« Nous allons vous rappeler dans la journée. » C’est par ces mots qu’au bureau du nouveau premier ministre français, Édouard Philippe, on répond aux journalistes qui cherchent à savoir qui est responsable de la Francophonie.Une semaine après le remaniement ministériel qui a suivi les élections législatives, personne ne sait encore qui prendra en charge la Francophonie dans le nouveau gouvernement.
À Matignon, il aura fallu quatre heures pour nous dire que la Francophonie était évidemment sous la responsabilité du ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. Mais encore ? Habituellement, dans ce ministère, un secrétariat d’État est attribué à la Francophonie. Mais impossible d’en connaître le titulaire. Impossible aussi de savoir si, comme par le passé, il sera jumelé avec la Coopération internationale.Après quelques heures de recherche, la Délégation des affaires francophones nous a finalement répondu ce qui suit : « Je vous confirme que nous ne sommes pas en mesure de vous indiquer actuellement qui sera en charge de la Francophonie, tant que le décret ne sera pas paru. »
Dans les milieux informés, on évoque le nom de Jean-Baptiste Lemoyne, nommé la semaine dernière secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires étrangères. Contrairement à ce qui a déjà été la pratique, ce sénateur de l’Yonne a été nommé sans attributions précises, pour l’instant du moins. On sait cependant qu’au Sénat, il s’est occupé de la Francophonie et qu’il a été président délégué du groupe d’amitié avec l’Afrique de l’Ouest.
Trois secrétaires d’État en cinq ans
Jusqu’en décembre dernier, c’est le ministre du Développement André Vallini qui avait assumé la responsabilité de la Francophonie pendant une dizaine de mois. Il avait alors remplacé Annick Girardin, qui avait elle-même succédé à Yasmina Benguigui, obligée de quitter ses fonctions pour avoir omis de déclarer à l’impôt une partie de son patrimoine. Trois secrétaires d’État se seront donc succédé en cinq ans. En décembre 2016, André Vallini n’avait pas été remplacé, la fonction avait échu directement au ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius.
En cette période de branle-bas politique, la Francophonie n’est pas le seul domaine sans responsable attitré. Le logement n’a plus de titulaire spécifique et la fonction échoit directement au ministre de la Cohésion des territoires, Jacques Mézard. Dans le milieu des ONG, on s’inquiète aussi de l’absence de responsable du Développement international.
Une question de jours
On se souviendra qu’en campagne présidentielle, Emmanuel Macron s’était distingué à deux reprises en affirmant qu’il n’y avait pas « une culture française » et que « l’art français », il ne l’avait « jamais vu ». Le 24 mars dernier, il avait cependant tweeté : « La francophonie fait la vitalité de notre littérature et de notre langue. »
Sur le site du journal économique Les Échos, Gilles Djerayamane s’est récemment inquiété de l’absence éventuelle d’un secrétaire d’État à la Francophonie. Si la situation devait perdurer, cela risquerait « de décourager les nombreux défenseurs de la Francophonie à travers le monde », écrit-il. Dans une contribution plus récente, il invitait le nouveau président à « réinvestir la Francophonie d’urgence ».
À l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), on nous a déclaré n’avoir « aucune raison de s’inquiéter ». On considère que la nomination d’un secrétaire d’État n’est qu’une question de jours. Et l’on se dit rassuré par les engagements pris par Jean-Yves Le Drian envers l’OIF.