La prise de l’archipel des Seychelles par les Français 

« La Pierre de La Possession », érigée en 1756 par le capitaine Corneille Nicolas Morphey pour marquer l’appartenance de l’archipel de l’archipel de l’océan Indien au roi Louis XV, a éété réinstallée à Victoria, sur l’île de Mahé. L’original étant au musée, une copie a été dévoilée la semaine dernière. 

Vel MOONIEN 

 

 

 Au cœur de Victoria, sur l’île principale de Mahé, se trouve une petite ruelle nommée La Poudrière, qui a été témoin des premiers pas des Français dans l’archipel. Pour y accéder, il faut prendre la rue de La Possession d’où l’océan venait s’y lover il y a plus de deux siècles. C’est à cet endroit, alors appelé Port Royal, que le capitaine de frégate Corneille Nicolas Morphey a débarqué avec son équipage le 1er novembre 1756. Parti de l’Isle de France (ancien nom de l’île Maurice), il avait pour mission d’ériger La Pierre de La Possession afin de signaler que l’archipel appartient au roi Louis XV. 

La Pierre de La Possession est quasiment tombée dans l’oubli lorsque l’archipel est passé aux mains des Anglais suite à l’Accord de Paris après la prise de l’Isle de France et de l’île Bourbon en 1810. Ironiquement, c’est un Français, Henry Le Frey qui l’a retrouvé parmi un tas de débris à la rue de La Poudrière en 1894. Il a tenté de l’expédier illico presto à Paris, mais informé de ce projet, le chef de police local a réclamé sa restitution au capitaine du ferry sur laquelle elle avait été embarquée. 

La Pierre de La Possession est exposée au Muséum d’histoire naturelle de Victoria, mais un artiste local, James Auguste a eu l’idée de créer une copie conforme. Le mardi 1er novembre dernier, la reproduction a été dévoilée en présence du président Wavel Ramkalawan. James Auguste explique avoir dû consulter des livres d’histoires pour arriver à ce résultat. « Elle nous rappelle notre existence et la détermination de nos ancêtres à forger la nation que nous sommes aujourd’hui », lance David André, secrétaire général de l’Institut des Arts, de la Culture et de l’Histoire. 

« Séchelles », du nom de Jean Moreau de Séchelles, ministre de Louis XV

« Séchelles », du nom de Jean Moreau de Séchelles

Orné de trois fleurs de lys, du cordon de Saint-Esprit et de la couronne royale, La Pierre de La Possession porte également l’inscription « Séchelles », du nom de Jean Moreau de Séchelles, ministre des Finances de Louis XV. Au fil des ans, le nom a été modifié, devant ainsi Seychelles. Avant les Français, des navigateurs arabes, portugais et anglais avaient découvert l’archipel. Le capitaine Lazare de Picault, envoyé par le gouverneur-général des Mascareignes, Bertrand Jean François Mahé de La Bourdonnais, avait débarqué sur l’île principale qu’il baptisa Mahé. 

L’archipel nommé « îles de La Bourdonnais » par Picault fut rebaptisées Séchelles sous le gouverneur-général Charles René Magon de Médine. C’est ce dernier qui chargea le capitaine Corneille Nicolas Morphey d’installer La Pierre de La Possession à Port Royal afin d’ôter l’envie aux Britanniques de s’y installer. Le navire du capitaine Morphey, le « Cerf » donna son nom à l’une des deux îles en face de Mahé. L’autre île « intérieure », Praslin, a été nommée d’après le secrétaire d’État à la Marine de 1766 à 1770, César Gabriel de Choiseul Chevigny, duc de Praslin. 

Le duc de Praslin avait quasiment la même stratégie que Bertrand Jean François Mahé de La Bourdonnais. Il consistait à se servir des Seychelles comme base arrière pour porter secours aux troupes françaises sur la côte de Coromandel ; en Inde, en temps de guerre. L’éminent botaniste Pierre Poivre déléguera l’ancien militaire Antoine Gillot à Mahé pour explorer les terres et identifier des sites propices à de futures plantations. L’une de ses créations, le « Jardin du Roi », existe encore à Anse Royale. 

