L’ article « Tunisie, des interrogations inquiètes sur le rôle à venir de l’armée » en date du lundi 27 juin 2022 a suscité beaucoup de réaction.
Le point de vue d’un correspondant de notre site depuis quelques années, Ezzeddine Ben Hamida
1/ Une Armée avec un Chef d’Etat-Major : quoi de plus normal ?
Comme vous l’avez souligné, il semblerait en effet que le poste de Chef d’Etat-Major soit vacant depuis un moment. Quoi de plus normal alors pour qu’un pays et son armée se dote d’un Chef d’Etat-Major ? Nous ne comprenons pas pourquoi la promotion du Général Habib DHIF vous a ému à ce point ?
« Le simple fait que le général Dhif puisse être promu à de telles fonctions est interprété comme la volonté de l’institution militaire algérienne de se mettre en état de marche pour jouer un rôle de premier plan dans la nouvelle organisation des Pouvoirs Publics, marquée par l’adoption d’une nouvelle constitution par référendum le 25 juillet. » avez-vous écrit.
Précisons d’abord que le sujet ici porte en l’occurrence sur l’armée tunisienne et non pas sur l’armée algérienne ; une erreur qui montre que l’information n’a pas été vérifiée et traitée avec la rigueur d’usage ! Quel gâchis ! Il nous semble aussi que l’armée française ainsi que toutes les armées du monde connaissent souvent des évolutions pour, comme vous l’avez stipulé, : « se mettre en état de marche pour jouer un rôle de premier plan dans la nouvelle organisation des pouvoirs, (…) ». La géopolitique évolue et les armées avec, n’est-ce pas ? Les guerres qui envahissent nos régions imposent une réadaptation des différents pouvoirs et une modernisation de tous les corps pour une meilleure synergie décisionnelle.
2/ L’armée tunisienne n’est nullement intéressée par le pouvoir
L’armée tunisienne est une armée républicaine qui s’est toujours tenue à l’écart des tiraillements politiques. Nos responsables militaires sont à l’abri de ce que vous appelez «culture de coup d’Etat». Ce type de manœuvre basse est étranger à nos différents corps d’armées. En revanche, les nombreux coups d’Etat ayant eu lieu en Afrique ont très souvent été curieusement soutenus par les politiques français ; le dernier en date est celui de monsieur Mohamed Idriss Déby qui a succédé à son père mort assassiné dans des conditions encore obscures.
L’armée tunisienne, si elle était habitée, comme vous dites, par «la culture de coup d’Etat », elle l’aurait fait en 2013. Elle aurait en effet renversé la table sur tous les pseudo-politiques tunisiens et en prime avec le soutien du peuple. L’année 2013, souvenez-vous puisque vous vous intéressez à ce qui se passe en Tunisie, est une année sombre caractérisée par des assassinats politiques (Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi) et des attentats terroristes ayant visé nos soldats de plein fouet. Notre armée a payé un lourd tribut entre 2012 et 2020, plus de 450 morts.
Il y a donc une erreur d’analyse car les informations dont vous disposez sont erronées. Ceci-dit, je ne mets pas en doute votre désir d’informer et votre volonté de faire correctement votre travail d’information.