Le 16 décembre 2023 est jour de l’investiture du président (ré)élu de Madagascar. Mais pour la majorité du peuple et le “collectif des 11 candidats”, ce scrutin est une insulte à la démocratie “vraie”.
En effet, l’élection du 16 novembre 2023 est de facto un déni au peuple malagasy de son droit légitime à la démocratie. Cela est aussi une acceptation de la violation des lois et de la Constitution malagasy dont la stricte application en constitue pourtant le socle. Une première entorse en régime démocratique. Quel pays accepterait la candidature, encore moins l’élection d’un candidat qui n’aurait pas la nationalité du pays alors même que la Constitution et les lois l’interdiraient ?
L’installation du Gouvernement collégial et la destitution du président du Sénat ont sorti Madagascar du cadre constitutionnel. Cette situation a été dénoncée par toutes les forces vives du pays, y compris par les chefs coutumiers de toutes les régions de Madagascar.
En cinq années de pouvoir du régime d’Andry Rajoelina, Madagascar est tombé dans les abysses de la pauvreté (124e sur 125e pays le plus pauvre du monde), enduré l’hyperinflation des P.P.N. (produits de première nécessité), a subi les dénis de justice, a vu le verrouillage de pratiquement toutes les institutions de la République, la mise au pas des syndicats, le non-paiement des salaires des fonctionnaires (forcés d’aider à la propagande du candidat n°3), non-paiement de la bourse des étudiants… La liste est trop longue pour évoquer ici toutes les misères de la population.
Est-il besoin de rappeler que la période préélectorale a été marquée par les violences des forces de l’ordre à l’encontre de manifestants pacifiques, par l’arrestation de simples citoyens, de membres des partis de l’opposition, dont un député et deux candidats à l’élection présidentielle du 16 novembre 2023 ?
Est-il besoin de rappeler que l’un des 11 candidats a dû être évacué à l’étranger suite à ses blessures lors des premiers jours de manifestation? D’où la requête de report des élections auprès de la Haute Cour Constitutionnelle (HCC) qui n’a reculé la date que d’une semaine.
Est-il besoin de rappeler que la HCC, en gardienne juridictionnelle du respect de la Constitution, ne peut s’exonérer ni de son devoir ni de sa compétence à respecter et faire respecter les dispositions édictées dans la Constitution qui est située au sommet de la hiérarchie des normes juridiques, mais que la mainmise d’Andry Rajoelina sur cette instance n’est rien moins que la transgression des lois établis.
Est-il besoin de rappeler que, selon les dispositions des art. 42 et 46 de la Constitution malgache, Andry Rajoelina ne remplit pas les conditions d’éligibilité aux élections présidentielles car de par son acquisition volontaire d’une nationalité étrangère en novembre 2014, il est déchu de sa nationalité malgache. En clair, il ne possède plus qu’une seule nationalité : il est Français.
Autant en 2018 qu’en 2023, des requêtes ont été déposées auprès de la HCC quant à la sincérité des scrutins. On y évoque les multiples irrégularités flagrantes et répétitives, les faits de corruption à l’échelle du pays, les falsifications de la liste électorale (dont l’inscription de dizaine de milliers de mineurs), l’établissement de centaines de bureaux de vote fictifs, l’insécurisation du transport et de manipulation du matériel de vote. Chiffres et lieux ont été livrés auprès des media nationaux et internationaux et via les réseaux sociaux. Des faits avérés, donc, mais ignorés et rejetés par la HCC qui ne fait que donner écho par ses décisions au rendu officiel de la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante), deux instances réputées être à la solde de Andry Rajoelina.
Nous avons du mal à comprendre et à accepter la position des chancelleries et délégations en poste à Madagascar qui entretiennent des relations diplomatiques avec notre pays et le fait qu’ils aient pu avaliser les résultats de cette « simulacre » d’élection.
« Etre président, rappelle le Professeur émérite de droit public Dominique Rousseau, c’est vouloir pour la Nation, c’est incarner la Nation, c’est être au sens fort du terme la Nation. Pour cette haute raison,il est exigé que celui qui va parler au nom de la Nation ait la nationalité de son Pays et aucune autre…Toutes les Constitutions font de la nationalité une condition de l’éligibilité d’un candidat à l’élection présidentielle… »
Cette investiture du 16 décembre 2023 est une imposture. Andry Rajoelina n’a aucune légitimité.
Le 14 décembre 2023
FMMJ : Association de Malgaches unis contre tout abus de pouvoir