi, également considérée comme l’une des pionnières du milieu avec le film “Le mariage” en 1933. Deux ans plus tard, les studios Misr sont créés par l’économiste Talaat Harb avec l’objectif de promouvoir le nationalisme arabe, et progressivement le cinéma égyptien connait un véritable essor.

L’égalité homme femme 

Au travers de conférences ou de discussions, la programmation du festival entendait avant tout sensibiliser son public. Elles regroupaient plusieurs thématiques : “Donner du pouvoir aux femmes cinéastes dans le sud de l’Égypte”, “Le rôle des organisations nationales et internationales dans l’autonomisation des femmes”, ou encore “Les femmes, pionnières du cinéma en Égypte”. Pour appuyer son travail de plaidoyer, le festival a créé depuis plusieurs années le “Nut Forum for Women’s Issue”.

“Nous organisons des dialogues interactifs entre les acteurs, les réalisateurs, les producteurs et les médias et nous discutons de plusieurs sujets liés au milieu du cinéma, mais pas uniquement. On aborde les violences domestiques, les mariages précoces, les mutilations génitales, les discriminations et on se questionne sur la manière dont le cinéma s’empare de tout ça”, nous explique de nouveau Dr.Azza Kamel, également membre de l’initiative.

La ville d’Assouan marquée par son conservatisme.

Entre les risques de discrimination, d’agression ou de harcèlement, les femmes sont beaucoup plus exposées aux violences sur le terrain, et malgré la progression de la proportion de femmes dans le cinéma, celle-ci reste faible et leur part demeure inégale dans la répartition des fonctions. À titre d’exemple, depuis 1929 les femmes ne représentent que 17% des nominées aux Oscars, d’après le World Economic Forum.

Créé en 2017, le festival avait rencontré quelques résistances à ses débuts dans une ville d’Assouan particulièrement marquée par son conservatisme. Aujourd’hui, les organisateurs travaillent d’arrache-pied avec la société civile. Cette semaine, des activités étaient notamment proposées aux enfants de la ville et des projections ont été diffusées dans plusieurs lieux publics avec l’idée d’inclure les milieux les plus marginalisés aux enjeux féministes.

Un évènement aux ambitions internationales

Bien qu’encore très largement tourné vers le cinéma arabe, le festival entend étendre son influence à l’étranger. Les organisateurs ont ainsi revendiqué à plusieurs reprises leur volonté de se positionner internationalement en ne se limitant pas uniquement aux œuvres égyptiennes.

Pour illustrer cette nouvelle ambition, la programmation n’affichait que deux films égyptiens cette semaine. Avec l’idée de revendiquer les enjeux féministes dans le cinéma comme universels, le festival ambitionne avant tout d’instituer l’Égypte comme un acteur culturelincontournable dans l’industrie cinématographique.

Organisé conjointement par les ministères du tourisme, de la culture et de la solidarité sociale,le festival s’appuie sur de nombreux  collaborateurs égyptiens, tels que le gouvernorat d’Assouan et le Conseil National de la Femme. Présidé par Amal Ammar, celui-ci est créé dans les années 2000 et agit comme un opérateur de l’État égyptien pour décider des législations et des politiques publiques en faveur des femmes. Au cours de l’événement, la présidente du conseil d’administration du festival a souligné l’importance de l’autonomisation des femmes en déclarant que leurs ambitions s’inscrivaient en continuité avec la politique gouvernementale.

