Mali, le premier groupe armé touareg menacé d’éclatement

 En prélude à une relance possible du conflit dans le nord du Mali, la plus grande milice touareg dans le camp des loyalistes qui défendent le processus de négociation avec Bamako, fait depuis quelques jours l’objet d’une tension inédite à sa tête.

le président de la Plateforme, signataire de l’Accord, et secrétaire général du Gatia, Fahad Ag Almahmoud, a réaffirmé son soutien au processus qui, selon lui, doit ouvrir la voie à une paix durable dans le pays.

Son fondateur, le général El Hadj Gamou, en plein rapprochement avec les militaires au pouvoir à Bamako, a fait évincer le secrétaire général du mouvement, Fahad Ag Almahmoud, en faisant proclamer un nouveau bureau exécutif, nommé, semble-t-il, sans consultation des instances du GATIA.

Fahad Ag Almamhoud, qui conteste la légalité de cette initiative et affirme être toujours le secrétaire général du mouvement a ironisé, dans un post sur sa page Facebook, sur le fait que tous les putsches ne réussissent pas. Il dénonce «une tentative d’usurpation aux allures bien orchestrées.»

La recomposition des rapports de force

Le prochain départ de la MINUSMA, qui videra toutes ses bases avant 15 décembre, annonce une recomposition des rapports de force dans le nord du Mali. En effet, il est possible que la junte au pouvoir à Bamako, ayant enfin les coudées franches dans le septentrion, n’en profite pour se lancer à la reconquête de Kidal. Dans ce cadre, peut-être veut-elle, comme dans le passé, s’appuyer sur la milice touareg imrad pour affronter les combattants de la Coalition des mouvements de l’Azawad (CMA), au pouvoir à Kidal. Ces combats entre Touareg loyalistes et rebelles ont fait de nombreuses victimes jusqu’en 2018.

Le nouveau bureau mis en place à la tête du GATIA reproche au secrétaire général d’avoir «dévié le mouvement de ses objectifs de paix, de réconciliation et de développement». A l’inverse, les autres mouvements signataires, notamment indépendantistes, ont fait part ces derniers jours sur les réseaux sociaux de leur soutien à Fahad Almahmoud, pilier du rapprochement entre les groupes du nord opéré en 2021 au sein du Cadre stratégique permanent, précisément pour éviter de nouveaux affrontements entre Touareg.

Le chef de file de la médiation internationale, l’Algérie, est interpellé par plusieurs responsables politiques du nord.Le 12 juillet, le ministre de la Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion nationale, le colonel Ismaël Wague, a félicité publiquement le nouveau bureau du GATIA, ce qui a immédiatement renforcé le soupçon d’un complot ourdi par les autorités.

Dans un communiqué signé le même jour au nom du GATIA «sortant», Fahad Ag Almamhoud rappelle officiellement son attachement à la mise en oeuvre de l’accord de paix d’Alger, signé en 2015. Il a appelé le colonel Wague à «se réserver d’agir hors de ses prérogatives régaliennes» et à ne pas se mêler des affaires internes des mouvements signataires.