 

1 COMMENTAIRE

  1. Très bon article de presse historique, qui enseigne un pan de l’histoire africaine, notamment de ce côté de l’océan indien.
    En tant qu’Historien, Sociologue Africain, je dois dire que, s’il faut faire un parallèle historique avec d’autres faits, c’est que cette « Pierre de Possession » des Seychelles, ressemble à la Croix de Padrão que Diego Cão, Navigateur portugais et Ecuyer du roi de son pays João IV, planta avec ses compagnons, en Octobre 1495 lors de son deuxième voyage au Grand et Puissant Royaume du Kongo Dia Ntotila, sur les rives de la rivière Mpozo (nord actuel de l’Angola), non loin du Grand Fleuve Kongo (avec K selon le contexte de cette époque) dans l’ancien Grand et Puissant Royaume Kongo.
    Cette croix aux armoiries de la couronne portugaise avait pour but évidemment comme pour le cas de la « Pierre de Possession » des Seychelles, de marquer ce territoire, pour dire aux potentiels rivaux européens que, cette terre est déjà occupée par le Portugal.
    Sur cette croix dont l’original se trouve au musée, paradoxalement aux Pays-Bas, rires (alors qu’elle allait se trouver naturellement soit au Portugal ou en Angola, meme si évidemment historiquement ça se comprends pour ceux qui savent l’histoire de la présence néerlandaise dans cette partie du continent africain), ont été marqués les écrits suivants en portugais dont je traduis directement et dont on pouvait/peut lire jusqu’à présent: « Ici sont arrivés les navires du très éclairé roi du Portugal, João IV: Diego Cão, et les 3 autres noms de ces compagnons », puisqu’ils étaient 4 portugais durant ce voyage.

    Je parle de cette Croix, car à l’époque étant étudiant en Licence en Histoire, lors de mes débuts dans la recherche justement en Histoire, j’avais l’habitude de publier des articles de presse d’Histoire dans un journal hebdomadaire, en format papier de la place à Brazzaville, intitulé: « Emmanuel » qui accordait une place de choix à des questions d’Histoire, et ainsi parmi les articles de presse historiques publiés, j’avais publié un article de presse sur cette Croix.
    Ainsi je salue le travail de ou des auteurs de cet article sur la « Pierre de Possession » des Seychelles, qui est un travail pour la mémoire collective.

    Ce nom « Seychelles » dont l’origine fut le patronyme d’un ministre, s’inscrit justement dans l’historicité de plusieurs noms des lieux ici et là dans le monde dont au départ ces noms appartenaient aux individus, on peut citer par exemple l’île de Fernando Póo en Guinée Équatoriale, bien que débaptisée aujourd’hui, Fernando Póo étant un navigateur espagnol, ou appelé parfois couramment en Histoire : « explorateur », fut le 1er européen à arriver sur cette île; on peut aussi la Louisiane du nom de Louis XIV, nom qui a été donné, car à l’époque quand les Français arrivent sur cette terre et la demarquent, c’est Louis XIV qui est au trône de France, donc logique royale oblige, ils le font au nom du roi, et ainsi pour lui rendre hommage directement ils donnent son roi de trône à cette terre ( je parle de directement, car d’autres territoires ont été aussi pris par les Français sous Louis XIV en lui rendant hommage naturellement mais pas directement ), etc…

    Enfin pour terminer, pour les intéressés et amoureux d’Histoire (comme justement l’article parle de ça), et d’Anthropologie de la Diaspora Africaine lointaine (partie durant la Traite Négrière) ou des Afrodescendants aux Amériques, et même sur des thèmes sociologiques et anthropologiques, vous pouvez consulter la page principale de mon profil sur la plateforme academia.edu, vous trouverez des travaux scientifiques intéressants, comme l’histoire invisible des Afro-Argentins, des Afro-paraguayens, et des Afro-urugayens, l’histoire occultée des Afro-mexicains, l’histoire de la présence des Bantous originaires d’Afrique Centrale (appelés Loango là-bas du fait qu’ils ont été embarqués par le port de Loango, j’en parle aussi dans mon travail scientifique sur le royaume Loango), dans les bataillons militaires d’indépendance de Simón Bolívar, Héros et Libérateur reconnu par beaucoup, de justement de plus 4 pays hispaniques sous le joug espagnol au XIXè siècle, et bien d’autres sujets interessants, et vous pouvez partager à vos proches intéressés aussi ce lien de profil. Voici alors le lien de la page principale de mon profil où se trouvent mes travaux sur cette plateforme academia.edu: https://ufrrj.academia.edu/SAMBAAxel

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