Luc Nkulula, figure du mouvement citoyen La Lucha en République Démocratique du Congo, est mort dimanche vers 2h00 du matin, brûlé vif dans sa maison du quartier Himbi à Goma. Il avait 33 ans. Jean Chrysostome Kijana, coordinateur de « Tournons la page » en RDC lui rend hommage :
« Loin de nous effrayer, tes meurtriers viennent de nous motiver davantage… »
Cher ami et compagnon de lutte Luc, du moins Lucas comme j’aimais bien t’appeler, nous voici aujourd’hui réunis autour de toi pour te rendre nos derniers hommages et te dire adieu. Qui pouvait y croire ? Mais, hélas telle est malheureusement la réalité et nous n’en pouvons rien.
Faut-il vraiment te pleurer, cher Lucas ? Connaissant tes convictions profondes et ton engagement patriotique et citoyen, je suis sûr et certain que de l’au-delà d’où tu nous regarde fièrement, ta réponse est N.O.N. ! Tu ne nous permets pas de te pleurer. Par contre, en bon motivateur, tu nous encourage de toutes tes forces à poursuivre sans relâche, mais en toute intégrité, ce combat, combien noble pour la libération et le changement dans notre pays. Ce combat que tu as su mener avec intégrité et détermination jusqu’au dernier souffle de ta vie sur terre.
Cher Lucas,
Je refuse donc de te pleurer. Mais, avec tous ces millions de jeunes congolais épris du changement et d’un Congo meilleur, nous te promettons solennellement de poursuivre jusqu’au sacrifice suprême ce combat pour lequel on t’a lâchement et horriblement tué à la fleur de l’âge.
Réjouis-toi, cher Lucas, car ce combat, ton combat, notre combat, nous allons le poursuivre et la victoire est certaine, peu importe le coût que cela vaudra, nous sommes prêts et déterminés à aller jusqu’au bout. Le dernier d’entre nous qui pourra survivre ou même le dernier de nos petits fils sera fier et reconnaissant à cette génération consciente que nous incarnons et qui, au prix d’énormes sacrifices, a refusé de vivre éternellement à genou sous le joug des dirigeants blasés et égoïstes.
Cher Lucas,
En te tuant de la pire des manières, tes tortionnaires, ont pensé nous faire peur et nous faire taire. Certes, les faibles peuvent avoir peur et se désengager, mais, retiens – le bien cher compagnon de lutte, que des braves, il y en a, et ils vont poursuivre cette lutte noble et patriotique.
Au lieu de nous terrifier, avec ton assassinat odieux caché derrière un simulacre d’incendie, ils viennent de nous requinquer dans notre détermination et engagement citoyen pour un Congo meilleur.
Ta mort, cher Lucas est pour nous, une véritable motivation. Que tes sanglants déchantent. Très bientôt nous graverons ton nom en marbre sur le grand monument qui sera érigé en mémoire de toutes ces victimes innocentes de cette tyrannie de mauvais goût. « L’être, comme la race, monte et s’épanouit en feuilles et en fleurs. Pareils aux fruits verts, nous ne serons bons qu’à engraisser le sol, mais ceux qui viendront après nous porteront semence pour la justice et la liberté ». Ton sang de martyr est donc pour nous une sève qui vient nous vivifier et nous redonner plus de motivation et engagement à poursuivre ce combat.
Toutes les fois que nous nous sentirons épuisés, nous penserons à toi, cher Lucas, nous penserons à Rossy Mukendi, nous penserons à tous ces laïcs catholiques, nous penserons à tous ceux qui ont payé de leur vie pour que notre pays ne soit continuellement pris en otage par un groupe de prédateurs sans foi ni loi et qui pensent l’avoir reçu comme un héritage personnel de leurs parents. Ce pays est notre, il est à nous tous. Nous ne le leur abandonnerons jamais et n’abdiquerons jamais avant la victoire finale.
Vas en paix, cher Lucas ! En paix, oui, mais tu le seras plus, le jour où notre combat portera ses fruits avec l’avènement d’un Congo fort, prospère et toujours uni où le congolais sera respecté et recouvrera sa dignité en tant qu’un grand peuple au cœur de l’Afrique.
« Pour le Congo, nous nous battrons, pour le Congo, nous mourons »