« Gare centrale », un chef d’oeuvre du cinéma égyptien

Un film sur l’émancipation des jeunes égyptiennes grâce au théâtre

 

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L’art moderne africain conquiert New York du 8 au 11 mai https://mondafrique.com/loisirs-culture/lart-moderne-africain-conquiert-new-york-du-8-au-11-mai/ https://mondafrique.com/loisirs-culture/lart-moderne-africain-conquiert-new-york-du-8-au-11-mai/#respond Wed, 07 May 2025 22:21:45 +0000 https://mondafrique.com/?p=132982 Née à Marrakech puis à Londres, la foire internationale « 1-54 Art Fair »continue de promouvoir l’art moderne africain du 8 au 11 mai à New York. Un bel hommage à la créativité du continent autant qu’un pied de nez à ceux qui dans l’Amérique de Trump veulent effacer l’histoire. Avec le joli mois de mai débute […]

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Née à Marrakech puis à Londres, la foire internationale « 1-54 Art Fair »continue de promouvoir l’art moderne africain du 8 au 11 mai à New York. Un bel hommage à la créativité du continent autant qu’un pied de nez à ceux qui dans l’Amérique de Trump veulent effacer l’histoire.

Avec le joli mois de mai débute à New York la saison des salons d’art et autres événements culturels que lance chaque année avec faste le gala du Metropolitan Museum of Art, véritable défilé de mode et de glamour scruté par les paparazzis et les fashionistas de toute la planète.

Dans cette cour artistique américaine si prisée, l’art moderne africain a su trouver un siège de choix depuis maintenant 10 ans. Un trône même, occupé avec emphase par la « 1-54 Art Fair », cette foire qui ouvre ses portes du 8 au 11 mai en plein cœur de l’île de Manhattan.

Touria El Glaoui, la bonne fée

Né à Londres en 2013 de la vision de sa curatrice Touria El Glaoui, fille du peintre marocain Hassan El Glaoui, 1-54 affiche un nom qui sonne comme une utopie : représenter et unir les 54 pays du continent. Ce doux rêve est porté par une ambition aussi réelle qu’en partie assouvie. Rapidement devenue une référence, au point d’inspirer une concurrence en France avec Also Known as Africa (AKAA), l’étape londonienne s’est rapidement doublée en 2015 d’une destination arrivée, dans le temple de l’art que constitue New York City avant de tripler son édition en 2018 en ouvrant également un salon à Marrakech.

Une triangulation qui a fait la première et la plus importante des foires d’art moderne africain, dont la sélection est chaque année mise en avant  par le fort distingué New York Times, le très professionnel Artsy, le si bien informé Observer, ou le très sérieux Financial Times

Le Congo sort du coeur des ténèbres

Pour cette édition 2025, 30 galeries et 70 artistes venus de 17 pays ont été patiemment sélectionnés pour occuper les 30 000 m2 d’exposition et donner à voir ce que l’Afrique et ses diasporas offrent à l’art moderne de la planète. Les premières toiles de la galerie bahaméenne Tern ou de Kub’Art, venues de République démocratique du Congo, sont très attendues, comme un concentré du regard porté pat cet 2tat à la taille d’un continent sur l’actualité internationale.

En proie à la guerre, pillé pour ses ressources, portant encore les stigmates de la colonisation, et aux racines de toutes les révolutions industrielles et technologiques (caoutchouc, uranium, cuivre, coltan), l’ancien Zaïre produit également des artistes enragées. Les plasticiennes Prisca La Furie et Rachel Malaika entendent bien pousser un cri singulier lors des 4 jours d’exposition. Un écho au mouvement de révolte que fait doucement vibrer 1-54.

Dans une Amérique dont le président Trump entend réécrire l’histoire, en particulier celle des Noirs américains, la thématique choisie cette année a un écho particulier avec une mise en valeur des Caraïbes, passage quasi obligé des victimes de la traite des Noirs, cette tragédie qui fut à l’origine du formidable essor des Etats Unis mais aussi de ses blessures les plus enfouies.

L’Art est aussi Résistance.

