Les frappes israéliennes fragilisent un régime iranien affaibli

Israël a annoncé samedi le lancement de « frappes de précision » sur des cibles militaires en Iran, en représailles aux attaques dont il a fait l’objet. Plusieurs détonations ont été entendues aux alentours de Téhéran et les autorités iraniennes pointent des « dégâts limités. » Les frappes infligées à l’Iran pourraient exacerber les divisions au sein de la direction du régime iranien. D’autant plus qu’un accord avec les Américains semblent s’éloigner avec la politique belliciste des Israéiens

Hamid Enayat

 

Un signe parmi d’autres de la fragilité du régime, un groupe d’enseignants des séminaires islamiques ont écrit à l’ayatollah Aarafi, directeur des séminaires religieux, pour qu’il retire l’autorisation d’enseignement aux membres de l’Association de clergé des chercheurs et enseignants: « Avec une immense tristesse, l’Association déviante, dite des chercheurs et enseignants du séminaire de Qom, a reconnu le régime usurpateur sioniste, en contradiction avec le consensus de tous les grands savants religieux, et a, selon eux, proposé une solution pour la paix. » Face à la perspective sombre qui se profile pour le régime, de nombreux cercles de pouvoir semblent déjà s’en démarquer

Selon les révélations du Conseil national de la résistance iranienne, qui se présente comme une alternative démocratique au régime, environ cinq mille personnes sont actuellement en attente d’exécution dans les prisons iraniennes, confinées dans les couloirs de la mort. Ce régime a perpétré le plus grand massacre de prisonniers politiques depuis la Seconde Guerre mondiale : en 1988, trente mille prisonniers politiques ont été exécutés en seulement deux mois. La dictature religieuse détient le record mondial des exécutions par habitant, avec 74 % des exécutions enregistrées dans le monde l’année dernière. Depuis l’arrivée du nouveau président, plus de 359 personnes ont été exécutées.

Le régime, qui se distingue également par sa misogynie, détient le triste record de la répression sanglante des manifestations populaires, avec au moins 1500 jeunes tués lors du soulèvement de novembre 2018, et au moins 750 victimes lors de celui de 2022.

Le bellicisme, bouclier du régime

Khamenei a souvent déclaré : « Si [nos forces par procuration en Syrie] ne luttaient pas, l’ennemi serait déjà à l’intérieur du pays… Si nous ne l’avions pas arrêté, nous aurions dû combattre ici, à Téhéran, à Kermanshah, à Hamedan, et dans d’autres provinces » (journal Tasnim du CGRI, le  5 février 2016). La crainte des dirigeants du régime ne réside pas seulement dans l’éventualité que quelques frappes israéliennes renversent la dictature religieuse, mais aussi dans le risque que le déséquilibre créé ouvre la voie à un soulèvement général. La différence avec les précédents mouvements de protestation est qu’aujourd’hui, des milliers d’unités de résistance, inspirées par le plan en dix points de Maryam Radjavi, la dirigeante de l’opposition iranienne, sont prêtes à transformer toute étincelle en incendie et à mener ce mouvement vers la victoire finale. Ce plan inclut, entre autres, l’égalité entre les sexes, ainsi qu’un Iran sans peine de mort ni armes nucléaires. Dans ce contexte, le spectre de la guerre est indissociable de celui de la chute du régime.

Toutes les politiques bellicistes du régime visent à dissimuler l’ampleur de la répression contre la résistance. C’est pourquoi l’ayatollah Khomeini, fondateur de la République islamique, considérait la guerre comme une « bénédiction divine ».

La survie du régime a toujours reposé sur la répression intérieure, couplée à la guerre et au terrorisme à l’étranger. Jusqu’à présent, cette politique belliciste était menée par des forces par procuration, telles que le Hezbollah, les Houthis, ou encore les milices de Hashd al-Chaabi en Irak. Mais désormais, les bras armés du régime étant affaiblis, l’Iran perd l’un de ses principaux piliers de survie, rapprochant ainsi encore davantage le spectre de la chute.

Un an après le début de cette guerre au Moyen-Orient, il est clair que le dictateur religieux reste le principal instigateur et acteur de la tragédie qui a ravagé la région. Les événements récents donnent raison à la résistance iranienne lorsqu’elle affirme que, tant que ce régime ne sera pas renversé, la guerre et le terrorisme continueront de sévir dans la région. Reconnaître la lutte du peuple iranien contre ce régime et le Corps des Gardiens de la révolution est une condition indispensable pour instaurer la paix et la stabilité dans la région et au-delà.