Le « coup d’état dans le coup d’état » ou la « rectification de la transition » qui a été mené tout au long du week-end du 1er octobre au Burkina sous l’autorité du capitaine Ibrahima Traoré a été mené d’une main de maître.
La guerre fratricide entre le groupe des « Cobras », l’unité spéciale d’Ibrahima Traoré qui a été créée en 2019 contre les forces djihdistes, et les Forces spéciales, d’où était issu le précédent chef putschiste, le lieutenant colonel Pierre-Henri Damiba, n’aura pas eu lieu. Des négociations ont eu lieu entre les deux groupes les plus puissants de l’armée. Le sang n’a pas coulé.
Paul-Henri Damiba a été conduit vers la porte de sortie en douceur. C’est le premier point à mettre à l’actif du nouveau « chef du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration ». Un nouveau Sankara? Ce n’est pas impossible. Le capitaine Traoré parle bien, et il parle du nécessaire développement économique et social du pays.
Le sort de la population
Ce jeune homme de 34 ans est s’est en effet montré soucieux du sort des populations. A chacune de ses prises de parole, que ce soit sur la radio burkinabè Omega, sur VOA Afrique ou sur RFI, il a fait état de la souffrance du peuple. Lors de cet entretien, il a d’ailleurs désarçonné, Christophe Boisbouvier, l’interviewer vedette de RFI en répondant avec clarté à toutes les questions qui fâchent.
– Sur le respect du calendrier de la CEDEAO ? : « on souhaite que l’ordre constitutionnel normal soit de retour avant cette date. »
– Sur son maintien au pouvoir ? Il a confirmé que des assises des forces vives désigneront le président de la transition. Ces assises désigneront elles un président civil ou militaire ? Une nouvelle fois, sa réponse a été désarmante : « Je n’ai pas de préférence, cela dépendra de ceux qui participeront à l’exercice, je n’ai pas à intervenir. »
– Sur son maintien à la tête du pays après les assises ? Dans un sourire, Ibrahima Traoré a rétorqué : « Pourquoi continuer, nous ne sommes pas venus pour un but particulier, tout ce qui intéresse une fois que la sécurité sera revenue, c’est le combat pour le développement, le reste ça ne nous concerne pas, on sera là pour donner des idées. »
Une attitude qui, à n’en pas douter, donne des sueurs froides aux juntes malienne et guinéenne qui s’accrochent au pouvoir sans élan ni empathie .
Chapeau l’artiste !
La junte militaire au pouvoir au Burkina renversée par d’autres putschistes