Joël Ravoahangy-Andrianavalona, fils aîné du docteur Joseph Ravoahangy, un des fondateurs du Mouvement démocratique de la rénovation malgache (MDRM), est un des représentants en France du candidat à la présidentielle 2023 Jean-Jacques Ratsietison, président de FMI-Malagasy (Du pouvoir d’achat pour tous les Malgaches), membre du « Collectif des candidats » de Madagascar.
« Un cri jaillit de tous les cœurs d’un peuple qui a été trop patient, pendant trop longtemps. » Ces mots de Martin Luther King résument à eux seuls l’état d’esprit actuel du peuple malgache. Comment dès lors ne pas faire le parallèle entre la marche historique de 1963 sur Washington lorsque le peuple noir américain, pour la première fois, s’est levé pour demander l’abolition de la discrimination et de la ségrégation envers les siens et les marches pacifiques du peuple malgache de ce mois d’octobre 2023, marches initiées par le « Collectif des candidats » à l’élection présidentielle de 2023 à Madagascar, pour réclamer le retour à l’Etat de droit, plusieurs fois bafoué par des coups d’Etat institutionnels, perpétrés par un Gouvernement collégial illégal ?
Ces coups d’Etat institutionnels ont provoqué la création du « Collectif des candidats » qui ont su surmonter leurs divergences politiques pour retrouver l’unité de la Nation malgache. C’est une véritable Renaissance de la Nation malgache, soutenue par une large majorité de la population qui manifeste pacifiquement depuis maintenant quatre semaines, rejointe par une grève des syndicats.
Depuis le 2 octobre 2023 en effet, le « Collectif des candidats », appuyé et suivi par le peuple malgache, descend chaque jour pacifiquement dans la rue pour exiger, en préalable, l’invalidation de la candidature de l’ex-président Andry Rajoelina qui a réussi, en subornant la Haute cour constitutionnelle (HCC), à se porter candidat. Il est de notoriété publique que Andry Rajoelina a une mainmise vraiment immense sur les appareils et institutions de l’Etat (Gouvernement, HCC, CENI…) et l’utilisation des équipements et du personnel administratifs au profit de la candidature du même Andry Rajoelina pose un grave problème, tout comme les décisions de la HCC de valider la nomination du Premier ministre Ntsay pour diriger le « Gouvernement collégial » et la candidature de Andry Rajoelina à la présidentielle de 2023.
Or Andry Rajoelina ne peut se porter candidat car il n’est plus malgache. En demandant et en obtenant une nationalité étrangère en 2014, il a été automatiquement déchu de sa nationalité malgache. Et, sur ce sujet, le Code de nationalité malgache est sans ambiguïté : Pour se présenter à l’élection présidentielle à Madagascar, il faut avoir obligatoirement la nationalité malgache (art. 42).
50 000/60 000 personnes ont assisté à une manifestation populaire qui s’est tenue au Coliseum d’Antsonjombe (Antananarivo) le samedi 21 octobre 2023 et diffusée dans tout le pays pour entendre le « Collectif des candidats de Madagascar » exposer à la Nation ses doléances :
Il faut savoir que les chaînes de TV et radio nationales deviennent des instruments de propagande pour le candidat-président sortant. Autant que les institutions de la République, la plupart de la presse écrite sont verrouillées par Andry Rajoelina avant sa démission de la présidence. Il est à noter que des journalistes qui ont révélé des dossiers de tractations douteuses, des jugements arbitraires… croupissent actuellement en prison dans l’attente de procès qui jusqu’ici ne sont pas à l’ordre du jour de la Justice. Justice presque entièrement vouée au bénéfice de Andry Rajoelina.
Alors les chaînes de l’opposition, TV et radios, ont mis en place de concert un programme quotidien appelé « Angaredona » pour suivre et commenter les événements de cette période préélectorale.
Une plate-forme/réseau fédère les Malgaches de l’Extérieur contre les abus de pouvoir orchestrés par les factions pro-Andry Rajoelina et permet d’informer le groupe sur les actualités et événements au pays. Des comités de Malgaches de l’Extérieur suivent le mouvement au Luxembourg, à New-York, etc. et expriment par des communiqués via les réseaux sociaux leur indignation. En France, à Paris, des rassemblements sont autorisés et organisés chaque samedi, place de la Bastille, pour relayer les points de revendications du « Collectif des candidats ».
L’espoir au bout du tunnel.
Le peuple malgache est majeur. Il le prouve depuis quatre semaines en participant pacifiquement aux marches quotidiennes de soutien aux revendications du « Collectif des candidats », revendications qui ont le soutien de représentants et délégations diplomatiques exprimé dans des communiqués qui rappellent leur attachement aux principes démocratiques en période pré-électorale.
Le peuple malgache est courageux. Il est vent debout avec panache pour réclamer le retour à l’Etat de droit à Madagascar. En effet, c’est une foule immense sans armes que l’on a vu défiler chaque jour, joyeuse et disciplinée, face à la brutalité des gendarmes qui leur lancent des grenades lacrymogènes (4 candidats blessés, dont un gravement, hospitalisé, sans parler des nombreux manifestants touchés et des nourrissons suffoquant sous les gaz), les mêmes gendarmes procédant à des arrestations arbitraires (dont celles du SG du parti TIM et d’autres manifestants). Cette foule reste calme, stoïque et résolue face aux nombreuses provocations de partisans Orange « payés » pour perturber les marches, armés d’armes blanches, qui n’hésitent pas à blesser des manifestants inoffensifs, composés entre autres de personnes âgées, de mères de famille et de petits enfants.
Ces manifestations pacifiques, d’abord organisées dans la capitale Antananarivo, sont relayées dans toutes les régions du pays provoquant l’intervention des forces de l’ordre à des degrés différents de violence envers les manifestants.
Jusqu’où ira la répression?
Ce peuple malgache qui en appelle à la défense de ses droits et qui avance sans crainte avec le « Collectif des candidats » dans la conquête de la justice pour permettre une élection libre, propre et acceptée par tous, impressionne par sa détermination et son pacifisme. Ensemble, ils sont déterminés à continuer à manifester pacifiquement jusqu’à l’obtention de leurs revendications.
Madagascar est en train d’écrire sous nos yeux une page de son histoire…
Joël Ravoahangy-Andrianavalona