Depuis le début de la guerre de 2011, le pétrole a été l’objet de trafics importants. Dans les premières années du conflit, Daech a volé l’or noir pour remplir les caisses de son califat à Raqqa. Puis l’Etat islamique défait, ce sont les Etats-Unis qui ont été accusés, à intervalles réguliers, de « se payer sur la bête ».
Lorsqu’en 2014, l’Etat islamique s’installe à Raqqa, ville située dans le centre de la Syrie, les terroristes pillent allégrement le pétrole qu’ils revendent à la Turquie. En 2015, quand les Russes débarquent avec armes et bagages dans le pays, ils dénoncent les « bonnes affaires » de la famille Erdogan qu’ils accusent d’être impliquée dans le trafic de pétrole avec Daech. Le ministre de la Défense russe de l’époque, Anatoli Antonov, a déclaré : « Vous ne vous posez pas de questions sur le fait que le fils du président turc s’avère être le dirigeant d’une des principales compagnies énergétiques et que son beau-fils a été nommé ministre de l’Energie ? Quelle merveilleuse entreprise familiale !»
Dans la foulée, Moscou avait frappé plus de 1000 camions citernes faisant redescendre ainsi le chiffre d’affaire de l’EI de 3 milliards par an à 1, 5 milliard. C’est dire l’étendue de la manne.
A qui le tour ?
En septembre 2017, un mois avant la chute du califat à Raqqa, les Etats-Unis et leurs alliés Kurdes (FDS), ont commencé à reprendre les champs pétroliers et gaziers. Ils ont d’abord pris les zones pétrolifères de la région de Deir-al-Zor, et surtout celles dans le nord-est syrien, le plus grand celui de Conoco. Depuis, ils sont régulièrement accusés de piller le pétrole syrien. En 2019, Damas a envisagé d’intenter un procès pour vol de matières premières, compte-tenu du rapport de force en leur défaveur, les menaces sont restées lettre morte. Mais les accusations n’ont pas cessé pour autant. A plusieurs reprises, Washington a nié tremper les mains dans le pot de confiture. En 2019, l’administration Trump, assurait que les bénéfices pétroliers revenaient aux FDS pour gérer leur administration autonome et que les militaires américains protégeaient seulement les installations. En 2021, pour ne plus être suspectés, le Pentagone a renoncé à défendre les puits de pétrole. Mais rien n’y a fait. En août 2022, les informations en provenance de Damas sur le pillage des matières premières se sont faites plus précises et les attaques plus virulentes, elles ont été abondamment relayées par la presse de Pékin. « Les Etats-Unis ont volé 398 camions citernes de pétrole en Syrie en 5 jours » écrit l’agence chinoise. Washington ne dément même plus.
En 2011, l’Etat syrien produisait 19,3 millions de tonnes de pétrole par an, dix ans plus tard, il n’en produisait plus qu’1. Il faut bien que la différence atterrisse dans les poches de quelqu’un ! Les mauvaises langues disent qu’elle va dans les celles de la CIA…