Faute de visa pour s’exiler en Europe, le jeune rappeur de Casablanca a créé un style de rap que tout le monde s’arrache aujourd’hui. Succès story à la marocaine.
Pour l’état civil le rappeur ElGrandeToto, est né en 1996 à Casablanca, de parents marocains et s’appelle Taha Fahssi,.
Pour l’histoire du rap mondialisé, son aura est née dans la toile en 2016 avec sa première chanson postée sur les réseaux sociaux : « Pablo ».
En moins de 5 ans, le rappeur remuant de Casablanca est devenu un des leaders de la trap, dernière tendance du rap.
Aujourd’hui, sur la plate-forme d’écoute en ligne Spotify, ElGrandeToto cumule plus de 40 millions de streams. Ses clips, dès qu’ils sont diffusés sur YouTube, sont vus par des millions de jeunes du monde entier alors qu’il chante principalement en darija arabe, et parfois un peu en français. Les clips de son premier album, « Caméléon », sorti en mars 2021, ne quittent pas les tendances mondiales.
Mieux, des rappeurs du monde entier, et parmi eux les rappeurs francophones les plus en vogue, comme les belges Hamza ou Damso, lui demandent de participer à leurs albums. De Séoul à Tel-Aviv et de Casablanca à Atlanta, des jeunes vibrent aux beats entraînants et au débit aiguisé de sa voix autotunée. Un phénomène est né là où personne ne l’attendait. ElGrande Toto inscrit Casablanca dans la carte du rap !
BARBE NOIRE, TIGNASSE BLEUE.
Comme le genre musical l’impose, le rappeur évoque dans ses textes son désœuvrement, son addiction pour le cannabis, ses affinités avec les alcools forts, les rivalités et les rixes des bad boys de Casa, et d’une manière plus inattendue, la mort de sa mère.
Lunettes de soleil de star, barbe de hipster, survet’ de luxe, ElGrandeToto soigne aussi bien ses tenues que sa présence sur les réseaux sociaux. Avec plus de 20 millions d’écoutes dans 92 pays en 2020, son premier album était plus qu’attendu. Signé chez RCA/Sony depuis 2019, grâce à l’intermédiaire du producteur français Kore, ElGrandeToto a désormais les gros budgets nécessaires pour s’entourer des meilleurs musiciens électro-rock marocains et réaliser ses clips de rap « égo-trip »
Son premier tube Pablo est bien sûr en référence au narcotrafiquant colombien Pablo Escobar. Son pseudonyme, ElGrande Toto, est un hommage à un voisin dealer, qui l’avait lui-même emprunté au mafieux sicilien Salvatore Riina. « Quand mon voisin a pris sa retraite, on m’a appelé “El Grande Toto”. » confie-t-il au quotidien Le Monde
PAS DE VISA POUR LA FRANCE.
Sa mère était employée de banque, son père marin. Sa tante qui vit en France lui envoyait les disques des rappeurs français, ce qui lui permit de s’initier à l’art de la rime et à la cadences des rythmes.
Quand à la mort de sa mère, le jeune Taha a voulu rejoindre sa tante pour continuer ses études de génie civil à Grenoble, il n’obtient pas de visa.
Alors, il se tourna vers la radio, la musique, la danse et pour vivre il n’hésita pas à faire comme tous les jeunes damnés marocains de la mondialisation : le fameux « job » de« télé-conseiller »… pour SFR, EDF, et autres mastodontes de l’économie mondiale. Aujourd’hui il raconte ses mésaventures dans des textes de rap qui lui rapportent gros. Quelle éclatante revanche sur le mektoub !