Syrie, le pied de nez des Arabes à Joe Biden

Les pays arabes réhabilitent la Syrie sans se soucier outre mesure des pressions américaines qui ont tenté de mélanger morale et real-politik. Mais sans beaucoup de résultats

Malgré les objections répétées des États-Unis, les pays arabes sont sur le point de réadmettre la Syrie dans la Ligue arabe. Ils mettent fin ainsi à une décennie d’isolement d’un régime responsable de la mort de plus de 300000 de ses citoyens et de l’exil de millions de Syriens de par le monde. Ayman Safadi, ministre jordanien des Affaires étrangères, a déclaré sur CNN qu’il pensait qu’il y avait aujourd’hui une majorité de voix au sein de la Ligue arabe pour que la Syrie réintègre la communauté des pays arabes.

Toute la question est de savoir si les Etats Unis et les Européens lèveront les sanctions avec lesquelles ils ont cherché à punir le régime.  Les Jordaniens et d’autres pays arabes plaident en faveur de la levée des sanctions pour reconstruire le pays. Mais les Etats Unis ne l’entendent pas de cette oreille.

Le porte-parole adjoint du département d’État américain, Vedant Patel, a clairement indiqué que Washington n’était pas en phase avec de tels plans.  « Les États-Unis ne normaliseront pas les relations avec le régime d’Assad et nous ne soutenons pas non plus les autres qui normalisent avec Damas », a-t-il déclaré lors d’une réunion préparatoire du département d’État à Washington, DC.

La Syrie, narco État

L’argument des États arabes en faveur d’une normalisation n’a rien à voir avec la morale : ils s’effraient que la Syrie se soit transformée en narco-Etat qui inonde leurs citoyens d’amphétamines hautement addictives et bon marché. Faute d’un soutien éclairé de la communauté internationale pour mettre fin à cette nouvelle guerre de l’opium, les États arabes se passent de l’avis des Etats Unis et optent pour une solution régionale.

La recomposition en cours au Moyen Orient – rappelons que l’Arabie Saoudite a quitté le giron américain pour le giron chinois – est opérée par des Etats islamiques qui n’auraient pas bougé le petit doigt il y a quelques années sans le feu vert américain

Bouderies occidentales.

 Les États-Unis protesteront, argumenteront, agiteront l’étendard des droits de l’homme et du citoyen, mais sans s’opposer activement, trop accaparés par l’Ukraine. Ni les Européens, ni les Américains ne suivront les Etats arabes pour  normaliser leurs relations avec Bashar al Assad.  La réconciliation viendra surement un jour, mais pas tout de suite. Morale oblige !

La reconstruction de la Syrie – un pays totalement dévasté et segmenté par une guerre civile – attendra donc quelques années. Ou une ou deux décennies ?