Le président français vient, en rentrant de sa visite en Chine et face à trois journalistes, de se démarquer des positions américaines sur le dossier de Taiwan, alors que cet allié des Américains est encerclé par la flotte chinoise. C’est faire preuve d’une étrange ingratitude et oublier une peu vite ce que les forces armées françaises doivent à l’aide américaine, aussi bien sur le dossier ukrainien que dans les expéditions armées en Afrique
C’est peu dire qu’Emmanuel Macron est frappé d’amnésie. Lorsqu’on s’engage dans un combat contre la Russie, on ne tacle pas son principal allié, à savoir les Etats Unis, qui ont fourni la modeste somme de 35 milliards de dollars d’armements aux Ukrainiens. Bel effort, alors que ce dossier reste malgré tout secondaire pour les Américains obsédés par leur guerre économique avec la Chine.
Que ferait la France et l’Europe face à Poutine sans l’engagement massif des Américains? Le risque n’est-il pas que les Européens se retrouvent, demain, seuls face à la Russie si un changement de majorité politique amenait les Républicains isolationnistes au pouvoir à Washington?
Libye, l’OTAN couvrait Sarkozy
Plus subtilement, des membres du Congrès rappellent ce que l’armée française qui s’engage militairement en Libye comme au Mali, doit aux forces américaines. Marco Rubio, sénateur républicain de Floride et une des personnalités politiques américaines en vue, qui a enregistré une vidéo pour demander aux Européens si le président français parlait en leur nom, souligne l’ingratitude du président français. « En réalité, a-t-il persiflé, quand Macron a joué à la superpuissance et a envoyé des troupes en Afrique du Nord, pour combattre les terroristes, il n’a même pas pu les faire parvenir là-bas, on a dû les transporter par avion à l’aller et au retour. »
L’allusion est claire au soutien apporté par les États Unis à la France lors de l’intervention de cette dernière en 2011 en Libye. C’est bien l’OTAN, avec l’aval américain, qui a décidé, le 22 mars 2011, de lancer l’opération militaire voulue par Nicolas Sarkozy et ses alliés anglais, au prétexte de faire respecter l’embargo sur les armes décidé à l’encontre de la Libye
Les drones américains au Mali
En première ligne dans l’opération militaire dite « Serval » au Mali en 2013, la France a pu égalementcompter sur les drones et les satellites américains, en plus de ses capacités propres de renseignement. Depuis des lustres, les services de renseignements militaires et civils français entretiennent des relations soutenues mais dans la plus grande discrétion avec leurs homologues américains qui se sont toujours montré coopératifs.
Se retour de Chine, où il n’a arraché aucune concession du président chinois, Emmanuel Macron croit pouvoir faire cavalier seul et jongler avec des concepts séduisants d’autonomie stratégique face aux Etats Unis, alors que des manoeuvres navales chinoises encerclant Taiwan, l’allié des Américains. Le président français aura sans doute perdu une bonne occasion de se taire.
L’agenda de l’OTAN au Sahel encouragé par Emmanuel Macron