Mondafrique (15/09) a raconté récemment comment Lionel Zinsou, l’ancien conseiller de Laurent Fabius puis Premier ministre du Bénin qui a l’oreille d’Emmanuel Macron sur les dossiers africains, a participé à un séminaire gouvernemental à Libreville pour un cachet évalué à plusieurs centaines de milliers d’euros (voir ci dessous). De tels émoluments ont évidemment choqué de nombreux gabonais confrontés à une crise sans précédent. Ils en ont plaisanté sur les réseaux sociaux. Et les voila qui écrivent au ministre français des finances, Bruno Lemaire, l’incitant à la plus grande vigilance afin que le consultant cousu d’or…noir paie au moins ses impôts sur les fonds reçus.
Mais il y a plus grave. Cette participation active à un séminaire gouvernemental gabonais d’un proche de l’Elysée, qui plus est président du Think Tank social-libéral « Terra Nova », ne peut que mettre la diplomatie française en porte à faux alors que le régime gabonais est mis en cause par l’Union Européenne et l’ONU pour la répression sanglante dont ont été victimes les opposants durant la campagne présidentielle de l’été dernier. Et alors que les nervis du régime d’ali Bongo livrent une chasse à l’homme pour retrouver les fonctionnaires qui ont témoigné devant la CPI de l’existence de charniers au Gabon.
« Liberté de parole »!
Mais l’ancien banquier a fait plus fort. Dans un entretien stupéfiant à la presse gouvernementale gabonaise, Lionel Zinsou a fait l’éloge de la gouvernance d’Ali Bongo en des termes que n’aurait pas osé un Robert Bourgi lorsqu’il conseillait le père d’Ali, qu’il n’appelait que « Papa Bongo ». Après avoir déclaré qu’il était « ravi » et « honoré » d’être au Gabon, l’ami Lionel explique qu’il a rarement vu des équipes gouvernementales « avec la liberté de parole » qu’ont les ministres gabonais. Diable! Et de saluer, sous couvert d’un discours technocratique tourné vers la seule économie, « la volonté très ferme » du chef de l’Etat, à qui, explique-t-il, « personne n’a de leçons à donner ».
Alors que le Gabon connait une situation de privation de liberté et d’assassinats politiques, les déclarations d’un Zinsou auront un effet désastreux. L’entretien publié sous un titre flatteur -« Le Président de la République gabonaise a une volonté très ferme »- ne pourra que conforter Ali Bongo dans sa tentative de faire croire à l’opinion que Paris le soutien. Cet été, la présidence gabonaise avait tenté d’instrumentaliser un message parfaitement neutre adressé par Emmanuel Macron à Ali Bongo pour la fête nationale en le présentant comme une manifestation de soutien.
Avec des émissaires officieux ou supposés tels de l’Elysée, le pouvoir français va finir par passer pour l’ultime soutien international d’un Ali Bongo devenu le chef aujourd’hui en costume cravates d’une junte militaire.
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