 

 

 

 

 

 

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Ces vies de femmes qui éclairent la nuit des mémoires islamiques https://mondafrique.com/loisirs-culture/ces-vies-de-femmes-qui-eclairent-la-nuit-des-memoires-islamiques/ https://mondafrique.com/loisirs-culture/ces-vies-de-femmes-qui-eclairent-la-nuit-des-memoires-islamiques/#respond Wed, 07 May 2025 16:46:50 +0000 https://mondafrique.com/?p=132947 Dans le concert parfois assourdissant des discours contemporains sur l’islam, où les anathèmes le disputent aux apologies simplistes, l’ouvrage du Recteur de la Grande Mosquée de Paris proche de la Présidence algéérienne, Chems-eddine Hafiz, Portraits de femmes remarquables – Les héroïnes de l’Islam, se propose comme une mélodie discrète, une invitation à tendre l’oreille vers […]

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Dans le concert parfois assourdissant des discours contemporains sur l’islam, où les anathèmes le disputent aux apologies simplistes, l’ouvrage du Recteur de la Grande Mosquée de Paris proche de la Présidence algéérienne, Chems-eddine Hafiz, Portraits de femmes remarquables – Les héroïnes de l’Islam, se propose comme une mélodie discrète, une invitation à tendre l’oreille vers des voix que l’histoire, trop souvent, a choisi de couvrir.

Chems-eddine Hafiz, Portraits de femmes remarquables – Les héroïnes de l’Islam, Frémeaux & Associés,19/02/2025, 160 pages, 20 € – version CD 29,99 €.

Ce n’est point un panégyrique, ni un réquisitoire, mais une traversée, parfois sinueuse, parfois fulgurante, au cœur de plus d’un millénaire d’existences féminines qui ont, chacune à leur manière, marqué la civilisation islamique. En ces temps où les regards se figent volontiers sur des images fragmentaires ou déformées, explorer cette galerie de destins revient à chercher des points de lumière, des preuves d’une vitalité intellectuelle et spirituelle féminine souvent sous-estimée, voire occultée. Le pari est audacieux : restituer une généalogie, retisser une mémoire plurielle, pour éclairer non seulement le passé, mais aussi les débats qui animent notre présent.

Une plume pour les femmes, un livre pour tous

Qui est donc l’architecte de ce recueil ? Chems-eddine Hafiz, avant d’être l’auteur que nous lisons, est une figure publique dont les responsabilités modèlent inévitablement le propos. Recteur de la Grande Mosquée de Paris, il est engagé dans la promotion d’un islam en phase avec les valeurs de la République française ; avocat, il maîtrise l’art de l’argumentation, de la construction d’un dossier. Cette double posture – celle du guide spirituel et celle du plaideur – transparaît dans chaque page. Il ne se situe pas comme un historien dont l’unique horizon serait la neutralité axiologique revendiquée par une certaine tradition académique, et il en a l’honnêteté de le souligner lui-même. Son livre est animé par une conviction, celle que la tradition prophétique originelle et l’esprit du Coran offrent aux femmes une place que les interprétations ultérieures ou les pesanteurs culturelles ont parfois cherché à restreindre. Ainsi, son œuvre navigue entre l’exégèse attentive aux sources scripturaires, la reconstitution biographique soucieuse de rendre leur humanité à ces figures, et un plaidoyer implicite pour une laïcité qui n’ignore pas la dimension spirituelle et culturelle des religions. Ce faisant, il inscrit son travail dans une perspective résolument humaniste, cherchant à dégager des continuités de sens qui parlent au-delà des appartenances confessionnelles.

L’empreinte spirituelle et la transmission du savoir religieux

L’islam, religion du Livre, confère dès ses commencements une place notable aux femmes dont l’existence est intimement liée au message coranique. Hafiz convoque d’abord Maryam (la Vierge Marie), dont le Coran souligne la piété et le statut d’élue, « choisie parmi les femmes des mondes » (s. 45 : v. 3), symbole d’une spiritualité féminine reconnue au plus haut point. Puis vient Hajar (Agar), dont l’épreuve et la foi endurante sont commémorées au cœur du pèlerinage, acte fondateur s’il en est. Ces figures matricielles dessinent d’emblée un horizon où le féminin participe pleinement à l’économie du salut.

