Cet hiver, les manifestations sont beaucoup plus rares, même à l’université de Téhéran, l’un des foyers de la contestation. Par crainte d’être arrêté, un jeune homme rencontré par France Télévisions a aussi quitté tous les groupes d’opposants qu’il avait rejoints sur Internet. « J’ai beaucoup d’amis qui ont été emprisonnés, torturés, mis à l’isolement. Ils sont traumatisés, moralement et physiquement », confie-t-il à France Info.
Le soulèvement national iranien est entré dans son 163e jour samedi, dans différentes parties du pays contre la dictature des mollahs malgré la répression brutale du régime.`Depuis septembre, près de 20 000 arrestations ont eu lieu, et plus de 500 personnes sont mortes, selon une ONG.`
Un billet de Hamid Enayat
Le vendredi 24 février, 162e jour du soulèvement national, les courageux habitants de Zahedan, la capitale du Baluchestan, ont organisé des manifestations après la prière du vendredi. Les manifestations ont eu lieu malgré l’imposition inopinée de la loi martiale, le déploiement de snipers, le siège de la mosquée Makki et les arrestations généralisées. Ils ont scandé : « Mort à la règle cléricale d’agression et de crimes », « Je promets le sang de nos camarades, nous resterons debout jusqu’à la fin », « Basiji, IRGC Sepahi, sont les mêmes que ISIS » et « Je tuerai celui qui a tué mon frère ».
Les manifestants portaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Mort à l’oppresseur, que ce soit le Shah ou le Leader (Khamenei) », « Ni monarchie ni leadership (Khamenei) », « Nous sommes une nation qui ne s’est inclinée devant aucun dictateur » et « Ils pensaient avoir tué Mahsa, Nika et Khodanour, sans savoir qu’ils étaient les graines de la révolution ».
Des forces de répression équipées d’armes lourdes et de tireurs d’élite étaient stationnées sur les hauteurs autour de la mosquée Makki, et les forces en civil de l’IRGC ont tenté d’entrer dans la mosquée Makki par le toit, mais ont été bloquées par les gardes de la mosquée. Depuis mercredi, des motocyclistes des forces de sécurité de l’État (SSF) ont été envoyés à Zahedan depuis les villes voisines. Le régime a complètement fermé l’Internet à Zahedan pour empêcher toute couverture médiatique. Dans la ville de Khash, les forces répressives ont été stationnées autour de la mosquée Al-Khalil, lieu des prières du vendredi, pour empêcher les manifestations, mais leurs mesures répressives ont échoué face à la volonté de la population de Zahedan.
Le 22 février, des agents de la SSF ont tué et torturé Ebrahim Rigi, 24 ans, un médecin de Bauchi. Rigi avait été arrêté le 13 octobre pour avoir soigné des blessés lors du soulèvement et libéré sous caution le 1er janvier, mais il a été de nouveau arrêté et battu au poste de police du district 12 le 21 février, ce qui a entraîné sa mort. Les médecins légistes ont confirmé, au vu de ses blessures, qu’Ibrahim est mort après avoir été battu et blessé à l’intérieur du poste de police.
Unités de résistance
Au cours du mois iranien de Bahman, du 21 janvier au 21 février, les unités de résistance affiliées au l’OMPI ont mené 320 actions contre la répression à travers le pays, ciblant notamment les bases de l’IRGC et des bassidjis paramilitaires, incendiant les symboles du régime et les photos de ses dirigeants, dont Khamenei et Raisi.
En réaction au décès de Mme Zorbi Bei Ismail Zehi, martyr du soulèvement de Zahedan, et dans la poursuite de leur campagne anti-répression, des jeunes insurgés ont mené une dizaine d’activités courageuses le 23 février. Ils ont mis le feu à des centres de la milice du Bassidj à Téhéran et Ispahan et à un centre anticulturel du régime à Shahryar. Ils ont aussi incendié des panneaux et bannières avec les portraits de Khomeiny, Khamenei et Qassem Soleimani à Tehran, Chiraz, Arak et Shahryar. Mme Zarbi à Ismail Zehi était l’une des blessées du vendredi sanglant de Zahedan. Une balle des pasdarans lui avait sectionné la moelle épinière. Elle est décédée le 20 février au bout de 143 jours.