Paris et Alger, je t’aime, moi non plus

Dimanche 9 octobre, la première ministre Elisabeth Borne se rendra à Alger en compagnie de 16 ministres de son gouvernement pour concrétiser les accords passé cet été lors de la viste d’Emmanuel Macron en Algérie.

Depuis la réélection d’Emanuel Macron, les deux Présidents Macron et Tebboune ont compris que le contexte régional et international exige plus de pragmatisme. Oubliée la brouille provoquée par le président français, voici un an, par ses confidences hostiles au système politico-militaire algérien accusé d’entretenir une « rente mémorielle ». L’ire du locataire de l’Elysée, confronté à un échec politique face à la junte de Bamako,  avait été provoquée par la découverte qu’Alger autorisait discrètement les mercenaires russes de Wagner à accéder au nord du Mali alors que les troupes françaises opéraient un retrait tactique de leurs bases au Mali. Emmanuel Macron qui croyait, tout comme son désastreux ministre des Affaires Etrangères d’alors, Jean Yves Le Drian, avoir réussi à sous traiter le dossier malien aux Algériens, avait ressenti les discrets arrangements entre Alger et Moscou comme une trahison.

D’où la saillie du Président français contre le pouvoir algérien, relayée par le journal « le Monde », lors d’un déjeuner organisé officiellement pour trouver le chemin d’un apaisement mémoriel entre les deux pays! 

Tourner la page

Dans une logique désormais d’apaisement et avec l’obsession de sécuriser l’approvisionnement gazier des Français, Emmanuel Macron a adressé, le 5 juillet dernier,  un message « d’amitié et de solidarité » à son homologue algérien et au peuple algérien à l’occasion du 60ème anniversaire de l’indépendance, avant de répondre favorablement à l’invitation de se rendre à Alger  a fin du mois d’apout.

L’objectif de la visite ministérielle du 9 octobre est la concrétisation de la « déclaration d’Alger » paraphée à Alger, lors de la dernière visite d’Etat du président Macron le 26 août avec son homologue algérien le président Abdelmadjid Tebboune. Lors de cette visite, des protocoles d’accord ont été signés dans divers secteurs: gaz, visas, coopération sécuritaire au Sahel, et notamment la relance des projets dans le domaine commercial.

De quatre à neuf ministres

Les temps changent. En avril 2à21, Jean Castex, le prédécesseur d’Élisabeth Borne, avait vu annuler sa visite en Algérie à la dernière minute par les décideurs algériens, sous prétexte que la représentation de la délégation française ne soit satisfaisante, avec seulement quatre ministres. Cette fois, ils seront neuf à accompagner la cheffe du gouvernement français

Comment tourner la page après des décennies d’insultes envers la France distillées auprès des jeunes  nourris à la propagande officielle? Comment oublier  les déclarations du ministre du travail, El Hachemi Djaâboub, désignant la France comme « l’ennemi traditionnel et éternel »? Apparemment ni Paris, ni Alger ne s’offusquent de ces relations diplomatiques mouvementées.       

Le contexte de crise planétaire imposée par l’agression Russe sur l’Ukraine et les besoins énergétiques des pays européens a permis de tourner la page.

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