Dans l’entourage immédiat du Prophète, Khadijah, sa première épouse, émerge non seulement comme une compagne fidèle, mais comme une femme d’affaires respectée, pilier moral et matériel, et première âme convertie après lui. Aïcha, parfois réduite à sa jeunesse ou à son rôle dans les premières dissensions, est ici restituée dans sa dimension d’érudite, source incontournable de hadiths, et actrice politique majeure des premiers temps de l’islam. L’auteur s’attache à démontrer comment ces femmes ne furent pas de simples réceptacles de la foi, mais des agentes actives de sa diffusion, de sa compréhension et de sa préservation.

Cette chaîne de transmission du savoir religieux par les femmes se prolonge. Umm al-Darda, au VIIe siècle, juriste et experte en hadiths, ou Nafisa al-Sayyida, au VIIIe, dont l’influence intellectuelle s’étendit jusqu’à l’Imam Ash-Shâfi’î, témoignent de cette érudition féminine. Chems-eddine Hafiz soulève ici, avec une discrétion qui n’ôte rien à la force de l’interrogation, le décalage entre les principes égalitaires perçus dans le texte coranique – « Et les femmes ont des droits sur les hommes semblables à ceux que les hommes ont sur elles » (s. 2 : v. 228) – et les dynamiques socio-culturelles qui ont pu, au fil du temps, générer des interprétations patriarcales restrictives. L’ouvrage pointe cette complexité inhérente : une révélation et sa réception humaine, inscrite dans l’histoire.

Décoloniser les imaginaires, réhabiliter les femmes

Un des mérites de l’ouvrage est de ne pas éluder la question épineuse des représentations. Le chapitre consacré à l’imaginaire occidental constitue une sorte de propédeutique critique : avant de peupler sa galerie, Chems-eddine Hafiz arpente celle, souvent déformante, des orientalistes. De Voltaire, dont la fascination pour le législateur Mahomet côtoie l’ironie mordante, à Delacroix, dont les Femmes d’Alger restent emblématiques d’un regard qui oscille entre l’observation ethnographique et la projection fantasmatique, l’auteur esquisse les contours d’un discours qui a longtemps fait écran. Ce détour n’est pas anecdotique ; il permet de mesurer la force des stéréotypes que les portraits suivants viennent, implicitement ou explicitement, contester.

Ainsi, les figures de pouvoir. Bilqîs, la reine de Saba, dialoguant d’égale à égale avec Salomon, loin de toute subordination supposée. Razia Sultana, dirigeante du sultanat de Delhi au XIIIe siècle, choisissant les attributs masculins du pouvoir pour affirmer son autorité. Plus récemment, Benazir Bhutto ou Najla Bouden, pionnières dans l’exercice du pouvoir exécutif au sein de nations musulmanes. L’inclusion de ces dernières, avec leurs succès et leurs ambivalences, inscrit cette aspiration au leadership féminin dans une continuité historique, mais aussi dans les défis du monde contemporain. Il s’agit moins de tracer une lignée immaculée que de montrer la persistance d’une volonté d’agir au plus haut niveau.

Les converties offrent un autre prisme de déconstruction. Isabelle Eberhardt, nomade spirituelle et géographique, trouvant dans l’islam et le désert une réponse à sa quête d’absolu. Eva de Vitray-Meyerovitch, universitaire dont la traduction de Rûmî fut le prélude à une adhésion intime à la mystique soufie. Sinead O’Connor, icône pop dont la conversion tardive interrogea et surprit. Ces trajectoires, par leur singularité, brisent l’idée d’un islam monolithique et mettent en lumière la dimension profondément personnelle de l’engagement religieux, capable de rencontrer des aspirations venues d’horizons les plus divers. La question de l’altérité et de l’appartenance se trouve ainsi retournée : l’islam n’est plus seulement une « culture autre » à observer, mais un chemin spirituel que des Occidentales choisissent d’emprunter.

