Les interventions militaires françaises en Afrique restent un des rares domaines aujourd’hui où François Hollande recueille encore l’appui majoritaire de l’opinion publique et l’adhésion de sa majorité. Au nom notamment d’un bilan jugé positif des opérations au Mali et en Centrafrique, deux pays où la France aurait évité la guerre civile et rétabli la démocratie. Seule l’indifférence de la France aux réalités africaines permet la propagation de telles fables.
Devoir accompli
Dans ces deux pays, le pouvoir socialiste aura eu le sentiment du « devoir accompli », selon l’expression utilisée par les conseillers Afrique du chef de l’Etat françai. On se souvient que François Hollande, en se rendant au Mali au terme de l’opération Serval, avait prononcé devant une foule bigarrée et chaleureuse ces paroles définitives : « Je viens de vivre la journée la plus importante de ma vie politique.» Quelle métamorphose de voir le très casanier député de Corrèze transformé en chef de guerre flamboyant8 Quelle victoire surtout pour les militaires français, qui ont vendu au président français l’utilité d’opérations militaires dont ils rêvaient depuis des années.
Rebelote en Centrafrique menacée alors par la guerre civile et où l’armée française vient restaurer un ordre apparent et rétablir, là encore, une démocratie d’opérette.
Les Français dehors!
Pour quel résultat aujourd’hui? Tout comme Nicolas Sarkozy avait chassé Kadhafi du pouvoir en 2011 sans prévoir ni accompagner sa succession, en laissant le chaos s’installer en Libye, la France de Hollande a laissé derrière elle des Etats en faillite et des dirigeants discrédités. Qui aujourd’hui s’en alarme? Le Mali connaît au Nord le même niveau de menace djihadiste qu’en janvier 2013 au moment de l’intervention française. Le pays est gangrené à Bamako même par une insécurité grandissante et des noyaux terroristes. Il est attaqué enfin sur son flanc sud par des groupes armés.
Le tout sur fond d’un sentiment anti français d’une peuple malien qui reproche à la France de ne pas avoir encouragé de solutions politiques viables. Le président « élu » avec l’aide des Français, IBK, a perdu tout crédit. Et si ce n’était la présence permanente de 2000 militaires français sur le sol malien (soit 10000 si ont tient compte du « turn over des effectifs engagés), le Mali partirait en vrille.
En Centrafrique, la France n’a pas fait mieux. Les conflits inter ethniques n’ont jamais cessé et le président « élu » n’a plus de véritable prise sur la situation sauf sur les bakchichs que ses proches touchent sur le moindre contrat.
Peu importe le flacon pourvu que les peuples africains aient l’ivresse, même frelatée, d’un ersatz de démocratie. Caustique, un gradé des services français qui connaît bien le pré carré français africain, résume ainsi les récentes interventions françaises: « En Libye, au Mali et en Centrafrique, c’est comme si nous avions laissé les clés des appartements témoins d’un immeuble encore en construction, pour fuit le plus rapidement possible, avant que le bâtiment entier ne s’effondre. » Comme le note dans le JDD (20/11) Rinaldo Depagne, chercheur à l’International Crisis Group, l’action diplomatique sous Hollande est « revenue aux militaires ». Or ces derniers ont su en 2013 pourchasser quelques centaines de jeunes djihadistes offerts en pâture par les chefs terroristes dans les montagnes du Nord Mali, mais ils n’ont guère su préparer les conditions d’un redressement politique.
Décomplexé ou inconscient, « Papa Hollande » revendique aujourd’hui encore le succès de sa politique africaine. Au point d’imaginer à Bamako en janvier prochain la tenue d’un sommet Afrique France qu’il voit comme une étape vers la reconquête du pouvoir.
Le jour où les soldats français quitteront le Mali, austérité oblige, et où ce pays fatalement s’embrasera, la politique africaine de Français Hollande sera enfin considéréé à sa juste valeur.Juste désastreuse.