La construction contre productive d’une autoroute à Madagascar

Le développement tel qu’il est envisagé à Madagascar ignore les besoins de la population rurale. Cent organisations ont fait une déclaration, via un communiqué de presse, le 5 mars 2025, demandant au Président Andry Rajoelina de suspendre immédiatement et temporairement le projet d’Autoroute reliant Antananarivo, capitale de Madagascar, à la ville portuaire Toamasina, connu également comme deuxième grande ville du pays.

Ralam Bomamy (correspondance)

La protection de l’environnement et la sécurité alimentaire ignorées

Ce projet présidentiel, dit stratégique, permettra de relier la capitale au plus grand port de la Grande ile en un rien de temps. C’est, en effet, une alternative plus rapide et plus courte à la route nationale 2, soit avec une distance de 110 kilomètres contre 214. Cette voie rapide permettra également de réduire considérablement la durée du trajet à 2 heures et demie si aujourd’hui, il en faut 10h.

Les travaux ont commencé depuis plusieurs mois et le ministère des Travaux publics estime achevé cette année un tronçon de 80 kilomètres dont la moitié a été déjà entièrement terrassée avec une pause de la couche de fondation réalisée.

Le silence des autorités

Bien que le ministère salue les efforts entrepris, une part significative de la population, négativement impactée par ce projet, en fait une critique majeure. Cette dernière, notamment les habitants de la commune d’Ambohimanga laquelle est touchée par le tracé de l’autoroute, précise que le projet a un impact potentiel sur la valeur culturelle du pays et sur le moyen de subsistance de la population. Il faut rappeler que la commune en question abrite le Rova d’Ambohimanga (Palais d’Ambohimanga), un site inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Des cultures et des rizières menacées

Par ailleurs, du point de vue économique, plusieurs hectares de rizières sont aussi menacés par ce projet et les habitants militent actuellement pour une autre orientation afin de minimiser les impacts. Une proposition à laquelle les autorités concernées n’ont pas encore donné de réponse.

Compte tenu d’une communication restreinte de la part des responsables du projet, une centaine d’organisations et de représentants des populations victimes se sont ralliées et ont conjointement signé un communiqué présentant leur préoccupation face au cri d’alarme et de détresse des populations rurales affectées par ce projet de construction d’autoroute. Nombreuses d’entre elles ont été « victimes d’expropriations forcées et abusives, et de destruction soudaine de leurs terres agricoles… sans aucune indemnisation juste et préalable », précise le communiqué.  Une situation qui exposera les victimes à des risques d’insécurité alimentaire aggravée par le non-respect de leurs droits fondamentaux.

En s’adressant au Président de la République, les organisations signataires demandent la suspension immédiate et temporaire des travaux, la publication transparente de tous les documents de tracés officiels, la mise en œuvre effective d’un plan clair de compensation et de réinstallation et le respect des engagements en matière de protection de l’environnement et de sécurité alimentaire. Ils ont également attiré l’attention des partenaires techniques et financiers dont le Fonds Monétaire International, la Banque Arabe pour le Développement Economique en Afrique et autres sur la gravité de la situation.