De Cordoue à Téhéran : le chant des créatrices

Le génie féminin en terres d’islam ne s’est pas cantonné à la sphère du pouvoir ou de la spiritualité. Il s’est aussi exprimé avec éclat dans les arts, les lettres et les sciences. Lubna de Cordoue, au Xe siècle, calligraphe, mathématicienne et âme de la bibliothèque califale, est la figure emblématique d’une Andalousie où l’érudition féminine était une réalité. Mille ans plus tard, Maryam Mirzakhani, première femme à recevoir la médaille Fields, atteste de la pérennité de cette excellence intellectuelle. L’auteur tisse ainsi un fil subtil entre les époques, suggérant que ces « héroïnes » ne sont pas des exceptions isolées, mais les maillons d’une chaîne parfois invisible.

L’architecte Zaha Hadid, avec ses constructions qui défient la gravité et l’entendement, rejoint en esprit Fatima al-Fihriya, fondatrice de l’université Al Quaraouiyine de Fès, l’une des plus anciennes au monde. L’artiste Shirin Neshat, par ses photographies et ses vidéos explorant la condition féminine iranienne contemporaine, engage un dialogue visuel puissant avec un héritage complexe, où le corps, la foi et la politique s’entrelacent. Les poétesses, d’Al-Khansâ’ pleurant ses frères aux premières heures de l’islam à Assia Djebar questionnant la mémoire algérienne, témoignent d’une prise de parole littéraire qui, à travers les âges, a su dire le monde, la douleur, l’amour, la révolte. En présentant ces créatrices, Chems-eddine Hafiz rappelle que l’engagement peut aussi passer par la plume ou le ciseau, et que la modernité d’une culture se mesure aussi à la liberté de ses artistes.

Un islam pluriel au féminin pluriel

Comment ces divers récits de vie, ces fragments d’une histoire féminine multiforme, se composent-ils en une vision d’ensemble ? Chems-eddine Hafiz suggère, par la structure même de son ouvrage, que ces dimensions – spirituelle, politique, intellectuelle, artistique – ne sont pas étanches. La piété d’une mystique comme Râbi’a al-’Adawiyya, avec son amour intransigeant pour le Divin, peut inspirer autant une éthique du pouvoir qu’une audace créatrice. La volonté d’une Fatima al-Fihriya de fonder un lieu de savoir s’enracine dans une vision religieuse du monde où la connaissance est une voie vers Dieu. L’engagement d’une Benazir Bhutto, si complexe soit-il, ne peut se comprendre sans référence à son identité musulmane revendiquée.

La portée de cette fresque dépasse ainsi le simple catalogue biographique. En restituant leur épaisseur humaine et leur contexte historique à ces figures, le Recteur de la grande Mosquée de Paris les soustrait à une vision purement hagiographique autant qu’à une critique anachronique. Son travail s’apparente à une forme de maïeutique : il fait accoucher d’autres récits possibles sur l’islam et les femmes. Le « portrait » devient alors un acte de résistance mémorielle, un moyen de peupler l’imaginaire de contre-modèles, d’alternatives aux clichés. Chaque existence contée est une nuance apportée à un tableau trop souvent peint en noir et blanc.

Cet ouvrage se lit comme un pèlerinage à travers la mémoire. Ce n’est pas un point final, mais plutôt une borne milliaire sur un chemin de redécouverte. Il nous confronte à nos propres regards, à nos préjugés parfois inconscients, et nous invite à une écoute plus attentive des murmures de l’histoire. Le message, s’il en est un, pourrait être celui d’une dignité reconnue et d’une égalité fondamentale qui, au-delà des contingences historiques et des interprétations culturelles, trouve sa source dans l’essence même du message prophétique tel que le conçoit l’auteur. C’est une manière de dire que la femme, en islam, a été et demeure un pilier, une architecte de la civilisation, une gardienne de la flamme. Un rappel salutaire, dans la tourmente de nos temps.

