« Treize militants de l’Initiative pour la résurgence des abolitionnistes (IRA Mauritanie), le principal mouvement anti esclavage en Mauritanie, ont été détenus au secret pendant trois à treize jours. Pendant leurs gardes à vue, les 13 ont été transférés séparément dans des lieux inconnus, privés de moyens de communication avec leurs proches ou avocats. Ils ont été interrogés la nuit, privés de sommeil, d’accès aux sanitaires, aux douches ainsi qu’à un médecin. Selon les informations reçues, Abdallahi Matallah Seck, Balla Touré, Moussa Biram et Amadou Tidjane Diop ont été victimes d’actes de torture et de mauvais traitements. Pieds et mains liés dans des positions douloureuses pendant des heures, suspendus par des cordes, les menottes trop serrées, Abdallahi Matallah Seck, Balla Touré et Moussa Biram ont été interrogés sur la planification et leur participation aux affrontements du 29 juin. De même, Amadou Tidjane Diop a été déshabillé, insulté, menacé de mort pendant son interrogatoire et s’est vu forcé de manger quelques repas agrémentés de sable sans pouvoir boire de l’eau.
De plus, selon les informations reçues, Amadou Tidjane Diop n’aurait pas eu accès à des soins médicaux nécessaires, et ceci malgré une pathologie cardiaque connue pour laquelle il possède une prescription médicale ainsi que des bulletins de consultation de cardiologie. Ce n’est qu’après sa garde à vue qu’il a pu se rendre à l’hôpital mais les analyses prescrites n’ont toujours pas été réalisées.
Selon nos sources, les commissaires principaux El-Hadi et Ahmed Baba Ahmed Youra, l’inspecteur de police Hassane Samba, les officiers de police Alioune Hassane et Lemrabott, le brigadier chef Didi ainsi que les brigadiers Ould Amar et Oumar Ndiaye auraient participé avec d’autres personnes non identifiées aux actes de torture à l’encontre des militants. De plus, M. Boubacar Ould Messaoud, membre du Mécanisme national de prévention (MNP) et président de l’association SOS-esclave, s’est vu refuser une visite malgré une demande officielle. En outre, les demandes de leurs avocats de faire expertiser les traces visibles des sévices ont été refusées.
Procédures d’exception
Le 12 juillet, le procureur Cheikh Taleb Bouya Ahmed a ouvert une enquête de flagrance et a inculpés les 13 membres de l’IRA-Mauritanie pour « attroupement armé » (article 101 à 105 du Code pénal), « violences à l’égard d’agents de la force publique » (articles 213 et 214 du Code pénal), « rébellion » (article 191 du Code pénal) et « appartenance à une organisation non enregistrée » (articles 3 et 8 de la Loi de 1964 sur les associations). L’affaire a été renvoyée au 3 août 2016 devant la Cour criminelle de Nouakchott Ouest. Le tribunal devrait prochainement autoriser les familles à leur rendre visite pour la première fois depuis leur interpellation. Les 13 sont maintenant détenus à la Maison d’arrêt de Dar Naim.
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