Le dialogue imaginaire entre Jacques Vergès et Bruno Retaillleau

France Télévision a récemment diffusé un documentaire consacrée à l’avocat du FLN pendant la guerre d’Algérie, Jacques Vergès, décédé aujourd’hui. Ces quatre épisodes au titre un peu facile : « Jacques Vergès ou l’amoral de l’histoire »,  n’ont aucune chance de détrôner l’immense film de Barber Schroeder « l’avocat de la terreur. » Cependant, en ces temps de tensions extrêmes entre la France et l’Algérie cette série a le mérite de nous rappeler les saillies de l’avocat des militants algériens emprisonnés et torturés par la France.

Que répondrait aujourd’hui cet ami de l’Algérie au ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau ?

Bruno Retailleau : « Je ne m’interdis rien. On peut vérifier les conditions dans lesquelles les commandants de bord respectent notre droit et les formalités administratives. »

Jacques Vergès : « Ah, mon cher Retailleau, vous jouez les gendarmes du ciel maintenant ? Rappelez-vous que le droit n’est pas une matraque, mais un instrument de justice. Vos menaces ne font que raviver les fantômes d’un passé colonial que la France ferait mieux d’exorciser. »

Bruno Retailleau : « Il y a sur la table les moyens d’une riposte graduée. »

Jacques Vergès : « Une riposte graduée ? Comme c’est élégant ! Mais graduée vers quoi ? La diplomatie, mon cher, ce n’est pas un concours de qui pisse le plus loin. »

Bruno Retailleau : « L’Algérie doit cesser son chantage migratoire et respecter nos accords. »

Jacques Vergès : « Ah, le chantage migratoire ! Quelle belle expression pour masquer notre incapacité à gérer notre propre histoire.

Bruno Retailleau : « Nous devons être fermes et ne pas céder aux provocations d’Alger. »

Jacques Vergès : « La fermeté, quelle noble vertu ! Surtout quand elle s’applique aux autres, n’est-ce pas ? Dites-moi, cette fermeté, l’appliqueriez-vous aussi à l’examen de conscience de la France sur son passé ? Ou préférez-vous la réserver pour vos discours musclés…