 

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Nils Andersson décrypte le malheur du monde capitaliste https://mondafrique.com/loisirs-culture/nils-anderson-decrypte-le-malheur-du-monde-capitaliste/ https://mondafrique.com/loisirs-culture/nils-anderson-decrypte-le-malheur-du-monde-capitaliste/#respond Wed, 07 May 2025 16:44:04 +0000 https://mondafrique.com/?p=132954 Dans son ouvrage, « Les Guerres annoncées : le capitalisme, c’est la guerre », Nils Andersson évoque les deux guerres mondiales et les conflits en Ukraine ou en Palestine, mais bien au delà, l’auteur met en évidence la nécessité d’un nouvel ordre du monde Une chronique signée Arezki Ighemat, titulaire d’un Master of Francophone Literature (Purdue University, […]

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Dans son ouvrage, « Les Guerres annoncées : le capitalisme, c’est la guerre », Nils Andersson évoque les deux guerres mondiales et les conflits en Ukraine ou en Palestine, mais bien au delà, l’auteur met en évidence la nécessité d’un nouvel ordre du monde

Une chronique signée Arezki Ighemat, titulaire d’un Master of Francophone Literature (Purdue University, USA)

Le livre de Nils Andersson est un manifeste pour un nouvel ordre international plus pacifique, plus social et plus juste. Le but de cette « book review » est de couvrir un champ plus vaste que celui des guerres.

C’est ainsi que l’auteur décrypte avec un esprit encyclopédique et une rigueur toute universitaire la catastrophe écologique, la pandémie du Covid-19, la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, la régression, voire la disparition du multilatéralisme, l’Ordre Mondial capitaliste dominé et contrôlé par les grandes puissances occidentales, à leur tête, les Etats-Unis, ses contradictions, le rôle des organisations internationales comme l’ONU, l’OTAN et autres, les inégalités grandissantes entre le « Global North » et le « Global South », le fossé qui se creuse entre les peuples et leurs gouvernants, la propension inquiétante à la militarisation des Etats, avec les risques que cela engendre, les changements du sens des concepts de « civilisation », « démocratie » et « droit international ». n’en jetez plus!

Mais l’essai ne s’arrète pas là. Il s’agira aussi dans c de l’émergence de blocs économiques et politiques au sein du Global South comme de la menace d’une catastrophe nucléaire, des tentatives de dédollarisation de l’économie mondiale, du rôle actuel et futur de l’ONU dans la réalisation de ses missions de paix, ou encore de la politique du « Double Standard » (deux-poids, deux mesures) appliquée par les puissances occidentales.

“Faire la guerre à la guerre est le rôle de chaque peuple dans ses conditions propres. C’est pour nous, c’est pour combattre l’idéologie atlantiste dont la finalité est la guerre, et se libérer de l’hégémonie culturelle occidentale, qui a pour horizon un monde qui n’est plus » (Nils Andersson, Les Guerres annoncées, p.206).

 Pour encourager le lecteur à le découvrir de lui-même, nous nous contenterons de reprendre quelques-uns des problèmes que nous considérons comme stratégiques : la guerre vs la paix, le risque d’une catastrophe écologique, le déséquilibre entre le « Global North » et le « Global South », la question du Nouvel Ordre Mondial, et la question palestinienne.

Guerre et paix

Nils Andersson parle d’abord des motivations multiples et diverses qui peuvent conduire à la guerre : « Le cumul des politiques interventionnistes, du maintien de rapports économiques inégaux, du refus d’un partage plus équitable de la gestion des affaires du monde, de la persistance de l’arrogance dans la conduite des relations internationales, de l’exacerbation des tensions et rapports antagonistes, fait que les probabilités de guerre deviennent une réalité » (p.60). L’auteur parle aussi de la tendance à la militarisation des Etats aussi bien dans le « Global North » que dans le « Global South » : « Jamais les dépenses militaires n’ont été aussi élevés dans le monde et une militarisation des sociétés est en cours sur presque la totalité du globe. Des Etats, antérieurement dits du Tiers-Monde, bouleversent les rapports de force, sont devenus des puissances militaires, mais les principales forces militaires dans le monde demeurent l’OTAN, dont les 31 pays membres représentent 53% des dépenses militaires mondiales » (p.114).

Au vu de ces tendances, l’auteur avertit sur les conséquences d’une conflagration mondiale : « Le constat est là, si le conflit majeur advenait, il serait mondial, mais au contraire des deux guerres mondiales du XXè siècle, la contradiction principale n’est pas en Europe, mais en Asie où vit 53% de la population mondiale » (p.110). Nils Andersson parle du nouveau détonateur de cette conflagration : « Si la guerre majeure advenait, elle n’aurait pas pour origine, comme dans les deux premières, des contradictions entre impérialismes européens, son caractère mondial ne serait pas une extension géographique des contradictions entre puissances européennes, mais…de contradictions impérialistes entre un « Global North » qui n’est plus en mesure d’imposer sa loi sur le monde et un « Global South » qui représente 76,5 % de la population mondiale, 35% de la production mondiale dont 54% de la production industrielle et est la première zone commerciale qui exige des rapports plus équitables » (p. 174).

 Le péril écologique

Nils Andersson considère que les guerres sont un des évènements qui menacent la stabilité et la paix dans le monde. Il considère aussi qu’une autre menace–aussi importante–est constituée par l’état de la planète sur le plan environnemental aujourd’hui et surtout les risques d’une catastrophe écologique dans un avenir proche et qui pourrait, du reste, être provoquée ou exacerbée par les guerres. A ce propos, l’auteur écrit : « La plus gave des crises à laquelle le monde est confronté est la crise écologique qui menace l’humanité, mais une guerre mondiale constitue également une menace concrète aux conséquences imprévisibles » (p.202). Nils Andersson souligne bien que les responsables de cette crise–qui est latente mais qui risque de devenir réelle dans un avenir pas très lointain–sont les hommes : « Les deux menaces sont le fait des hommes, les deux menaces relèvent donc de la capacité et de la volonté des hommes à s’y opposer » (p.202). Il insiste aussi sur la nécessité d’agir avant qu’il ne soit trop tard : « Inverser l’inexorabilité de la guerre, comme celle de la crise climatique, sont des questions concrètes posées et à résoudre, l’utopie à inscrire dans le réel. Il termine en disant qu’il faut tirer les leçons de la situation actuelle pour éviter une catastrophe qui pointe à l’horizon, un horizon qui peut être plus proche que l’on peut imaginer : « C’est dans les situations les plus graves et menaçantes (nous y sommes) que peuvent surgir les forces et les évènements permettant de rendre possible l’impossible » (p.202).

La montée des pays du Sud

Le Nord qui ne finit pas de se développer et de s’enrichir aux dépens d’un Sud qui ne finit pas de s’appauvrir. Si la responsabilité est partagée dans une certaine mesure entre le Sud qui n’arrive pas à s’unir pour renforcer son « bargaining power » (sa capacité de négociation), Nils pense que la responsabilité majeure est celle du Nord qui ne tient pas à avoir, en face de lui, un Sud fort et résilient. C’est ce déséquilibre que l’auteur souligne dans son livre et considère comme la source primordiale des guerres : « Mais s’il y a des clivages civilisationnels entre le Nord et le Sud, la contradiction à résoudre est celle entre un Nord jusqu’ici hégémonique et un Sud dominé et exploité, qui doit être résolue au risque d’un monde en ruine » (p.27).

L’auteur considère que ce déséquilibre est inhérent au système capitaliste lui-même : « Le capitalisme du réel est constitué par de profondes inégalités politiques, économiques, sociales, technologiques et scientifiques entre les Etats et les peuples ». Il explique les raisons qui motivent les puissances du Nord à travers le système capitaliste qu’ils font tout pour défendre : « La volonté des puissances atlantistes (Etats-Unis/Europe) d’être le centre décisionnel, de refuser toute co-gouvernance avec les puissances hors Nord occidental, a trois raisons : une raison proclamée (le communisme et le totalitarisme) ; une raison réelle (les intérêts économiques, commerciaux et financiers à défendre) et une raison inavouable (le racisme, la non-appartenance et la civilisation blanche) » (pp.33-34).

Le devenir du monde

A propos du Nouvel Ordre International, Nils Andersson écrit (p.16) : « Le nouvel ordre mondial ne fut pas, au sortir de la guerre froide, l’ère de paix annoncée par George Bush père, ni la fin de l’histoire proclamée par Francis Fukuyama, mais un temps de guerres menées par les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux, pour affirmer leur hégémonie, imposer la mondialisation néolibérale et le modèle de la société occidentale, sous couvert des mandats de l’ONU et avec l’OTAN comme fer de lance ». Selon l’auteur, le monde actuel est dominé et contrôlé d’une main de fer par les puissances occidentales, avec à leur tête les Etats-Unis.

Le devenir du monde? « Le monde qui se profile peut-il être sage, égalitaire, et démocratique, débarrassé des rêves de puissance, des mentalités de domination, des comportements d’arrogance, un monde où un Etat ou des Etats ne décideraient pas des droits et de la souveraineté d’autres peuples ? ». Nils Andersson répond à cette question en disant : « La réponse est non » (pp.23-24). L’auteur considère aussi que le multilatéralisme—qui était le système commercial inter-Etats qui était la règle dans les décennies après les guerres mondiales a été remplacé par le bilatéralisme qui favorise les nations occidentales du Nord et pénalisent celles du Sud. L’auteur appelle, par conséquent, à établir un Nouvel Ordre International plus juste, plus social et plus respectueux de l’autre.

La Palestine au coeur

Une des questions-clés discutées par Nils Andersson dans son livre est le conflit israélo-palestinien et la question du devenir du peuple palestinien. Sur ce dernier sujet, l’auteur est catégorique : « Aucun droit international ne légitime le droit d’un peuple à avoir une terre par l’exclusion d’un autre peuple, et le peuple palestinien n’a pas à assumer, par la spoliation, la Shoa dans laquelle il n’a aucune responsabilité » Et d’ajouter: : « C’est sur une tragédie humaine qu’est fondé le 14 mai 1948 l’Etat d’Israel » (p.146). L’auteur rappelle que le Sionisme est l’idéologie politique qui a justifié cette spoliation et que c’est la Déclaration de Balfour de 1917 qui a entériné cette création : « L’idéologie de « Ertz-Israel » (Grand Israel) est appliquée par des politiques d’extension de la colonisation, par l’annexion de Jérusalem-Est, par la guerre dans le Golan Syrien, dans le Sinaï et au Liban et par une extermination des Palestiniens en 1982 lors du siège de Beyrouth » (p.147).

« Le massacre actuel du peuple palestinien [est]ancré dans une idéologieethno-nationaliste […] Dans tout le pays, l’apartheid règne ; il s’agit d’un cas typique de génocide » (Nils Andersson, op. cit., pp. 149-150).

Sur la légitimité de l’OLP, Nils Andersson écrira « Sur les 365 km de Gaza, il n’y a pas un mouvement terroriste combattu par un Etat « démocratique », mais un mouvement de libération qui s’oppose à une colonisation » (p.151). S’’appuyant sur le Droit International et la décision de la Cour Internationale de Justice, l’auteur qualifie ce qui se passe depuis le 7 octobre 2023 à Gaza de génocide. Il cite, pour appuyer sa thèse, la déclaration du 9 octobre 2023 de Yoav Gallant, ministre israélien de la défense : « Nous imposons un siège complet à Gaza. Pas d’électricité, pas de nourriture, pas d’eau, pas de carburant. Tout est fermé. Nous combattons des animaux humains et nous agirons en conséquence » (p.191). A la suite de cela, Nils pose la question : « Ne définissent-elles pas un génocide ? » (p.191).

 

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